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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Des prédateurs dans nos écoles: son tuteur lui donnait les réponses en échange de sexe

La victime de Dominic Morvan, condamné à 12 mois de prison à domicile pour exploitation sexuelle, explique comment elle s’est rendu compte des années plus tard qu’elle avait été abusée par son tuteur en mathématiques.
La victime de Dominic Morvan, condamné à 12 mois de prison à domicile pour exploitation sexuelle, explique comment elle s’est rendu compte des années plus tard qu’elle avait été abusée par son tuteur en mathématiques. Photo Chantal Poirier
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Erika Aubin

2022-08-27T04:00:00Z
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Un tuteur en mathématiques a poussé l’odieux jusqu’à fournir les copies des examens à son élève de 17 ans afin d’avoir plus de moments seuls avec elle pour des relations sexuelles.

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« À un moment, il n’y avait plus du tout de cours de maths. Je me suis sentie comme une prostituée, comme si je lui faisais des faveurs en échange des réponses aux examens », se remémore la victime de Dominic Morvan, dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication.  

L’ex-enseignant à l’école secondaire de la Magdeleine, sur la Rive-Sud de Montréal, a écopé en octobre 2021 de 12 mois d’incarcération dans la collectivité pour avoir exploité sexuellement une mineure. 

Au début des années 2000, Morvan, qui avait 26 ans, était son tuteur. Or, au fil des rencontres, qui avaient lieu au domicile de l’élève de 17 ans, le temps consacré aux mathématiques est devenu de plus en plus rare, raconte-t-elle au Journal.

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« Je me suis sentie dégueulasse, comme si j’avais été utilisée. C’est ce qui m’a marquée le plus. Encore aujourd’hui, j’y repense et ça me vire l’estomac à l’envers », confie celle qui est aujourd’hui dans la mi-trentaine.  

La survivante estime qu’à 17 ans, elle était une victime parfaite.

« J’avais un tuteur, car mes parents étaient trop occupés avec le travail. Il avait ma confiance et celle de mes parents. Je n’avais pas beaucoup d’amis, personne à qui me confier et j’étais en amour avec lui. Il le savait. »

Difficile de faire confiance

Il lui a toujours été difficile de faire confiance aux hommes après ces événements, car elle croyait que ceux-ci s’intéressaient à elle « juste pour m’utiliser ». 

Malgré les séquelles psychologiques qu’elle traîne depuis son adolescence, ça lui a pris des années avant de se rendre compte qu’elle avait été exploitée.

« J’ai longtemps cru que j’avais une part de responsabilité, que c’était ma faute si c’était arrivé, car je l’avais séduit. Mais c’était lui l’adulte dans la pièce », s’indigne-t-elle. 

Puis elle est devenue elle-même enseignante d’anglais dans un collège privé, où elle a réalisé qu’il était trop facile de gagner la confiance d’un élève quand on porte le chapeau de professeur.

Incapable de devenir enseignante

« Après un cours, une jeune s’est confiée sur son désir de changer de sexe. Elle ne l’avait jamais dit à personne. Le soir même, j’ai tout réalisé... le pouvoir que j’avais sur la vie [de ces élèves] », explique-t-elle.

Dégoûtée, elle a abandonné sa carrière d’enseignante sans terminer l’année scolaire, car cela lui rappelait trop de souvenirs.

Quelques mois plus tard, elle dénonçait son agresseur après avoir vu par hasard un appel sur les réseaux sociaux d’un corps policier qui cherchait de potentielles victimes de Morvan. Sa plainte est la seule qui a finalement abouti au tribunal.

« C’est un processus qui m’a fait du bien. Tous les mauvais sentiments que j’avais en moi, j’avais le droit de les ressentir », laisse-t-elle tomber.

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