De Dostoïevski à Léa Clermont-Dion en passant par Christian Bobin: l'acteur Hubert Proulx partage ses lectures marquantes


Karine Vilder
Alors qu’il est présentement en tournée au Québec avec sa pièce de théâtre On s’lâche pas!, l’acteur Hubert Proulx a accepté de faire avec nous le tour des livres qu’il a aimés.
Au cours des dernières semaines, quel roman n’avez-vous pas été capable de lâcher?
Un roman de Christian Bobin qui m’a été chaudement recommandé et qui s’intitule La plus que vive. J’ai adoré. Dans ce livre, un homme parle de sa femme décédée et la façon dont il la décrit, c’est tellement beau! Avec tout ce qu’on vit en ce moment, ça donne de l’espoir dans l’humanité.

Et à part celui-là, quel autre livre avez-vous adoré?
J’ai beaucoup aimé Les pénitences d’Alex Viens. J’ai aimé son univers assez trash, voire déglingué, tout comme j’ai aimé le personnage épouvantable du père, un vieux punk colérique qui n’a pas été tendre envers ses filles. En tout cas, l’histoire est venue me chercher.

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Est-ce qu’il y en a aussi eu un qui a réussi à vous émouvoir?
Oui, Le roi-soleil de Marie-Ève Cotton. Ce livre-là m’a vraiment ébranlé. Ça parle d’une femme qui a des problèmes psychiatriques et qui a tué son propre enfant. Ça m’a choqué dans mes valeurs. Mais c’est une bonne histoire parce que le sujet est abordé avec une grande complexité. Et puis aussi, c’est magnifiquement écrit.

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Quels sont les livres que vous pensez avoir le plus aimés dans votre vie?
J’en ai trois: La vie devant soi de Romain Gary, Le petit prince d’Antoine de Saint-Exupéry et L’idiot de Fédor Dostoïevski. Dans ces trois romans, les protagonistes sont des personnages purs qui n’arrivent pas à se faire comprendre des autres. Cette recherche de la pureté m’a marqué et ces trois livres m’ont appelé à réfléchir beaucoup dans ma vie.
J’ai lu L’idiot vers l’âge de 15 ans et c’est là que j’ai compris l’universalité qui m’a fait sortir de ma rive sud de Québec pour devenir un artiste. Tout est possible.

Y a-t-il un ouvrage dont vous ne pourriez pas vous passer?
Le recueil de poèmes Sudbury du franco-ontarien Patrice Desbiens. C’est un livre plein de contradictions. C’est à la fois cru, tendre et dur.
Lorsque je suis bloqué quand j’écris, je lis des poèmes de Patrice Desbiens. Ça m’aide à me recentrer sur l’essentiel, à me reconnecter à mon authenticité.

À un moment ou à un autre de votre vie, un livre a-t-il déjà été particulièrement important ou précieux pour vous?
À la suite du suicide de Jean-Sébastien Larouche l’an dernier, je me suis mis à le lire. Avant qu’le char de mon corps se mette à capoter [de Jean-Sébastien Larouche] est un recueil de poèmes très important pour moi et il occupe une place à part dans ma bibliothèque. Ce qui est beau en poésie, c’est qu’on va à l’essentiel, que tout y est très concentré, et maintenant je le lis avec un autre point de vue. J’y vois encore plus de profondeur.

Quel livre comptez-vous lire sous peu?
J’ai entendu parler du livre Presse-jus de Valérie Chevalier et Matthieu Simard. Je n’en sais pas grand-chose à part que ça serait une relation épistolaire entre quelqu’un qui va écrire au père Noël et la personne bénévole qui va lui répondre. Ça m’intrigue.

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Avant de terminer, vous pouvez nous parler d’un livre qui vous a surpris, voire troublé?
Moi ça a été le livre Porter plainte de Léa Clermont-Dion. C’est toute la démarche face à la violence sexuelle qu’elle a vécue, toute la gestion de la culpabilité qu’elle a ressentie et tout le courage que ça lui a pris pour écrire ce livre-là. Ça me trouble parce qu’il y a beaucoup de violence sexuelle dans notre société, et qu’on conseille souvent aux gens de se taire. J’ai du mal à le comprendre et ça vient me chercher.

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