Attaque de l'Halloween: des victimes ont d'abord cru à une blague
Les survivants de la tuerie de l’Halloween ont raconté leur calvaire mardi au procès de l’assaillant Carl Girouard

Nicolas Saillant
Les victimes qui ont survécu aux coups de sabre de Carl Girouard le 31 octobre 2020 ont tout d’abord cru à une blague lorsqu’un homme déguisé en samouraï s’est approché d’eux pour les attaquer le soir de l’Halloween.
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Après une pause de cinq jours liée à la COVID, le procès de celui qui a tué deux personnes dans le Vieux-Québec a pu reprendre devant 11 jurés, mardi, au palais de justice de Québec.

Rémy Bélanger, la première victime survivante de l’assaillant, a décrit ce qui s’est passé juste devant le Château Frontenac alors qu’il faisait une simple marche après une journée passée à l’intérieur.
Ce musicien se souvient d’avoir vu un homme se diriger vers lui, déguisé et muni d’une épée, mais croyait alors à une épouvante d’Halloween. « J’ai pensé qu’il faisait une blague, qu’il voulait m’écœurer. J’ai ignoré la patente », a-t-il relaté.
M. Bélanger a décrit avec calme et précision comment il a reçu un premier coup de sabre directement sur la tête.
Il a aussi indiqué qu’il avait aperçu son index au sol et eu la lucidité de le récupérer avant de courir vers la fontaine de la place d’Armes, où il a cru que c’était la fin. « Est-ce qu’il va m’achever là ? », a-t-il témoigné.
L’accusé s’en est plutôt pris à François Duchesne, qui prenait une photo.
Un témoin oculaire a affirmé avoir vu l’accusé sauter vers l’homme de 61 ans et lui transpercer le corps de son sabre.

« Je lui ai souri »
Traversant la rue du Trésor, Carl Girouard a ensuite croisé Pierre Lagrevol et Lisa Mahmoud, deux amis français, sur la rue de Buade.
L’assaillant est passé entre eux, l’air « très serein » selon M. Lagrevol.
« Je lui ai souri en passant parce que j’étais maquillée ce soir-là », a témoigné Mme Mahmoud, qui a ensuite reçu 13 coups de sabre.
Cette dernière croit avoir été sauvée par son « gros manteau d’hiver ». D’autant que l’accusé de 26 ans a tenté de « l’embrocher » par le ventre, la forçant à mettre sa main gauche sur l’arme tranchante pour éviter le coup.
Déclaration à glacer le sang
C’est ensuite le procureur Pierre-Alexandre Bernard qui a lu la déclaration à glacer le sang que Jacques Fortin, le conjoint de la deuxième victime décédée, Suzanne Clermont, a faite aux policiers.
Alors que la femme de 61 ans était allée fumer une cigarette, M. Fortin a été alerté par les jappements inhabituels du chien et s’est précipité dehors où il a vu sa conjointe au sol, le visage ouvert par une profonde lacération.
Une voisine urgentologue est venue tenter de secourir la dame qui respirait encore pendant que Jacques Fortin récupérait les doigts sectionnés de sa conjointe au sol.
Elle est malheureusement décédée sur place alors que M. Fortin a été emmené en ambulance, en état de choc.
Les dernières victimes rencontrées par Carl Girouard ont affirmé qu’il les avait d’abord abordées en disant « Bonne Halloween » avant d’assener un coup de sabre sur la tête de Gilberto Lucio Porras Alvarado.
Plusieurs victimes ont longuement observé l’accusé qui s’est frénétiquement balancé, le visage dans les mains, pendant les témoignages.
Longue lame dans un matelas
La Couronne a également mis en preuve des photos de l’appartement de l’accusé à Sainte-Thérèse, près de Montréal, où les policiers ont retrouvé une longue lame plantée dans le matelas du lit ainsi que le symbole du chaos, un astérisque à huit branches, dessiné dans un miroir.

Une série de messages textes sur fond de chicane, où le frère de l’accusé lui demande de récupérer son jeu vidéo For Honnor, un jeu d’action mettant en scène des samouraïs, a aussi été présentée.
Après les meurtres, son frère lui a écrit : « J’ai tellement de peine ».
Quatre survivants témoignent
Rémy Bélanger

- Trois mois de réadaptation
- Pouce et annulaire droit amputés de moitié
- Index droit réimplanté
- Trois fractures du crâne
- Lésion à la gorge
« J’ai pensé qu’il faisait une blague, qu’il voulait m’écœurer. »
Gilberto Lucio Porras Alvarado

- Deux semaines d’hospitalisation
- Cuir chevelu tranché
- Index presque entièrement sectionné
« Le sabre a juste glissé sur le crâne. [J’ai perdu] un morceau de peau en forme de galette de riz. »
Lisa Mahmoud

- Trois opérations
- Fracture du bras gauche
- Tendon de la main coupé et greffé
- Fracture de l’épaule droite
« Psychologiquement c’est très dur. »
Pierre Lagrevol

- Sérieuse lacération derrière la tête
- Lacération à l’épaule
« Il marche, très calme, on se croise et dans l’angle mort il se retourne et me donne un coup au crâne. »
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