Villages fantômes du Québec: un village fermé qui a de l’avenir en Gaspésie

Nelson Sergerie
Même s’il a été fermé en 1971, le village de Saint-Octave-de-l’Avenir, qui se redéploie sous la forme d’un site récréotouristique à quelque 20 km au sud de Cap-Chat, en Gaspésie, demeure «vivant» et pourrait même voir son économie «se développer».
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Saint-Octave, comme l’appellent les locaux, est né dans la foulée du retour à la terre durant la Grande Dépression des années 1930. Il a compté jusqu’à 1200 personnes.
Il a été fermé par le Bureau d’aménagement de l’Est-du-Québec, à une époque où d’autres communautés connaissaient le même sort afin d’amener les populations vers des agglomérations plus importantes. Les municipalités de Cap-Chat et de Sainte-Anne-des-Monts étaient ciblées pour les relocaliser.
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«De toutes les paroisses qui ont fermé, c’est la seule qui est restée. Saint-Paulin, Saint-Thomas, Sacré-Cœur [en Gaspésie] ont toutes été rasées», mentionne Clovis Roy, 82 ans. Ce dernier était président de la communauté qui relevait du ministère de la Colonisation au moment de sa fermeture.
L’église, l’école et le presbytère transformé en auberge sont restés debout, dans ce qui est maintenant un territoire non organisé de la MRC de la Haute-Gaspésie.

«En 1970, on avait rencontré [Robert] Bourassa [premier ministre à l’époque] à son bureau. Il nous avait promis des offres. La première année, il en est parti 12 [avec des sommes de 7500$ à 12 000$]. Les autres sont partis avec rien», se remémore M. Roy.
Une grande famille
Le village était bien pourvu: magasin coop, détaillant de meubles, station-service, caisse populaire, théâtre et autres commodités.
«Si je compare avec nos enfants, on avait beaucoup plus de liberté. Les parents nous faisaient confiance. On disait [qu’]on avait notre ange gardien», commente Pierrette Amyot, en se rappelant la vie à Saint-Octave.

Puis, des années après la fermeture, les Forces armées canadiennes en ont fait un camp d’entraînement dans les années 1980. Avec les cadets de la marine et de l’armée, elles ont occupé le village. L’endroit fut aussi un lieu de grands festivals de musique folklorique.
Depuis 2013, des promoteurs ont construit une auberge moderne dans l’ancien presbytère rénové et agrandi afin de développer un volet récréotouristique, une activité bien vue par les anciens résidents qui y voient la continuité du lieu qui les a vus grandir. Les dirigeants du Village Grande Nature Chic-Chocs, situé à même le village historique, souhaitent aussi rénover l’église et l’école pour poursuivre leur développement.
«Plus il y a d’activités, plus on va générer de l’intérêt», estime le directeur adjoint du Village Grande Nature Chic-Chocs, Guy Lemire.
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