Des prédateurs dans nos écoles: les écoles, des lieux d’agressions depuis longtemps

Erika Aubin
Les cas d’enseignants abuseurs se multiplient aujourd’hui devant les tribunaux, mais les agressions commises par des gens en autorité dans des établissements scolaires, en particulier par des religieux, ne datent pas d’hier.
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Un exemple qui a horrifié toute la population du pays est sans contredit les abus physiques et sexuels vécus par plusieurs milliers d’enfants dans les collèges religieux ainsi que les pensionnats destinés à assimiler les peuples autochtones. Il s’agit là d’un sombre pan d’histoire qui a laissé des séquelles tant aux victimes qu’à leur famille.
Dans ces pensionnats, fréquentés par près de 13 000 enfants au Québec, des cas connus d’abus sexuels ont été cachés camouflés et étouffés, dévoile le rapport de la Commission de Vérité et Réconciliation (CVR).
5300 agresseurs présumés
La Commission a trouvé moins de cinquante condamnations découlant de ces abus, mais elle a identifié qu’il y aurait eu 5300 agresseurs présumés dans ces établissements au Canada.
«D’anciens pensionnaires n’ont jamais pu révéler les mauvais traitements par honte, par peur, mais aussi parce qu’ils sont morts [dans ces foyers] ou avant que débute la recherche de victimes. Il y a donc fort à parier que la situation réelle est encore plus grave», souligne Émilie Deschênes, professeure à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue se spécialisant en éducation en contexte autochtone.
La fermeture du dernier pensionnat au Québec remonte à peine à 1991. En rentrant dans leurs communautés, des Autochtones ont ramené avec eux des traumas qu’ils ont transmis à leurs proches et leurs futurs enfants, explique Michael Seto, professeur en psychiatrie à l’Université d’Ottawa.
Un enfant qui a été agressé a davantage de risque de perpétuer le cycle de la violence en devenant abuseur à son tour, cite en exemple le psychologue.
Alcoolisme, toxicomanie, méfiance envers les institutions: de nombreux problèmes sociaux au sein des communautés autochtones découlent de ces abus, estime M. Seto.
Vers la réconciliation
Si la population québécoise n’est pas responsable de ces violences physiques, psychologiques et sexuelles, il est en revanche de son devoir de reconnaître les torts subis pendant de trop nombreuses années par les Autochtones, note-t-on dans la CVR.
«La réconciliation fait partie du processus de guérison et la reconnaissance de la vérité constitue certainement la première étape. Oui, c’est arrivé et il était temps qu’on en parle», soutient Mme Deschênes, également autrice de l’ouvrage Insertion sociale et professionnelle des travailleurs autochtones.
Aussi dans les écoles
En plus des pensionnats, l’Église a longtemps géré des établissements scolaires, permettant à des pédophiles d’abuser de leur position d’autorité. En juin 2020, la Sûreté du Québec a arrêté cinq prêtres et frères des Clercs de Saint-Viateur, qui avaient été responsables de l’enseignement dans plusieurs institutions de la province.
À lui seul, le prêtre Jean Pilon a fait 12 victimes, tous des élèves du secondaire du Collège Bourget, en Montérégie. Avant de prendre le chemin de la prison pour trois ans et demi, certains survivants ont confié au Tribunal les séquelles désastreuses que ses agressions sexuelles ont eues sur leur vie.
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