Voici le projet que Guylaine Tremblay ne pouvait pas refuser
Samuel Pradier
Le spectacle de la Fête nationale du Québec à Montréal aura attendu sa 191e édition pour enfin avoir une femme à l’animation. Guylaine Tremblay ne pouvait refuser cette proposition, même si son agenda est actuellement pas mal chargé.
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Être la première femme à l’animation du spectacle de la Fête nationale du Québec à Montréal est un honneur pour Guylaine Tremblay. «J’étais très surprise quand on m’a dit que c’était la première fois qu’une femme allait animer. J’ai envie de dire: “Il était temps!” Ça me rend très heureuse, et ça me touche beaucoup parce que, pour moi, la fête de la Saint-Jean a toujours été une fête rassembleuse, où tout le monde peut se rejoindre, peu importe d'où on vient. C’est pour moi la fête de tous ceux et celles qui habitent le Québec.» Elle confie avoir souvent assisté au spectacle de la Saint-Jean, et quand elle ne peut pas, elle l’écoute à la télévision. «C'est une belle fête pleine d'amour et de bienveillance. C'est justement le thème cette année. On veut vraiment souligner le fait de se dire qu'on s'aime tous ensemble, parce que c'est aussi le 50e anniversaire de chansons de Vigneault, Gens du pays.»
Guylaine Tremblay se souvient parfaitement des images du spectacle de la fête nationale de 1975, lorsque cette chanson a été interprétée pour la première fois devant public. «Je me souviens très bien quand Yvon Deschamps a dit à Gilles Vigneault: “Est-ce que ça veut dire que, dorénavant, on va avoir une façon bien à nous de se chanter bonne fête?” Ç’avait été quelque chose d'extraordinaire. Je me souviens de la joie des gens de se dire qu’on peut souligner l'anniversaire de quelqu'un en chantant: “C'est à ton tour de te laisser parler d'amour”...»
Un mandat important
Son objectif à l’animation de cette grande soirée est que les gens se sentent interpellés par les chansons, et que ce soit une grande fête rassembleuse. «La fête nationale, ça concerne tout le monde. C’est important qu’il y ait des artistes de toutes les origines, parce que c’est ça, le Québec d’aujourd’hui: un Québec d’inclusion et d’accueil. Je suis ravie de ça.»
Guylaine Tremblay s’est d’autant plus impliquée que ce mandat arrive immédiatement après la création de la pièce Janette, de Rebecca Desrape, sur la vie de Janette Bertrand. «J’ai l’impression que c’est comme une suite logique. J’ai joué une femme déterminante dans l’histoire du Québec, et je suis une femme qui va animer pour la première fois le spectacle de la fête nationale. Je trouve qu’il y a un lien fort.»
Cette animation arrive entre deux gros projets de théâtre de la comédienne, qui vient de terminer les représentations de Janette et qui va débuter celles de Fallait pas dire ça, avec Denis Bouchard. «On a commencé les répétitions depuis très longtemps. Si on venait tout juste de commencer, ça aurait été un peu problématique. Denis est un grand complice. On se comprend et on se complète. C'est facile de travailler ensemble, donc je pouvais me le permettre. Mais j’ai envie de dire qu’animer la fête nationale, ça ne se refuse pas. C'est une fête formidable, et je suis sûre que les gens vont vraiment apprécier le spectacle avec des artistes de toutes les générations et toutes les origines. C’est quand même un plus pour moi parce que, tout ce qui nous rend heureux, tous nos autres projets en profitent par la suite.»
Un été entre amis
Guylaine Tremblay et Denis Bouchard vont passer l’été sur les planches dans la pièce Fallait pas dire ça, qu’ils ont adapté et qu’ils mettent en scène ensemble. «Ça va vraiment être chouette parce que c’est une pièce dans laquelle les gens vont pouvoir reconnaitre des dynamiques de couple qu’ils connaissent. Ce sont deux personnages avec des personnalités extrêmement différentes l’une de l’autre et qui s’aiment beaucoup par ailleurs. Mais ça crée des discussions, des questionnements et c’est aussi très drôle. De mon côté, rejouer avec Denis, c’est un grand bonheur.»

Les représentations de la pièce sont prévues jusqu’en 2026, alors que Guylaine Tremblay va reprendre, en même temps, la pièce Janette en supplémentaire. À certaines dates, la comédienne va jouer les deux pièces en alternance dans la même semaine. «C’est assez exceptionnel qu’on fasse ça, mais c’est un bon exercice pour la mémoire et pour se garder jeune! Si on met les deux pièces ensemble, c’est plus de 300 pages de textes à savoir.»
En fait, il n’était pas prévu que la comédienne joue Janette à l’automne, mais vu l’immense succès, des supplémentaires ont été rajoutées, alors qu’elle avait déjà son horaire pour son autre projet.
Une œuvre magistrale
Dans Janette, Guylaine Tremblay est tout à fait incroyable. Elle donne corps et vie à cette femme qui a traversé le siècle en brisant les tabous et en faisant évoluer la société comme personne. «La pièce est aussi un résumé des 100 dernières années, et c’est pour ça, selon moi, que ce spectacle touche autant les gens. C’est comme un cours intensif de l’histoire du Québec, grâce à la plume de Rebecca Desrape et, surtout, grâce à Janette Bertrand.»
Les plus vieux sont touchés parce qu’ils ont connu la femme et ses émissions mythiques, mais les plus jeunes sont aussi interpellés. «C’est ce qui m’a bouleversée, de voir des jeunes extrêmement touchés parce qu’ils ne connaissaient pas cette femme, ils ne connaissaient pas non plus ses luttes et ses batailles. Et à la fin, je m’adresse directement à eux, à la jeunesse et à l’avenir. J’espère qu’on va jouer cette pièce encore longtemps, parce que c’est un hommage mérité.»
La famille
Alors qu’elle enchaîne les représentations au théâtre depuis le début de l’année, Guylaine Tremblay nous confirme qu’elle n’a aucun tournage à la télévision prévu dans les prochaines semaines. «Le théâtre demande beaucoup plus de rigueur. Il faut être en forme, en santé, et se garder de l’énergie pour le soir. Ça fait que je suis très sage.»
Par contre, il y a une chose à laquelle elle ne déroge pas: le temps passé avec sa petite-fille, qui aura trois ans le 6 septembre prochain. «Je m’arrange pour aller la chercher à la garderie et passer deux ou trois heures avec elle. Voir ma famille est essentiel pour moi, sinon je ne pourrais pas fonctionner, j’aurais l’impression de faire du travail à la chaîne. Et ce n’est vraiment pas ce que je veux dans la vie. Mais dans notre métier, on a des périodes très occupées, suivies de phases plus tranquilles. De novembre à février derniers, je n’ai pas travaillé. Mais là, je suis dans un rush.»