Des prédateurs dans nos écoles: soulagé que sa professeure ne puisse plus faire du mal


Erika Aubin
Un garçon de 12 ans abusé sexuellement par sa prof de confiance pousse un soupir de soulagement depuis qu’elle a pris le chemin de la prison, lui qui espère laisser derrière ces douloureux souvenirs avant sa rentrée au secondaire.
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« La journée où elle est partie en prison, je dansais à l’école. Elle ne pourra plus faire de mal à d’autres enfants », confie la victime de Josianne Lévesque, dont l’identité est protégée par la cour.
La femme de 43 ans a été emmenée en détention en mai dernier, un an après avoir plaidé coupable au palais de justice de Laval. Sa sentence sera toutefois connue en octobre. Celle qui dit être tombée en amour avec le jeune, âgé de 8 ans à l’époque, pourrait écoper jusqu’à six ans de détention.

Celui-ci était dans sa classe au primaire, dans un collège de Montréal, l’année précédant les premiers gestes sexuels.
« Au début, elle disait que j’étais spécial, je trouvais ça cool. J’avais droit à des privilèges comme rester jouer à l’ordinateur pendant les récréations, relate-t-il. Maintenant, je vois que c’était juste me manipuler. »
Les abus se sont ensuite produits dans un contexte de tutorat, pendant 17 mois. Elle lui « a donné un premier bisou » dans le local fermé d’une bibliothèque alors qu’elle devait l’aider à faire ses devoirs, rapporte-t-il.
Garder le secret
« J’ai été surpris, confus. Après dans son auto, elle m’a dit de pas en parler, car elle pouvait aller en prison et tout perdre », se souvient le préadolescent.
Au fil du temps, la pédophile a profité de moments seuls avec lui pour commettre divers gestes sexuels, notamment dans sa voiture, chez elle et même au cinéma.
« Chaque fois, elle me disait qu’elle pouvait aller en prison. En grandissant, j’ai réalisé que si elle avait autant peur de ça, c’est parce qu’elle faisait quelque chose de pas correct », explique-t-il. À 10 ans, il a voulu que tout s’arrête. Un jour, il a donc commencé par dévoiler à sa mère « qu’il n’aimait pas comment Mme L. l’embrassait sur la bouche. »
« Pendant une semaine au compte-gouttes, il m’a tout raconté », explique celle qui a immédiatement cru son enfant.
Il se souvient à quel point il se sentait libre après avoir révélé son lourd secret. « Je sens que je pourrais sauter en bas du Empire State Building avec mes ailes », philosophe le garçon qui entre au secondaire en septembre.
Séquelles
Malgré tout, les séquelles sont encore présentes. Il a réduit le nombre de douches par jour, même s’il en prend encore deux à quatre, en plus de se laver excessivement souvent les mains, car il « se sent parfois sale. »
« Quand je vois des choses qui me font penser à elle, j’ai des flashbacks des abus. C’est difficile de me concentrer en classe ou de jouer avec mes amis comme un enfant normal. Je sais qu’eux n’ont pas ça dans leur tête », ajoute-t-il.
Depuis qu’elle est détenue, au moins, il ne sursaute plus en voyant une voiture grise ou une femme aux longs cheveux châtains.
Le seul moyen d’en finir avec des abus est de dénoncer, lance-t-il comme message aux autres enfants qui pourraient être dans sa situation.
« Il faut le dire à quelqu’un de confiance qui ne te ferait jamais ça. J’ai essayé de le régler tout seul, mais c’est impossible. Et on ne peut pas laisser des adultes pervers faire ça », conclut-il avec courage.
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