Publicité
L'article provient de Salut Bonjour

La santé mentale des entrepreneurs: quand la performance a un prix

Partager

Équipe Salut Bonjour

2025-10-08T16:52:18Z
Partager

Voilà un sujet tabou jusqu’à tout récemment: la santé mentale des entrepreneurs. Et pourtant, ce fléau est malheureusement bien présent dans l’univers entrepreneurial.

• À lire aussi: Nicolas Duvernois débarque pour sa première chronique à Salut Bonjour

• À lire aussi: 11 septembre: comment les attentats ont bouleversé le monde des affaires

On parle de plus en plus de santé mentale, surtout depuis la pandémie. Mais un sujet qui me tient particulièrement à cœur, c’est la santé mentale des entrepreneurs. Les statistiques sont alarmantes: 62% des entrepreneurs ressentent un stress constant et intense, 46% admettent que leur travail affecte négativement leur santé mentale et un entrepreneur sur trois est à risque d’épuisement professionnel.

Sujet très important!

La deuxième cause de mortalité chez les entrepreneurs, c’est le suicide... avant le cancer! Il y a plusieurs choses qui font en sorte que les entrepreneurs sont plus à risque que le reste de la population. Être à la tête d’une entreprise, c’est devoir gérer la pression et le stress au quotidien, la solitude et l’isolement, la pression financière et bien plus! Je le dis souvent, être un entrepreneur c’est de naviguer d’un problème à un autre et malheureusement, on n’a pas de place pour se défouler, pour libérer la pression... Tout est toujours de ta responsabilité.

Publicité

«J’ai besoin d’une pause»

Il y a un an environ, j’ai publié une chronique qui a fait grand bruit dans le journal Les Affaires. Ça s’intitulait «J’ai besoin d’une pause». Ça faisait 15 ans que je roulais à 200km/h, que je multipliais les projets, que je fonçais sans que rien ne m’arrête. Je dirigeais mon entreprise, je me déplaçais très souvent pour rencontrer des partenaires, ouvrir des marchés ou donner des conférences. Dès que j’avais une minute de libre, j’écrivais un livre ou je pensais à développer un autre projet. Pour tout dire, j’étais boulimique de travail... et en plus j’avais la chance d’aimer profondément ce que je faisais. Mais un jour, j’ai été obligé de faire face à la réalité: j’étais épuisé.

Ma chute, du moment où j’ai commencé à dépérir jusqu’au moment où j’ai réalisé que je devais m’arrêter, a duré au moins trois ans! Tout a commencé au début de la pandémie. Avec la fermeture des bureaux et l’adoption du télétravail, j’ai complètement perdu mes repères, mes réflexes. Puis, au fur et à mesure, j’ai essayé de m’adapter maladroitement, mais sans jamais trouver la bonne recette! J’ai même décidé d’écrire un livre sur le télétravail...

Aujourd’hui, avec quelques années de recul, on commence à mieux comprendre comment ce changement drastique d’habitude a affecté plus de monde que l’on pense, non seulement d’un point de vue professionnel, mais d’un point de vue familial. Pendant la pandémie, ma femme était enceinte de notre troisième enfant, notre fille du milieu n’allait plus à la garderie et la plus grande n’allait plus à la maternelle... Donc on était tous à la maison et moi, je me sentais coupable d’être dans le sous-sol en train de travailler pendant que j’entendais la vie en haut!

Publicité

Peu importe ce que je faisais pour m’ajuster, je n’arrivais jamais à retrouver l’énergie, la motivation, le bonheur que j’avais avant de devoir tout changer. Et c’est là que j’ai réalisé que je devais réellement changer quelque chose. C’est comme si tu t’habitues à vivre avec un caillou dans ta chaussure et un jour, tu te réveilles et tu réalises que tu ne peux plus avancer et qu’il faut que tu prennes une décision drastique. Pour moi, ç’a été de prendre une pause de la quasi-totalité de mes activités. Le jeudi 3 octobre 2024, j’ai tout arrêté.

Les symptômes de la guérison

Je ne sais pas si prendre cette décision quand on est chef d’entreprise, c’est courageux, mais c’est ce qu’il fallait faire. Une bonne amie à moi m’avait dit un jour: «Si tu n’as pas le courage de faire quelque chose, c’est simple, fais-le sans courage!» La minute où j’ai pris la décision d’arrêter, je l’ai vu comme le début de la guérison.

C’est drôle, mais en guérissant, j’ai eu plusieurs symptômes. Insomnie, manque de motivation, de concentration, fatigue extrême, impatience, procrastination... Ce n’était pas mon heure de gloire! Ça m’a pris huit mois avant de revenir à mon niveau habituel... mais je suis revenu différemment. Quand j’ai décidé de tout arrêter, je n’avais aucune idée combien de temps serait nécessaire pour revenir à la normale... mais différente. Je continue à faire un long travail sur moi-même. J’ai consulté un psychologue, une ergothérapeute. Je me suis beaucoup reposé, j’ai posé beaucoup de questions... En gros, il fallait que je réapprenne à travailler, à vivre d’une manière plus saine, plus intelligente. J’ai fait un deuil de mon ancienne vie et accepté de commencer une nouvelle vie où je me sens mieux comme entrepreneur et comme papa.

Revoyez sa chronique ci dessus:

• À lire aussi: Nicolas Duvernois débarque pour sa première chronique à Salut Bonjour

• À lire aussi: 11 septembre: comment les attentats ont bouleversé le monde des affaires

Publicité
Publicité