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L'article provient de Le Journal de Québec
Justice et faits divers

Attaque de l’Halloween à Québec: il se voyait un «agent du chaos»

L’auteur de l’attaque de l’Halloween, Carl Girouard, plaide la non-responsabilité criminelle

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Photo portrait de Nicolas Saillant

Nicolas Saillant

2022-04-11T12:27:40Z
2022-04-11T16:22:17Z
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L’auteur des homicides survenus le soir de l’Halloween 2020 dans le Vieux-Québec aurait verbalisé son désir de passer à l’acte dès 2014, en se présentant comme un «agent du chaos» qui voulait faire un coup d’éclat en utilisant la violence pour montrer sa supériorité.

• À lire aussi: Le parcours sanglant de l'assaillant

C’est ce qu’a révélé au jury le procureur du DPCP Me François Godin lors de sa présentation introductive, afin de démontrer que Carl Girouard avait prémédité les meurtres de François Duchesne et de Suzanne Clermont le 31 octobre 2020. Quelques instants après la constitution d’un jury de huit femmes et quatre hommes, le juge avait aussi indiqué que l’accusé ne contestait pas être l’auteur des deux homicides et des cinq tentatives de meurtre. 

Une image de vidéosurveillance captée le soir fatidique.
Une image de vidéosurveillance captée le soir fatidique. Photo d'archives

Selon la thèse de la Couronne, l’accusé est responsable criminellement des gestes posés. Il était donc capable de distinguer le bien et le mal lors des événements. La défense plaidera plutôt la non-responsabilité de Carl Girouard pour cause de troubles mentaux avec une preuve d’experts.     

L’arrestation de Carl Girouard.
L’arrestation de Carl Girouard. Photo REUTERS

Coup d’éclat

Selon Me Godin, Girouard voulait faire «un coup d’éclat» pour changer l’opinion des autres à son égard. «Monsieur veut être un agent du chaos. Il veut démontrer son courage en faisant des actes que les autres ne font pas», a expliqué l’avocat.  

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Le premier témoin amené à la barre par la Couronne a relaté qu'il a rencontré Girouard en décembre 2014, à la demande du directeur d’une école pour adultes des Laurentides, afin d’évaluer la dangerosité de l’accusé à la suite d’un texte dans lequel il racontait l’histoire d’un homme déguisé tuant deux personnes.  

L’accusé, Carl Girouard, lors du début du procès, lundi.
L’accusé, Carl Girouard, lors du début du procès, lundi. Illustration Ygreck

«Il voulait que les gens sachent qu’il est différent des autres», a témoigné le psychoéducateur Hugo Mercier-Villeneuve. Dès le lendemain, Girouard est référé vers un travailleur social du CLSC de sa région afin d’évaluer son risque suicidaire et homicidaire.  

Lors de cette rencontre, l’accusé «confirme avoir un plan de tuer des gens avec une épée de façon aléatoire», mais puisque son plan n’est pas prévu dans l’immédiat, l’intervenant Charles-André Bourduas privilégiera un suivi à une hospitalisation.  

Carl Girouard avant les événements.
Carl Girouard avant les événements. Photo tirée de Facebook

À cette époque, il indique aussi aux intervenants qu'il veut se faire enlever un tatouage avant de commettre un coup d’éclat. Un projet qu’il veut tout de même réaliser avant l’âge de 25 ans. Le tatouage en question, dont le dessin n’a pas encore été divulgué au jury, a été effacé avant le drame commis alors qu’il avait 24 ans.  

Plusieurs rencontres auront lieu entre cet intervenant et l’accusé jusqu’en septembre 2015, pendant lesquelles l’accusé, alors âgé de 19 ans, verbalise le désir «d’accomplir quelque chose de grandiose». Il revient souvent sur l’épée qu’il possède, tout en ajoutant qu’il devra s'en procurer une nouvelle, et sur le costume qu’il prépare et qu’il apporte même lors d’un voyage de pêche avec son père.  

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Or, s’il «souhaite faire la manchette» avec son projet, Girouard tempère ses objectifs au fil des rencontres et dit à l’intervenant Bourduas ne plus endosser ses propos des premières rencontres, qu’il trouve «enfantins». À partir de septembre 2015, l’accusé a été redirigé vers une nouvelle ressource; d’autres témoins viendront s’exprimer à ce sujet dans les prochains jours.  

Chronologie

Lors de son exposé d’ouverture, le procureur François Godin a brièvement parlé du périple meurtrier de l’accusé avant d’y revenir en détail plus tard cette semaine. Ainsi, l’accusé était parti de Ste-Thérèse le soir même du drame pour se rendre à Québec.  

Sur place, il a fait le tour de la ville et a pris des photos du Château Frontenac. Stationné devant la place d’Armes, il a pris un katana avec une lame de 77 centimètres pour d’abord s’en prendre au musicien Rémy Bélanger. L’homme aujourd’hui âgé de 26 ans portait un kimono dont les manches étaient coupées, des bottes de cuir et un masque de procédure noir lorsqu’il s’en est pris aux victimes.  

Me Pierre Gagnon, avocat de la défense, et Me François Godin, procureur du DPCP.
Me Pierre Gagnon, avocat de la défense, et Me François Godin, procureur du DPCP. Photo Stevens LeBlanc

Plusieurs vidéos, dont des images de l’attaque contre Rémy Bélanger et François Duchesne, ont été captées par des caméras de surveillance et seront présentées au jury.   

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Il s’agissait de la première fois que l’homme maintenant âgé de 26 ans se présentait en salle d’audience lundi matin, lui qui avait toujours comparu à distance depuis son arrestation. Girouard, qui a maintenant les cheveux rasés, avait l’air nerveux et se balançait continuellement d’avant en arrière sur sa chaise pendant l’audition, tout en regardant furtivement dans la salle sans jamais lever la tête. Le procès se poursuit demain.      

  • Écoutez l'entrevue de Geneviève Pettersen avec Nathalie Grandvaux, professeure de biochimie et de médecine moléculaire à l’Université de Montréal, sur QUB radio:    

Ce qui n’est pas contesté par les parties     

1) Carl Girouard admet être l’auteur des deux homicides de François Duchesne, 56 ans, et de Suzanne Clermont, 61 ans, ainsi que des cinq tentatives de meurtre.

2) Le 16 janvier 2020, Girouard a bien acheté un katana sur le site web Sinosword, pour la somme de 403$. Arme qui a servi aux crimes.

3) C’est bien l’accusé qui est identifié sur les images où l’on voit un homme vêtu en samouraï noir s’en prendre à des passants avec une épée dans les rues du Vieux-Québec. 

4) Le cellulaire qu’il a utilisé comme GPS pour se rendre à Québec et le véhicule de marque Saturne retrouvés devant le Château Frontenac lui appartenaient. 

5) Deux experts qualifiés, un neuropsychologue et un psychiatre, viendront témoigner en défense pour faire valoir que l’accusé est non criminellement responsable des gestes pour cause de troubles mentaux. 

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