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L'article provient de Bureau d'enquête

Une ex-VP de la Caisse de dépôt, Martine Gaudreault, aurait prêté de l’argent au taux usuraire de 78%

Elle a été congédiée de son poste chez Otéra Capital en 2019

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Photo portrait de Jean-Louis Fortin

Jean-Louis Fortin

2023-05-04T14:46:36Z
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Une ex-vice-présidente d’une filiale de la Caisse de dépôt, Martine Gaudreault, menait en parallèle une entreprise de prêts d’argent qui est allée jusqu’à exiger un taux d’intérêt usuraire de plus de 78%.

• À lire aussi: Le PDG d’une filiale de la Caisse de dépôt contrôlait en même temps une compagnie de construction

• À lire aussi: «Être associé à la mafia, je trouve ça déplorable», lance Alfonso Graceffa, l’ex-patron d’une filiale de la Caisse de dépôt

Des faits troublants ont été révélés en Cour supérieure, jeudi matin, à propos de Martine Gaudreault, qui était vice-présidente d’Otéra Capital avant d’être congédiée en mai 2019 dans la foulée de reportages journalistiques de notre Bureau d’enquête à son sujet.

La Caisse de dépôt et placement, qui avait commandé une enquête externe à 5M$ à la suite de nos reportages, s’est rendu compte que Gaudreault commettait de graves entorses au code d’éthique de son organisation.

L’avocat de la Caisse, Mason Poplaw, a fait étalage de ces découvertes dans le cadre de la poursuite de 6,9 M$ intentée contre le bas de laine des Québécois par l’ex-PDG d’Otéra, Alfonso Graceffa, lui aussi renvoyé dans la foulée de l’enquête.

Alfonso Graceffa
Alfonso Graceffa Photo Agence QMI, Joël Lemay

– «Saviez-vous que Martine Gaudreault conduisait en parallèle une opération de prêts quand elle était à Otéra?» a demandé Me Poplaw.

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– «Non», a répondu Graceffa, qui était le patron de Mme Gaudreault chez Otéra.

2000$ d’intérêts en une semaine

«La nature, la fréquence et les montants» de cette opération de prêts étaient complètement inappropriés, selon l’avocat de la Caisse.

L’institution fait notamment état d’un prêt personnel commercial de 180 000$, qui prévoyait «2000$ d’intérêts en une semaine», selon Me Poplaw. Cela représente un taux d’intérêt annuel de 78,20%.

Le prêt aurait de plus été consenti à partir du courriel professionnel de Mme Gaudreault chez Otéra.

Selon le gouvernement fédéral, «le “prêt usuraire” ou “prêt à usure” est officiellement reconnu au Canada comme une infraction au Code criminel lorsque le taux d'intérêt effectif exigé [...] excède un taux annuel de 60%».

Dans le rapport de son enquête externe de 2019, la caisse avait fait allusion à ce prêt, mais on ignorait, jusqu’ici, qu’il était lié à Martine Gaudreault.

Crime organisé

En février 2019, notre Bureau d’enquête avait rapporté que Mme Gaudreau était en couple avec Alain Cormier, prêteur privé lié au clan mafieux Rizzuto. Nous révélions aussi que les deux tourtereaux avaient été impliqués ensemble dans trois entreprises depuis 2012.

Interrogé à la Cour jeudi, Alfonso Graceffa a indiqué qu’il n’était pas au courant des activités de prêt menées par sa subalterne alors qu’il était chez Otéra. Il n’a pas voulu indiquer s’il aurait toléré la situation s’il en avait été informé à l’époque.

«En ce qui concerne des liens avec le crime organisé, c’est totalement inacceptable», a-t-il cependant convenu.

La Caisse estime que «Graceffa a manqué de jugement et de transparence» sur des questions éthiques, et c’est pour cela qu’elle lui a montré la porte. Le procès durera au moins deux semaines.

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