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Culture

Jean-Moïse Martin transforme son TDAH en moteur de création

Les épisodes de la série «Emprises» sont disponibles sur Tou.tv Extra

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Marjolaine Simard

2025-07-17T10:00:00Z
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Jean-Moïse Martin nous entraîne dans les zones grises de son nouveau personnage, Jérôme, dans la nouvelle série Emprises. Derrière ce rôle marquant plus sombre, on découvre un artiste lumineux, amoureux du théâtre et passionné de musique. Originaire de Sherbrooke, il a grandi entouré de femmes et n’a su que très tard qu’il voulait devenir comédien. Depuis sa sortie de l'école en 2006, on a pu le voir dans de nombreuses séries comme Blue Moon, Victor Lessard, Les beaux malaises... Rencontre avec un artiste qui ne tient jamais en place — sauf peut-être sur scène.

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Peux-tu nous parler de ton personnage?

Il s'appelle Jérôme. C’est un restaurateur qui traverse de grosses difficultés financières. Il est au cœur de l’intrigue, presque le moteur de la série. Il partage sa vie avec Raphaëlle, une pharmacienne jouée par Marilyn Castonguay avec qui il semble mener une vie presque parfaite. Et rapidement après le début de l’histoire, tout bascule: il disparaît mystérieusement avec son fils, Olivier (Sam Éloi Girard), à la veille de ses 18 ans. Donc, au départ, on a l’image d’une vie de famille harmonieuse. Mais dès le premier épisode, Raphaëlle rentre chez elle et découvre la maison vide. Ça lance toute l’histoire.

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Comment décrirais-tu la psychologie de Jérôme?

C’est un homme convaincu, presque comme un adepte dans une secte. Ses croyances sont si fortes qu’elles le poussent à poser des gestes radicaux qui chamboulent la vie de ses proches et sa propre vie. On voulait en faire un personnage complexe, pas juste un méchant. C’est un provocateur, oui, mais c'est aussi un bon gars.

On dit que tu as un vrai talent pour le chant. Tu as même remporté la bourse Luc-Plamondon à l'École nationale de théâtre...

La musique a toujours occupé une grande place dans ma vie. Ma mère était une mélomane, même avec trois enfants, elle était toujours à jour sur les nouveautés et elle chantait très bien. À la maison comme à l’école de théâtre, on chantait beaucoup. En 2008, j’étais choriste dans Mutantès, un spectacle de Pierre Lapointe mis en scène par Claude Poissant. Et depuis un moment, j’en parle avec mon agent, j’aimerais vraiment faire une comédie musicale.

Est-ce que tu joues d’un instrument?

Je me débrouille bien à la guitare. Parfois, j’ai l’impression que j’aurais dû être musicien. La musique me calme, m’apaise. Le théâtre, c’est mon métier, mais la musique, c’est mon refuge.

Pourquoi est-ce que la musique te touche autant?

Parce que je peux l’écouter sans la décortiquer. Devant un film ou une série, je reste en mode analyse. Par exemple, si je regarde mon meilleur ami Éric Bruneau qui incarne justement l’enquêteur Robert Trudel dans Emprises, je vais me mettre en mode analyse. Je ne décroche jamais. La musique, elle, me fait simplement du bien. Et j’aimerais toucher à d’autres médias aussi. J’adorerais faire de la radio. Je songe à étendre mes horizons ces temps-ci. À toucher à l'écriture peut-être aussi. 

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Tu es originaire de Sherbrooke...

Oui, mes parents y vivent encore. Je suis l’enfant du milieu, avec deux sœurs. Ma petite sœur est travailleuse sociale et ma grande sœur travaille dans une école secondaire. Elle a eu quatre enfants en six ans, donc je suis devenu l'oncle de plusieurs enfants en très peu de temps! Je ne vois malheureusement pas ma famille souvent à cause de la distance, mais j’étais content de voir que la série Emprises était tournée à Sherbrooke. Ils ont bien capté la ville de mon enfance: le centre-ville, le barrage... La maison de mes parents était située à 15 minutes des lieux du tournage. Ça m’a replongé dans plein de souvenirs.

Avoir grandi entouré de femmes, ça t’a influencé?

C’est sûr. Ma mère était femme au foyer, mon père vétérinaire, souvent absent. J’ai été très influencé par ma mère et mes sœurs. Mes films préférés, c’était Grease, Dirty Dancing, Annie... Je ne veux pas faire de généralité, mais ce sont souvent des choix associés aux filles, mais moi, je capotais. Et je crois que ça m’a donné une certaine sensibilité, une capacité d’écoute, surtout dans mes relations avec les femmes. Ça m’a certainement amené vers le métier que je fais aujourd’hui.

Ton père était vétérinaire. Les animaux étaient-ils très présents dans ta vie?

Ironiquement, non. Ma grande sœur était très allergique. Mais j’accompagnais souvent mon père sur la route, il soignait des vaches et des chevaux dans les fermes. J’ai vu des trucs extraordinaires, comme des naissances de veaux et de poulains. Il venait d’un milieu modeste, mais il était bon à l’école. Il voulait un métier stable et il a choisi la médecine vétérinaire. C’est pour ça que je me demandais ce qu’il allait penser de mon choix de devenir comédien. Pour lui, avoir un métier stable était important. Par bonheur, mes parents m'ont toujours encouragé.

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Comment en es-tu venu au théâtre?

C’est drôle, parce qu’au secondaire, je n’aimais pas le théâtre! Par contre, chaque année, j’écrivais des sketchs, un genre de Bye Bye pour rire de ce qui se passait à l’école. Sur scène, je ressentais un vrai plaisir, un lien avec le public. Mais pour moi, grandir en région faisait en sorte que le théâtre, le cinéma, la télé, c’était loin de moi. Ça n’existait pas. J’ai finalement fait du théâtre amateur vers l’âge de 20 ans, et j’ai eu la piqûre. Je suis entré à l’école assez vieux, à 24 ans.

Tu es heureux d’avoir finalement découvert cette passion?

Oui, parce que je suis très TDAH... surtout très H, hyperactif! Ce métier-là m’oblige à me concentrer, à vivre dans le moment présent. Dans la vie, je n’arrête jamais. Je bouge tout le temps. Je ne suis pas du genre à faire du jogging tous les jours, mais je ne peux pas rester assis sans rien faire. Le théâtre me donne le trac, je trouve ça parfois stressant, mais ça me stimule créativement et ça m’ancre vraiment. C’est bon pour moi!

Rappelle-nous quel projet a lancé ta carrière?

La série Lâcher prise avec Sophie Cadieux. Tout s’est mis à rouler très vite après la diffusion. Et c’était une comédie! J’étais heureux, parce que je pensais que j’allais surtout faire ça à cette époque: des comédies. Finalement, j’ai souvent été choisi pour jouer des méchants... Moi, j’adore la comédie.

On a souvent parlé de ta vie amoureuse dans les médias. De ta relation avec Catherine Proulx-Lemay, à une époque ou avec Ève Pressault, plus récement. Es-tu toujours célibataire?

J’ai pris la décision de ne plus parler de ça. J’ai réalisé que certaines personnes lisaient les entrevues et revenaient là-dessus lors d’une première date... Je trouvais ça un peu étrange. Maintenant, je préfère garder cette partie-là pour moi.

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Tu as des vacances de prévues cet été?

Pas vraiment. Je suis trop occupé. Je tourne dans la série Dumas, dans La vie devant nous avec Adib Alkhalidey pour une série familiale à Télé-Québec, et je devrais aussi jouer dans Le retour d’Anna Brodeur. Aussi, en septembre, je joue dans Les tableaux d’une exécution au Théâtre du Rideau Vert. Ensuite, Le diptyque du fleuve à l’Espace Libre, puis Dracula au Théâtre Denise-Pelletier avec Maxime Denommée. C’est un projet qu’on montait avec Claude Poissant. On avait fait une lecture seulement deux semaines avant son décès.

Comment as-tu vécu le départ de Claude Poissant?

C’est un deuil immense. Claude c’était un pilier du théâtre. Pour moi, c’était un grand ami, un mentor. Il est décédé des suites d’une opération cardiaque qui devait bien se dérouler et il y a eu des complications. Ma mère a subi la même chirurgie il y a deux ans, tout s’était bien passé... Ce fut donc subi. J’ai énormément de peine. L’important, c’est qu’on a décidé d’aller de l’avant malgré son départ pour honorer sa mémoire. On ne sait pas encore qui signera la mise en scène, mais c’est important pour nous de poursuivre son projet.

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