Villages fantômes du Québec: disparu après la mort de son fondateur


Daniel Deslauriers
Un petit village de la Montérégie en plein essor au début des années 1800 a disparu peu de temps après la mort tragique de son fondateur, mort foudroyé dans sa maison.
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À quatre kilomètres à vol d’oiseau de Saint-Anicet, en Montérégie, reposent les vestiges d’un ancien village écossais baptisé Godmanchester, aussi appelé Rivière-La Guerre en référence au cours d’eau qui le sillonne.
La rivière a elle-même pris son nom de François Benoît dit Laguerre, un exploitant en ressources forestières qui a œuvré dans la région au tournant du XIXe siècle.

La courte histoire de ce petit village, à ne pas confondre avec l’actuel village de Godmanchester situé à une quinzaine de kilomètres à l’est près de Huntingdon, débute vers 1820, alors qu’Alexander McBain s’y installe et invite ses compatriotes d’origine écossaise de Glengarry, dans le Haut-Canada, à venir le rejoindre.
En 1823, McBain ouvre un magasin général. Puis, une première église en bois est érigée la même année. Un peu plus tard, en 1829, deux autres magasins généraux, un bureau de poste, un presbytère et même une première école seront construits à Godmanchester. Au plus fort de son développement, vers 1830, le village aurait compté 16 familles et 82 résidents.
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«Durant les décennies 1820 et 1830, le village de Godmanchester se veut la seule agglomération du canton. Commerçants, artisans et travailleurs saisonniers se concentrent dans ce hameau», souligne Philippe Decloître, coauteur du livre Saint-Anicet d’hier à aujourd’hui.
«On y vient de près, mais d’aussi loin que Dundee et Hinchinbrooke [deux localités de la région un peu plus éloignées, NDLR] pour y vendre de la potasse ou l’échanger contre des biens de consommation courante», poursuit-il.
Frappé par la foudre
Les choses se gâtent, au début de 1830, avec le décès accidentel de M. McBain, frappé par la foudre dans sa maison. Sa disparition entraînera la fermeture de son magasin général et l’arrêt des activités forestières.
D’autres facteurs ont aussi cependant contribué au déclin de la communauté. «L’épuisement des réserves de pin et de chêne du canton et l’avènement des premiers bateaux à vapeur ont empêché progressivement l’approvisionnement du village», explique le président de la Société historique de Saint-Anicet, Luc Quenneville.

À cela s’ajoutent les inondations récurrentes des parties basses du village. Et puis, vers 1838, le nouveau village de Saint-Anicet, avec ses magasins généraux et ses quais, profite du transport par bateau à vapeur pour assurer son développement, grâce à son emplacement en bordure du fleuve.
De nos jours, le village de Godmanchester n’est plus qu’un souvenir. Sur place, on peut voir les ruines d’une église presbytérienne construite entre 1847 et 1850. Ses murs ont été solidifiés pour la sauver de l’oubli. L’ancien presbytère, érigé de l’autre côté de la rivière, a été démoli l’an dernier. Dans le cimetière, près de l’église, reposent une centaine d’anciens habitants de l’endroit.
Pour le reste, ceux qui cherchent bien peuvent observer, ici et là, quelques fondations de commerces et de maisons. Mais sinon, plus rien.
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