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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Hector Fabre, le 1er représentant du Québec... et du Canada à Paris

Sénateur Hector Fabre
Sénateur Hector Fabre Photo tirée de WIKIMEDIA COMMONS / DOMAINE PUBLIC
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Photo portrait de Normand Lester

Normand Lester

2024-09-22T11:00:00Z
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Un des 11 enfants d’Édouard-Raymond Fabre et de sa femme Luce Perrault, Hector Fabre naît en 1834. Les Fabre sont membres de la bourgeoisie canadienne-française. Son frère aîné, Édouard-Charles, devint le premier archevêque de Montréal et sa sœur Hortense épouse George-Étienne Cartier, l’ancien membre du parti patriote qui deviendra l’un des Pères de la Confédération canadienne en 1867.

Édouard-Raymond possède l’une des librairies les mieux fréquentées de Montréal où se rencontre l’élite nationaliste et patriote, dont Louis-Joseph Papineau, Denis-Benjamin Viger et Ludger Duvernay, fondateur de la Société Saint-Jean-Baptiste. Lors des troubles de 1837-1838, il est emprisonné pour avoir agi comme principal financier du mouvement patriote et conseiller de son ami Papineau. Son beau-frère, Charles-Ovide Perrault, député de Vaudreuil, est tué à la bataille de Saint-Denis. Des évènements qui marqueront Hector Fabre pour la vie.

Élu maire de Montréal en 1849, Édouard-Raymond Fabre doit gérer les suites de l’incendie du parlement de Montréal par les Anglais révoltés des indemnités accordées aux fermiers victimes de la soldatesque britannique du général Colborne.

Édouard-Raymond Fabre
Édouard-Raymond Fabre Photo tirée de WIKIMEDIA COMMONS / DOMAINE PUBLIC

Journaliste, sénateur et diplomate

Hector Fabre rejoint en 1851 l’Institut canadien de Montréal, qui propage les idées politiques du Parti rouge, successeur idéologique des patriotes. Devenu avocat en 1856, il fait partie des dissidents qui quittent l’institut en 1859, alors dénoncé par l’Église pour l’Institut canadien-français, plus avenant pour le clergé.

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Installé à Québec, Fabre fonde à 33 ans, en 1867, son propre journal, l’Événement. Il s’oppose au projet de confédération, mais sa position au sujet de l’avenir du Bas-Canada est ambivalente, hésitant entre l’annexion aux États-Unis et l’indépendance complète. La Confédération, selon lui, a provoqué, entre autres négativités, l’exode d’un grand nombre de Canadiens français vers les États-Unis.

En 1871, il réunit des journalistes pour créer la tribune de la presse du parlement de Québec.

Nommé sénateur par le gouvernement libéral d’Alexander Mackenzie en 1875, Hector Fabre, qui s’est fait confier des mandats liés aux relations France-Canada, s’installe à Paris avec sa femme et son fils Paul. Depuis des années, il faisait la navette entre le Québec et la France, d’où sa femme, Flora Stein, est originaire.

À l’été 1881, alors que le premier ministre du Québec, Joseph-Adolphe Chapleau, s’installe à Paris pour six mois, Hector Fabre conçoit avec lui le projet d’ouvrir un poste permanent de représentant du Québec en France. En 1882, il devient «représentant attitré du gouvernement de Québec pour toutes les négociations qui ressortent des attributions de la province...».

Chapleau convainc Ottawa d’utiliser aussi les services du représentant du Québec à Paris à titre de «commissaire général du Canada». L’ambassadeur britannique à Paris, Richard Lyons, qui y représente aussi le Dominion du Canada, prend ombrage des activités de Fabre. L’historien et prof aux HEC Gérard Parizeau1, le père de Jacques, raconte que la princesse Louise Caroline Alberta, fille de la reine Victoria et épouse du marquis de Lorne, gouverneur général du Canada, écrit à lord Lyons: «Si vous ne voulez pas recevoir le représentant du Canada, recevez au moins mon ami, M. Fabre.» Elle l’avait souvent côtoyé à Ottawa.

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Le Dictionnaire biographique du Canada cite l’historien Robert Rumilly qui dit que Flora Fabre sera «une des plus jolies femmes du corps diplomatique, petite, mais faite à ravir, et gracieuse et mondaine». C’est le Paris de «la Belle Époque».

Princesse Louise Caroline Alberta
Princesse Louise Caroline Alberta Photo des archives provinciales de l’Alberta

Femmes marchant dans le Paris de la Belle Époque – 1908
Femmes marchant dans le Paris de la Belle Époque – 1908 Photo tirée de WIKIMEDIA COMMONS / DOMAINE PUBLIC

Fabre initie les Français au Québec

En 1884, Hector Fabre fonde le journal Paris-Canada, qui sera publié jusqu’en 1909, pour faire connaître aux Français les produits et les occasions d’affaires au Canada. Ses initiatives ont des retombées économiques importantes au Québec. Il participe à la création du Crédit foncier franco-canadien.

Journal Paris-Canada
Journal Paris-Canada Photo fournie par la BANQ

Il doit aussi favoriser le développement des relations culturelles entre les deux pays et accroître considérablement l’immigration française. Il n’y réussira pas: Paris préfère que ses citoyens immigrent vers des colonies françaises plutôt qu’au Canada, une colonie britannique.

Hector Fabre meurt en poste à Paris, le 2 septembre 1910, à l’âge de 76 ans. Il est inhumé au cimetière ancien de Boulogne-Billancourt en banlieue ouest de la capitale française, comme sa femme Flora et son fils Paul.

Plaque apposée au n°6 de la rue Chabanais, Paris 2e, où résida Hector Fabre.
Plaque apposée au n°6 de la rue Chabanais, Paris 2e, où résida Hector Fabre. Photo tirée de WIKIMEDIA COMMONS / DOMAINE PUBLIC

1. La Chronique des Fabre, Montréal, Fides, 1978, 360 p.
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