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L'article provient de Bureau d'enquête

Enquête sur des allégations d’inconduites à l’UPAC: Lafrenière avait peur d’aller «passer la moppe à l’Assemblée nationale»

Photo d'archives, Ben Pelosse
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Photo portrait de Jean-Louis Fortin

Jean-Louis Fortin

2022-05-31T16:38:18Z
2022-06-01T00:59:41Z
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L’ex-patron de l’UPAC Robert Lafrenière était terrifié à l’idée qu’on découvre qu’il avait parlé secrètement à un journaliste de La Presse pour dénoncer la lenteur du travail du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).

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Dans le cadre de son enquête Serment sur les inconduites alléguées de Lafrenière et de ses subalternes, le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) a recueilli le témoignage de Marie-Claude Laberge, qui était avocate à l’UPAC.

Me Laberge a expliqué aux enquêteurs qu’en octobre 2015, Robert Lafrenière lui avait confié qu’il rencontrerait le journaliste de La Presse Denis Lessard pour lui faire part de « son insatisfaction de la vitesse du travail des procureurs ».

Le 22 octobre 2015, le journaliste a effectivement publié un article intitulé « Dépôt d’accusations : l’UPAC s’impatiente ». Le journaliste écrivait être informé de « source sûre » et expliquait qu’« une demi-douzaine d’enquêtes complétées par l’UPAC dorment depuis plusieurs mois au bureau du DPCP ».

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« De ces dossiers, deux touchent le financement du Parti libéral du Québec, les autres sont de ressort municipal ou concernent des contrats publics », poursuivait le journaliste, en décrivant que « l’impatience a atteint un sommet à l’UPAC devant l’inaction inexpliquée de la Couronne dans ces dossiers délicats qui se retrouvent dans les limbes ». 

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une confidence qui rebondit

Trois ans plus tard, après que Robert Lafrenière ait déclenché une enquête pour découvrir l’auteur des fuites de l’UPAC dans les médias (le fameux Projet A), Marie-Claude Laberge a rencontré M. Lafrenière dans le bureau de ce dernier. Le commissaire était alors accompagné de Frédérick Gaudreau, qui était alors commissaire associé aux enquêtes et qui a aujourd’hui succédé à M. Lafrenière comme grand patron de l’UPAC.

L’avocate a alors rappelé à Robert Lafrenière ce qu’il lui avait confié des années auparavant à propos de « la fuite faite à Denis Lessard ».

« Mort » si ça se savait

« Lafrenière a dit que si elle en parlait, il serait bon pour aller passer la moppe à l’Assemblée nationale », écrivent les enquêteurs du projet Serment dans les documents que nous avons consultés.

En d’autres termes, l’avocate a expliqué que Lafrenière « était mort », professionnellement, s’il était révélé publiquement que c’était lui qui avait parlé à Denis Lessard.

« Me Laberge spécifie qu’à voir l’expression faciale de Frédérick Gaudreau, il n’était pas au courant de cette rencontre de Lafrenière avec Lessard », notent également les enquêteurs.

L’avocate a raconté qu’une autre fois, alors qu’elle se trouvait dans son véhicule, le commissaire l’avait appelée, lui demandant si elle était seule, pour savoir si elle avait parlé de sa rencontre avec Denis Lessard avec quelqu’un d’autre. Elle a répondu que non.

Système de fuites contrôlées

Selon la théorie du projet d’enquête Serment, Robert Lafrenière aurait « orchestré un système de fuites contrôlées concernant des enquêtes en cours à l’UPAC dans le but de son renouvellement à titre de commissaire de l’UPAC et de la création de l’UPAC à titre de corps de police spécialisé ».

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