Vous ne devinerez jamais le métier parallèle de Félix-Antoine Duval
«Le dernier des monstres» est disponible sur illico+
Marjolaine Simard
Félix-Antoine Duval incarne un vrai méchant dans Le dernier des monstres, sur illico+, mais il s’apprête à nous montrer une tout autre facette de son talent dans la comédie romantique Annie & Joey, qui sera présentée en 2026 à Série Plus. Dans cette série, son personnage de Joey nous promet un amour atypique avec la pétillante Annie, et on parie qu’on va craquer pour ce nouveau duo romantique. À l’occasion du lancement de Corus, nous avons rencontré ce Beauceron de cœur, passionné par Jackie Chan, qui exerce un second métier qui va vous surprendre.
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Qu’est-ce que ça change pour toi d’incarner un jeune homme amoureux dans une comédie romantique?
Ça fait très différent pour moi. Je me sens un peu à découvert, sans grands drames derrière lesquels me cacher. Ce sera un défi de me voir à l’écran comme «le gars amoureux» d’une comédie romantique. Quand j’étais à l’option théâtre, à Lionel-Groulx — où j’ai obtenu mon diplôme, en 2013 —, on me reprochait d’être trop propre. Aujourd’hui, mon mandat, c’est d’assumer d’être ce gars propre, le beau garçon amoureux. C’est une série légère et lumineuse. Julie Hivon, l’auteure et réalisatrice, a même insisté pour que les costumes soient colorés, à l’image de la série, et surtout du personnage d’Annie. Ça va être visuellement très cool et vraiment joyeux.

Ton personnage va vivre une histoire d’amour pas comme les autres...
Oui, il tombe amoureux d’Annie, une jeune femme neurodivergente atteinte de dyspraxie, une condition qui touche son langage et sa coordination. Annie a développé mille petits trucs pour se fondre dans la masse, alors Joey ne s’en rend pas compte immédiatement. Il sent qu’il y a un décalage, mais ça l’intrigue. Il va la trouver un peu space, mais surtout attachante et rafraîchissante. Joey, quant à lui, je dirais que c'est un vieux vingtenaire qui retourne aux études en technique ambulancière, car il veut faire quelque chose de sa vie. Il est un peu dans cette phase lorsqu’il va rencontrer Annie.
Annie est interprétée par Romane Lefebvre. Vous connaissiez-vous avant d’être réunis pour cette production?
Non, pas du tout. Ce qui est intéressant, c’est que l’agence d’artiste de Romane fermait quand on a été jumelés. Comme elle n’avait plus d’agence, elle s’est jointe à la mienne, qui organisait un week-end dans une maison de campagne. Romane était de la partie, et ce fut le meilleur week-end de notre été. On commence les tournages cet automne, donc, même si on ne se connaît pas beaucoup, on a déjà développé une belle chimie.
Peu de gens le savent, mais tu as complété un cours de cascades. Tu as même participé à plusieurs productions cinématographiques comme Moonfall, Midway... Est-ce qu’on peut dire que tu es aussi un cascadeur?
À mes heures, oui. Mais dans le milieu, on considère vraiment quelqu’un comme cascadeur quand il a cumulé une dizaine de grosses expériences. Moi, je suis rendu à un point où les coordonnateurs me connaissent bien et savent ce que je peux faire. Et ça, c’est une belle reconnaissance. Je n’ai pas poussé cette carrière autant que j’aurais pu, parce que mon travail comme comédien roule très bien. Mais je n’ai pas dit mon dernier mot de ce côté-là.

Justement, dans la série Le dernier des monstres, on te découvre dans un rôle beaucoup plus sombre, où tu as proposé de manier l’art de l’épée. Tu as mis ton talent de cascadeur à l’épreuve, en quelque sorte...
J’y incarne le frère Baptiste Lesage, un vrai pas fin. C’était la première fois que je travaillais à l’épée et c’est une grande fierté d’avoir maîtrisé ça. Je suis vraiment content du résultat. Et la cerise sur le gâteau, c’est que c’est moi qui ai réussi à convaincre la production de me laisser tourner un vrai duel avec le comédien Thomas Boonen.
Qu’est-ce qui pousse un enfant de la Beauce à devenir comédien et à se passionner pour les cascades?
Tout part de Jackie Chan. Quand je l’ai vu à la télé, à l’âge de six ans, j’ai eu une révélation. Je me suis dit: «Je vais devenir acteur, comme lui.» Depuis, je n’ai jamais décroché, ni de lui ni de son univers. Il est très important pour moi. C’est lui qui m’a donné le goût de bouger, de travailler avec mon corps.
Et il paraît que tu as eu la chance de le rencontrer en vrai...
Oui! Vers neuf ans, j’ai appris qu’il allait venir à Montréal pour le Festival des films du monde. J’ai dit à ma mère: «Hey, on doit y aller, Montréal, c’est moins loin que Hong Kong!» J’ai passé l’été à leur casser les oreilles avec ça. Le 1er septembre 2001, je n’oublierai jamais cette date. Ce jour-là, ma mère travaillait, alors il n’était pas question d’aller à Montréal. Alors qu’elle se préparait à partir pour le travail, je me suis assis sur le comptoir de la salle de bains et je lui ai lancé, avec le regard fixé vers le vide: «Ton rêve détruit le mien!» C’était probablement ma première performance d’acteur. (rires) Quelques heures plus tard, on était sur l’autoroute 20 en direction de Montréal. C’était ma deuxième visite dans la grande métropole, une journée épique.
Et tu as finalement réussi à le rencontrer...
Rendus sur place, on est partis à la recherche de Jackie Chan. C’était hasardeux. À un moment donné, mon père l’a aperçu et m’a tiré par le bras. Le temps s’est arrêté. J’avais l’impression que Dieu se matérialisait devant moi. Mais j’ai quand même réussi à prendre une photo avec lui, malgré ses gardes du corps. Aujourd’hui encore, je garde cette photo en tout temps dans mon protecteur de cellulaire. Sinon, je dirais que mon père a aussi influencé mon désir de travailler avec mon corps.
Comment t’a-t-il influencé?
Mon père est physiothérapeute. Toute mon enfance, il s’est assuré que je grandisse bien, que je me tienne droit. Et puis, je viens de la Beauce, un territoire très concret, très irrégulier. En jouant dehors, tu apprends à composer avec le terrain. Tu tombes, mais tu ne te fais pas mal, parce qu’au lieu de t’écraser, tu roules. C’est comme ça que j’ai développé très tôt mon rapport au mouvement et à l’espace.
As-tu des frères et sœurs?
Oui, j’ai une sœur plus jeune. Elle a suivi les traces de mon père en devenant physiothérapeute et ostéopathe, et elle vient d’ouvrir deux cliniques, à Victoriaville et Plessisville. Ma mère, elle, est pharmacienne. Toute ma famille gravite donc autour du milieu de la santé.

Tu as incarné un berger dans le film Bergers, de Sophie Deraspe. Est-ce que ça t’a donné le goût d’élever des moutons?
J’ai eu ma dose! (rires) J’ai découvert un univers extraordinaire! Si je fais le métier de comédien, c’est exactement pour des expériences comme celle-là. On a tourné dans le sud de la France, et plus mon travail me fait voyager, mieux c’est. Le seul petit bémol à cet amour du voyage... c’est mon bilan carbone. J’ai compris la crise climatique quand j’avais 11 ans. Si je n’étais pas devenu acteur, je me serais sans doute dirigé vers le milieu de l’environnement.
En même temps, le tournage de Bergers t’a plongé dans des paysages exceptionnels...
Oui, c’était formidable. On tournait dans des endroits paradisiaques où on ne se lassait jamais de regarder autour de nous. La Provence, avec Arles, Saint-Rémy-de-Provence, Saint-Martin-de-Crau, puis des petites communes comme Majastres... Et on a terminé en Savoie, au cœur des Alpes. C’était grandiose.
Avec ce film-là, tu t’es justement retrouvé au pays de ton idole au Festival du film de Shanghai...
Imaginez, j’étais au pays de Jackie Chan! J’ai regardé le film entouré du public chinois. J’étais curieux de voir ses réactions. Puis, au générique de fin, sur la musique de Philippe Brault et avec les applaudissements de la foule, j’ai eu une énorme émotion. Lorsque je suis monté sur scène, j’ai dit au micro, aux compatriotes de mon idole: «C’est un grand moment pour moi, parce que j’ai voulu devenir acteur quand j’ai vu Jackie Chan à la télé.» À ce moment-là, j’ai réalisé que je vivais exactement le genre de moment dont je rêvais enfant. Et ça, c’est précieux.