Dans l’ombre de Trump, un choc historique à finir entre Carney et Poilievre

Guillaume St-Pierre – analyse
OTTAWA | Malgré les bourdes, les controverses et une campagne sans éclat, le chef du Parti libéral du Canada, Mark Carney, tient toujours debout dans le ring en maintenant son avance deux jours avant le scrutin.
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C’était la grande question de ces élections : est-ce qu’un banquier sans expérience politique peut survivre à une campagne électorale contre des adversaires aguerris ?
L’apprenti politicien n’a pas trébuché de manière à se disqualifier lui-même pour le poste de premier ministre qu’il occupe déjà.
Cela étant dit, Mark Carney doit avoir hâte que la cloche du dernier round sonne pour mettre fin au combat, avant qu’un imprévu vienne perturber la campagne et avec les sondages qui se resserrent légèrement.
La campagne électorale qui s’achève met en scène un choc au sommet entre le Parti libéral (PLC) et le Parti conservateur du Canada (PCC) comme on en a rarement vu dans notre histoire, sauf au Québec, où le Bloc Québécois continue de se battre pour conserver ses acquis.
Mais dans le reste du pays, le ballon du Nouveau Parti démocratique (NPD) s’est tragiquement dégonflé de sorte que même le siège de son chef, Jagmeet Singh, serait en danger en Colombie-Britannique.
Résultat : une course à deux historique entre libéraux et conservateurs, qui se partagent quelque 80 % des intentions de vote, une première depuis 1958.
Il faut dire que le PLC s’est choisi un chef qui lui permettait de marquer une cassure avec l’ère Trudeau.
Merci aux États-Unis
On peut difficilement confondre Mark Carney avec son prédécesseur, même si les deux hommes s’avèrent tout aussi dépensiers.
Un chef, aussi, dont le CV correspond aux exigences du moment, en ces temps économiques troubles.
Quel coup de chance pour un parti qui croupissait dans les bas-fonds y a quelques mois à peine !
Si Mark Carney sort vainqueur lundi soir, il devra une fière chandelle à Donald Trump.
Le facteur Trump n’est évidemment pas à négliger, mais force est de constater que le chef conservateur, lui, n’a pas su rassurer pour lui permettre de s’imposer clairement comme le choix naturel après 10 ans de règne libéral.
En cette fin de campagne, le parti diffuse des publicités qui cachent son chef.
Le mouvement Poilievre
Avec environ 38 % des intentions de vote, Pierre Poilievre réussit tout de même là où plusieurs de ses prédécesseurs ont échoué. La taille de ses rassemblements a de quoi impressionner. Les conservateurs représentent plus qu’un parti, mais un mouvement sous M. Poilievre.
Le problème est qu’il existe une puissante vague contraire qui jette un important bassin d’électeurs dans les bras de Mark Carney.
Les sondages sont clairs : Poilievre est perçu par un bon nombre de Canadiens comme un mini-Trump, l’ennemi juré du moment. Le chef conservateur a cherché à s’en détacher durant la campagne le temps d’une chanson, notamment en débats. Pour le reste, il a repris ses plus grands succès en décrivant un monde apocalyptique sous les libéraux.
En cette fin de campagne, il mise tout sur son appel au changement dans l’espoir de court-circuiter le facteur Trump.
Le Bloc résistera-t-il ?
Face aux menaces économiques et annexionnistes américaines, le Bloc Québécois a peiné durant cette campagne à trouver sa place au soleil.
Il semble toutefois retrouver un peu de vigueur au moment où le fil d’arrivée approche, face à un Mark Carney qui peine à exprimer des idées complexes en français et dont la connaissance du Québec est limitée.
Yves-François Blanchet s’est montré bon joueur en acceptant de jouer dans Équipe Canada, tout en se faisant le défenseur des secteurs économiques québécois.
Cette stratégie de coopération plutôt que d’affrontement avec Ottawa lui permet de recycler le bon vieux message bloquiste de la défense des intérêts de la nation au moment où les Québécois se magasinent un premier ministre.
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