Couronné grand gagnant de «MasterChef Québec», Samuel fait fondre sa mère en larmes
Marjolaine Simard
Samuel Boisvert vient d’être couronné grand gagnant de la troisième saison de MasterChef Québec. Passionné de cuisine depuis l’enfance et amoureux du terroir québécois, il revient sur le parcours culinaire intense et empreint d’émotions qui l’a mené jusqu’à la victoire. Il raconte surtout l’appui indéfectible de ses parents — et plus particulièrement de sa mère, celle qui lui a transmis l’amour de la table. Voici le récit sincère d’un homme au grand cœur qui n’aurait jamais osé rêver aller aussi loin.
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Samuel, lors du défi qui t’a mené à la victoire, tu étais heureux de faire honneur à la Gaspésie...
Souvent, on pense que je viens de la Gaspésie parce que j’en parle beaucoup, mais non. J’y ai habité quelques années. J’étais gérant de bar et mixologue à La Maison du pêcheur à Percé, parce qu’à l’époque, je sortais avec une fille de Grande-Rivière. J’y ai passé trois étés, même des bouts en hiver. Je suis tombé amoureux de cette région, mais mes vraies racines sont à Valcourt.


Qu’est-ce qui t’a tant marqué là-bas?
En Gaspésie, j’ai réalisé l’ampleur des ingrédients du Québec. Les gens mettent vraiment leur héritage culinaire de l’avant. Tout le monde prend le terroir à cœur dans les microbrasseries et les restos, même dans les boutiques. Je me suis mis à faire des recherches, à parler avec des cueilleurs, des entreprises locales... J’ai viré complètement fou! (rires) Je créais des cocktails uniquement avec des ingrédients du Québec. C’est comme ça que j’ai plongé autant dans l’univers gastronomique.

Ta famille était présente à la finale. On sent que ça comptait beaucoup pour toi...
Énormément. Ma mère, Louise, surtout. Elle m’a vu grandir en écoutant des émissions de cuisine. Moi, déjà quand j'étais haut comme trois pommes, je ne voulais pas regarder Bob l’éponge, mais des émissions culinaires. Même si on n’avait pas toujours les moyens, maman m’achetait des ingrédients plus chers parce qu’elle savait que ça me passionnait. Elle a nourri ma passion. Quand elle a su que je participais à MasterChef, elle était tellement fière. Pour elle, c’était comme voir son petit gars réaliser quelque chose qu’elle savait en lui depuis toujours.


Tu as eu l’occasion de cuisiner avec ton frère Francis pendant la saison...
Cuisiner avec lui, ç’a été un moment très touchant. J’ai aussi deux demi-sœurs, Ariel et Molly, car ma mère est avec mon beau-père depuis que j’ai trois ans, et lui, il avait des jumelles de mon âge. On a grandi ensemble. Elles sont comme mes sœurs.

Ta passion pour la cuisine vient beaucoup de ta mère, mais aussi, d’une autre façon, de ton père...
Avec ma mère, la cuisine était un véritable rituel. Elle avait appris énormément de la mère de mon père, qui l’avait prise sous son aile et lui avait même confié des recettes qu’elle n’avait jamais données à ses propres filles. Ce n’était pas une famille riche. Mon grand-père paternel était bûcheron. Mais la nourriture et les grandes tablées étaient au cœur de leur vie. Ma mère a recréé cette chaleur-là à la maison. Après l’école, on préparait le souper ensemble. Mon père, Michel, m’a amené vers autre chose: mes premières expériences de haute gastronomie. Comme homme d’affaires, il sortait souvent au restaurant, et j’ai découvert cet univers avec lui. J’étais difficile, et il me poussait à goûter. Il m’a appris qu’un goût, ça se développe.


Tu as d’ailleurs cuisiné le poulet à la king en cours de saison en pensant à ton père...
Mon père cuisinait peu, mais quand il le faisait, c’était souvent le poulet à la king. C’était notre moment ensemble.
Qu’est-ce qui t’a décidé à t’inscrire à MasterChef, après plusieurs hésitations?
Ma mère me disait toujours que je devais m’inscrire. Que je serais bon. Mais j’avais une peur terrible de ne pas être à la hauteur. Ce n’était pas les caméras qui me faisaient peur, c’était la performance. Les deux premières années de MasterChef Québec, j’ai rempli le formulaire... sans jamais l’envoyer. La troisième année, la dernière journée de l’inscription, j’ai cliqué sur «Envoyer» en me disant: «Advienne que pourra!»
Parle-nous d’un moment particulièrement marquant de ta saison...
C’est arrivé lorsque j’ai présenté mon deuxième plat qui mettait les produits du Québec à l’honneur au juge invité Andy Allen, de MasterChef Australie. Je suis le parcours tellement inspirant de cet homme qui était électricien et qui a tout abandonné pour vivre sa passion. Mon moment marquant est survenu quand il m’a dit que c’était pour goûter ce genre de plat qu’il était venu et qu’il m’a même conseillé d’aller me faire la main avec un chef renommé parce que j’avais un réel talent.


Et évidemment, ta victoire doit être un moment immense...
Ç’a été clairement le point culminant de ma saison. Je ne pensais jamais me rendre en finale. J’ai gagné contre Charlotte, mais on est restés extrêmement proches. Depuis la fin de l’aventure, on se parle presque tous les jours. Je ressors de MasterChef avec une confiance décuplée et une gang d’amis pour la vie!

Que fais-tu dans la vie lorsque tu ne cuisines pas?
Je travaille pour Leucan. Je m’occupe du développement des affaires pour nos événements majeurs et, en parallèle, j’agis comme stratège en marketing numérique. Mon rôle est de trouver de nouveaux donateurs, surtout chez les plus jeunes, en utilisant les plateformes où ils se trouvent, comme TikTok, Instagram et d’autres outils numériques.

Quels sont tes rêves pour l’avenir?
Comme je l’ai dit lors du défi sur nos rêves, j’aimerais un jour ouvrir un petit resto cocktails et tapas. Un endroit ouvert trois mois l’été, à Percé, avec une trentaine de places, en bord de mer. J’aimerais aussi créer une ligne de produits qui mettent en valeur notre terroir. Et pourquoi pas publier un livre qui présente les ingrédients d’ici, avec des recettes pour mieux comprendre comment les apprêter? Ce serait vraiment ça, mes grands rêves.

Charlotte Verdier n’avait jamais regardé MasterChef avant de tenter sa chance. Ce qui ne devait être qu’un simple défi s’est transformé en une aventure inespérée qui a bouleversé son parcours. Même si elle a frôlé la victoire, la jeune cuistot en herbe repart comblée, fière de son parcours et heureuse de voir son grand ami triompher lors de cette troisième saison de la compétition culinaire.
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Charlotte, tu as vécu toute une aventure! D’abord, qu’est-ce qui t’a poussée à t’inscrire à MasterChef?
C'est un défi lancé par mes amis! Je ne savais même pas que MasterChef existait au Québec. Je n’avais jamais regardé l’émission, je ne connaissais pas les boîtes mystères, rien. Un soir, mes amis m’ont dit: «T’es pas game!» J’adore me challenger, et la cuisine fait partie de mes passions. Alors, je me suis dit: «Pourquoi pas?» Et puis c’était un moment particulier de ma vie. Je venais de quitter mon emploi et aussi de me séparer. J’étais en pleine remise en question. C’était un gros nouveau départ, et l’émission MasterChef est arrivée comme une parenthèse inattendue.

Avant ces grands changements, dans quel domaine travaillais-tu?
J’étais marketing manager dans une entreprise d’intelligence artificielle. J’aimais certains aspects de ce travail, mais je ne m’épanouissais pas dans un cadre de 9 à 5. Je viens d’une famille d’entrepreneurs, et l’envie de bâtir mes propres projets me titillait depuis longtemps.
Comment la cuisine est-elle entrée dans ta vie?
Il y avait un terreau fertile dans ma famille. Mes parents m’ont toujours fait découvrir des produits, des restaurants, mais je ne cuisinais pas vraiment. C’est en arrivant à Montréal pour mes études que tout a commencé. J’étais loin de ma famille et je voulais bien manger. Alors, j’ai appris! Je cherchais, je testais. Quand on est loin de la maison, on aime célébrer les fêtes avec nos amis expatriés, et les fêtes comme Pâques, Noël, les gros repas, c’était chez moi. Être loin m’a donné le goût de rassembler les gens autour de la table.

Tu viens de l’île de Ré en France, c’est bien ça?
Oui. Je suis arrivée ici à 18 ans. Ça fait maintenant huit ans que je vis au Québec, mais je retourne souvent en France, parce que j’ai lancé un projet avec mon père qui s’appelle Fleur Cognac. Il s’agit d’une liqueur de cognac qu’on développe avec des producteurs de cette région. Un jour, j’aimerais l’importer ici. C’est vraiment un projet familial qui me tient à cœur.

Ta famille est d’ailleurs venue te voir lors de l’émission. Ça avait l’air très émouvant...
Tellement! Ma grand-mère Marie-Thérèse, mon grand-père Jacques et ma petite sœur Agathe, qui cuisine d’ailleurs aussi très bien, ont pris l’avion, alors qu’ils ne savaient même pas que je faisais l’émission! Je leur ai écrit seulement quand j’ai décroché ma place en finale. On est très proches, et les voir là, c’était incroyable. Ma grand-mère a énormément compté dans mon amour de la cuisine. C’est elle qui m’a appris le risotto et le foie gras poêlé. J’ai pu refaire ces recettes dans l’émission et les gagner!

Dans l’émission, tu as aussi cuisiné avec ton meilleur ami, Simon...
Oui, et c’était très drôle! D’abord, parce que c’est lui qui m’a parlé le premier. Sans lui, je ne me serais jamais inscrite. Ce qui est amusant, c’est qu’il ne cuisine absolument pas! Chez lui, il n’y a même pas de beurre. Mais dans la vie, il travaille dans le luxe comme concierge privé; il a un sens du détail incroyable. Il m’a vraiment impressionnée.
Parle-nous d’un moment où quelque chose a changé pour toi pendant la compétition...
Le premier défi restaurant. Notre équipe, on était comme les underdogs. Louis nous a fait un discours hyper puissant. Il nous a dit: «Je vous ai choisis parce que vous êtes meilleurs que moi.» Ça nous a soudés, il y a eu une entraide folle, et quand on a gagné... j’ai compris que j’étais peut-être plus solide que je le pensais. Un autre moment important, c’est le défi de dimanche, avec Andy Allen. Mon plat représentait tout ce que j’aime: les œufs, l’espuma, la fraîcheur. Je me suis sentie compétitive pour la première fois. Et les commentaires d’Andy m’ont bouleversée.

Justement, comment décrirais-tu ta relation avec les juges, Stefano et Martin?
Leurs commentaires étaient toujours justes. Avec Martin, il y a eu une connexion particulière. J’avais l’impression qu’il me comprenait tout de suite. Stefano aussi m’a beaucoup apporté, mais Martin avait un côté très protecteur que j’ai vraiment aimé.

Venons-en à la finale. Comment as-tu vécu ce grand moment?
C’était intense, beau, stressant... Tout en même temps! Comme nous disait le chef invité Andy Allen: rendu là, tout le monde cuisine bien. J’ai dû gérer mon stress, les caméras, le temps qui file. J’étais fière de mon entrée. Pour le plat, j’ai eu un doute. Je me demandais pourquoi j’avais choisi des raviolis alors que je n’en fais presque jamais... Mais bon, j’y suis allée avec mon intuition. En fin de compte, même si Sam a gagné, j’ai vécu quelque chose d’unique. Je n’échangerais cette expérience pour rien au monde.