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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Affinités entre conspirationnistes et antiavortements

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Photo portrait de Nora T. Lamontagne

Nora T. Lamontagne

2022-06-30T04:00:00Z
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Des militants antiavortement et des conspirationnistes du Québec ont profité de la crise sanitaire pour se rapprocher, autant en ligne que sur le terrain.

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«C’est intéressant de voir ces liens-là. Au final, de désinformer sur la COVID ou l’avortement, on n’est pas très loin», observe Véronique Pronovost, une doctorante en sociologie qui s’intéresse aux groupes antiavortements.

Il faut savoir que le mouvement complotiste compte parmi ses rangs une branche «spirituelle et religieuse», selon une analyse d’un centre d’expertise sur la radicalisation.

«Les pro-vie sont habitués à être ostracisés pour leur point de vue, alors on pourrait s’attendre qu’ils soient les premiers à dénoncer une nouvelle arnaque», affirme Georges Buscemi, président de l’organisme chrétien et antiavortement Campagne Québec-Vie.

Le vaccin contre la COVID est particulièrement dans la mire des organismes comme le sien, qui soulignent qu'il a été créé à partir de cellules d’un foetus avorté dans les années 70.

L’Agence Science-Presse précise toutefois que ce sont les lointaines descendantes de ces cellules, cultivées en laboratoire, qui sont utilisées dans de nombreux médicaments et vaccins aujourd’hui. Même le Vatican a assuré qu’il était moralement acceptable pour les catholiques de se faire vacciner.

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Malgré son aversion pour le vaccin, Georges Buscemi, président de Campagne Québec-Vie, insiste que son organisme n’a jamais officiellement pris part aux manifestations contre les mesures sanitaires.

«Mais plusieurs de nos connaissances et moi-même avons participé à titre personnel», précise-t-il, en se dissociant de la frange libertarienne du mouvement complotiste. Cette dernière s'est entre autres approprié le slogan pro-choix «Mon corps, mon choix», pour protester contre le passeport vaccinal. 

Vice et versa

Mais ce sont aussi des figures de proue du mouvement conspirationniste qui remettent publiquement en question l’interruption volontaire de grossesse.

André Pitre, qui relaie des théories du complot, a déjà réalisé une entrevue avec Georges Buscemi pour «réfuter tour à tour [...] tous les arguments pro-avortement, », lit-on dans la description de la vidéo, qui a été retirée de YouTube.

Le studio de M. Pitre a aussi servi à filmer des capsules pro-vie par le passé.

Amélie Paul, autre membre de la mouvance conspirationniste, a aussi suggéré aux femmes enceintes de donner leur bébé en adoption plutôt que d’avorter, dans un récent tweet.

«Beaucoup de gens stériles [à cause du vaccin contre la COVID] auront désespérément besoin d'un accès facile et abordable à l'adoption!», se justifie-t-elle, citant des informations démenties maintes fois.

Mme Paul a refusé notre demande d’entrevue et M. Pitre n’y a pas donné suite.

Si ces rapprochements entre opposants aux mesures sanitaires et à l’avortement sont aussi présents en France ou aux États-Unis, la chercheuse Véronique Pronovost croit qu’il sera nécessaire de mieux étudier le phénomène au Québec.

– Avec Maude Boutet

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