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L'article provient de Bureau d'enquête

Un criminel remet 15 000$ dans une enveloppe au patron d’une filiale de la Caisse de dépôt

L’ex-PDG d’Otéra Alfonso Graceffa affirme en Cour qu’il ignorait le passé de l’individu

Alfonso Graceffa lors de son procès l’opposant à la Caisse de dépôt, à Montréal.
Alfonso Graceffa lors de son procès l’opposant à la Caisse de dépôt, à Montréal. Photo Agence QMI, Joël Lemay
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Photo portrait de Jean-Louis Fortin

Jean-Louis Fortin

2023-05-02T14:48:33Z
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Un individu insolvable au passé criminel qui se présente dans un bureau de direction d’une filiale de la Caisse de dépôt pour remettre une enveloppe de 15 000$ comptant. Telle est la scène surréaliste qui a été décrite mardi dans le cadre d’un procès où sont étalés les travers éthiques découverts dans le bas de laine des Québécois.

• À lire aussi: L’ex-patron d’Otéra dit avoir été congédié pour que la Caisse sauve la face

En août 2017, Jean-Denis Lamontagne, un individu relié au crime organisé qui avait déjà purgé une peine de prison pour production de stupéfiants, s’est rendu au siège social d’Otéra Capital, une filiale de la Caisse, à Montréal.

Il venait rencontrer le DPG d’Otéra, Alfonso Graceffa, pour régler une dette personnelle.

Lamontagne a été arrêté en 2000 pour avoir «fait partie d’une organisation criminelle impliquée dans la culture du cannabis et le recel de motos», indique la Caisse de dépôt, qui se défend dans le cadre d’une poursuite de 6,9 M$ intentée par Graceffa pour congédiement abusif.

Mardi, au palais de justice de Montréal, Alfonso Graceffa a expliqué que son frère Salvatore Graceffa, un entrepreneur en construction, avait prêté beaucoup d’argent à Jean-Denis Lamontagne, mais qu’il ne parvenait pas à récupérer son dû. Il avait obtenu un jugement qui condamnait ce dernier à rembourser une dette de près de 80 000$.

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«On m’a demandé si je pouvais rencontrer [Lamontagne] pour signer une entente et recevoir le paiement qu’il ferait», a indiqué Graceffa au juge Andres Garin de la Cour supérieure.

Jean-Denis Lamontagne. L’entrepreneur a un dossier criminel de trafic de stupéfiants et est lié au crime organisé, mais a donné 15 000$ en argent liquide à Alfonso Graceffa, alors PDG d’Otéra, une filiale de la Caisse, dans son bureau.
Jean-Denis Lamontagne. L’entrepreneur a un dossier criminel de trafic de stupéfiants et est lié au crime organisé, mais a donné 15 000$ en argent liquide à Alfonso Graceffa, alors PDG d’Otéra, une filiale de la Caisse, dans son bureau. Photo tirée de la page LinkedIn de Jean-Denis Lamontagne

L’ex-PDG d’Otéra reconnaît ne pas avoir fait de vérifications sur le passé criminel de Lamontagne avant de l’accueillir dans son bureau de direction.

«Mon frère avait un contrat signé par lui, il avait un jugement de la cour. Je ne pensais pas que [Lamontagne] arriverait avec de l’argent comptant», a-t-il justifié.

Risque de blanchiment

Mais la Caisse ne l’entend pas de cette oreille et a utilisé ce motif, entre autres travers éthiques allégués, pour congédier Graceffa en 2019.

«La somme dépassait les 10 000$ en espèces, un seuil qui, selon la loi, signale un risque de blanchiment d’argent et déclenche des obligations de signalement auprès du Centre d’analyses des opérations et déclarations financières du Canada, ce que [Graceffa] ne pouvait ignorer vu son expérience dans les secteurs bancaire, financier et immobilier», écrit l’institution dans sa défense.

Graceffa indique n’avoir pris connaissance qu’à l’été 2018 d’un document qui indique que Lamontagne «pourrait être relié au crime organisé». Il dit avoir alors expliqué clairement à son frère qu’il était inacceptable de faire affaire avec des personnes qui ont une telle réputation.

Procès d’envergure

Le procès qui oppose L’ex-PDG d’Otéra à son ancien employeur se poursuivra au cours des deux prochaines semaines, au moins. 

Plusieurs témoins, dont l’ex-PDG de la Caisse Michael Sabia, sont notamment attendus pour expliquer les problèmes éthiques découverts en 2019 suite à une enquête externe de 5M$ lancée après des reportages de notre Bureau d’enquête.

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