Val Saint-Côme et Mikaël Kingsbury sur la même page ce week-end
Le champion du monde et meneur au classement général préfère la piste cette année

François-David Rouleau
SAINT-CÔME | Quand il avait quitté la montagne l’an dernier avec une 13e place en simple et une victoire en duel, Mikaël Kingsbury n’était pas satisfait. Parmi les raisons: la configuration et l’état de la piste. Cette fois, à l’aube du week-end de course devant les siens, le Roi des bosses se dit «satisfait» que la station de ski et lui soient sur la même page.
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«La piste est belle et me plaît beaucoup cette année. Elle est plus dure et mieux bâtie pour mon style», note celui qui cherchera à signer ses 5e et 6e victoires de la saison afin de porter son total à 96 en carrière.

Ce qu’il importe de savoir, c’est que Mik préfère les parcours avec des bosses plus courtes, un bon rythme et de bonnes transitions. De longues et grosses bosses ne l’avantagent pas.
L’an passé, bien que les organisateurs aient tenté d’écouter ses demandes et celles de l’entraîneur de l’équipe, Michel Hamelin pour préparer la piste, ils n’ont pas été en mesure de livrer exactement ce qui était souhaité.
Beaucoup de neige
Pour la simple et bonne raison, entre autres, que Steve Demers et son adjoint Luc Vigeant n’avaient pas prévu des chutes de neige avoisinant près de 100 centimètres au total. De pareilles conditions avantagent les grands et lourds skieurs. Tout le contraire de Kingsbury.
«La piste était déjà construite et nous avions reçu deux grosses tempêtes de neige, se rappellent-ils. On doit s’adapter aux conditions, mais les bosses étaient évidemment plus grosses.»

En fin de saison, quand le Globe de cristal lui a glissé des mains au classement général, il avait encerclé l’arrêt dans Lanaudière où il s’était tiré dans le pied avec ses performances.
«Je n’avais pas eu l’avantage du terrain chez moi. Quand on course au Japon, la piste est construite pour Ikuma [Horishima] et c’est la même chose en Suède. Elle est préparée pour Walter [Wallberg]. Ça n’a aucun bon sens, car Walter dérive toujours vers la droite et c’est exactement le dessin des lignes.
«J’avais gagné le duel l’an dernier ici à St-Côme, mais j’étais resté amer de mon week-end. C’était en quelque sorte la course la plus difficile de la saison», admet Kingsbury tout en sachant très bien que l’équipe de piste fait son possible.
Du gros boulot
Préparer la «Alex Bilodeau» pour accueillir le circuit de la Coupe du monde n’est pas une mince affaire. Les organisateurs travaillent en collaboration avec la station de ski qui fournit l’équipement, dont deux dameuses spéciales.
Étroite, la piste demande aussi une attention particulière pour l’enneigement qui frôle une épaisseur de 10 pieds. Au total, avant de former les bosses, elle nécessite huit jours de travail, expliquent Demers et Vigeant.
Ils s’attaquent ensuite aux bosses avec une précision quasi chirurgicale sur un dénivelé d’environ 345 mètres et un impressionnant degré d’inclinaison. Ils forment cinq lignes sur lesquelles ils déroulent un ruban coloré selon l’intervalle des bosses. Ils plantent ensuite les poteaux pour marquer les amas de neige à la manière d’un drapeau à damier.
La dameuse forme ensuite les lignes de bosses. L’équipe de piste comptant une quinzaine de personnes accomplit ensuite le reste de la besogne avec leurs skis et leurs outils.
Quant aux sauts, ils sont bâtis avec de la neige compactée sur des panneaux. Ils les bichonnent par la suite selon les spécifications précises, au pic et à la pelle.

Comme s’il était dessiné à la main depuis le seuil de la piste, le parcours compte finalement cinq lignes d’une trentaine de bosses et deux séries de huit sauts.
«On essaie de suivre les demandes des athlètes et des entraîneurs, mais ce n’est pas toujours possible. On a les normes de la Fédération internationale de ski (FIS) à respecter et des limites du terrain.»
Cette fois, ils ont misé juste. Dame Nature a coopéré et tout le monde est heureux.