Le PDG d’une filiale de la Caisse de dépôt contrôlait en même temps une compagnie de construction
Alfonso Graceffa, congédié en 2019, ne l’aurait pas déclaré à son employeur


Jean-Louis Fortin
L’ex-PDG d’une filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec aurait réussi à prendre le contrôle presque total d’une compagnie de construction, allant jusqu’à être celui qui signait les chèques et collectait l’argent, mais sans jamais le révéler à ses supérieurs.
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Alfonso Graceffa, qui dirigeait Otéra Capital, le bras de prêt immobilier commercial de la Caisse, jusqu’à son congédiement en mai 2019, a eu à répondre à des questions bien embarrassantes mercredi matin dans le cadre du procès qui l’oppose à la Caisse.
Son ex-employeur le dépeint comme un dirigeant qui prenait bien peu au sérieux l’éthique et la gestion des conflits d’intérêts.
La Caisse soutient que Graceffa, à partir de 2012, a multiplié les manoeuvres pour étendre son emprise sur la firme Constructions St-Gabrielle (CSG), qui appartenait à l’époque à son frère Salvatore Graceffa et se spécialisait dans la construction de maisons unifamiliales.
Ayant prêté près de 2 M$ à son frère, le haut dirigeant d’Otéra est d’abord devenu actionnaire à 50% de CSG via sa compagnie de portefeuille. Et bien que ses responsabilités chez CSG augmentaient d’année en année, il n’y en avait jamais mention dans ses déclarations d’intérêts annuelles chez Otéra.
«Un oubli»
«Quatre mois après avoir participé à la restructuration de la compagnie, vous ne l’avez pas déclaré dans votre déclaration d’intérêts?», lui a notamment demandé Mason Poplaw, l’avocat qui représente la Caisse.
«Non. C’était un oubli», a reconnu Graceffa.
En 2016, Graceffa a même obtenu le pouvoir de signer des chèques, de collecter l’argent et l’ensemble des pouvoirs de l’avocat pour représenter son frère dans CSG. Toujours sans que la Caisse n’en soit informée.
- «Cela me donnait tous les pouvoirs. Mais je ne les ai jamais utilisés», a assuré Graceffa sous serment.
- «Attendez. J’ai vu un document que vous avez signé en vertu de ces pouvoirs», a promptement rétorqué le juge de la Cour supérieure Andres Garin.
- «Ah, je l’ai fait? Soit», a convenu le témoin.
Il voulait aider
Graceffa nie avoir voulu «prendre le contrôle» de CSG, comme le prétend la Caisse, même quand il a obtenu des hypothèques sur les biens de son frère et de l’épouse de ce dernier. Il assure avoir voulu aider son frère, qui «n’allait pas bien».
Et surtout, il soutient que ses activités parallèles n’avaient pas d’impact sur ses importantes fonctions au sein du bas de laine des Québécois.
«Ma plus grande responsabilité à Otéra est qu’on me faisait confiance avec l’argent du public. Et j’ai mérité cette confiance», a-t-il affirmé.
Alfonso Graceffa poursuit la Caisse de dépôt pour congédiement abusif et diffamation. Il réclame près de 7 M$.
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