Une déclaration de Mark Carney sur son passé récent remise en doute par les conservateurs

Raphaël Pirro
Mark Carney a-t-il «menti»? Les conservateurs ont déterré des documents qui semblent contredire les propos de M. Carney sur son rôle dans le départ d’une grande firme d’investissement canadienne vers les États-Unis, l’automne dernier.
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Après le débat des candidats à la chefferie du Parti libéral hier soir, M. Carney s’est fait demander s’il avait «approuvé» la relocalisation du siège social de Brookfield Assett Management de Toronto à New York.
Mark Carney était jusqu’à la mi-janvier le président du conseil d’administration de cette importante firme, dont les actifs, évalués à 1000 milliards $, représentent environ 10 % de la bourse de Toronto.
«La décision formelle du conseil d'administration a été prise après que j'ai cessé de faire partie du conseil d'administration. Je n'ai pas de lien avec Brookfield Asset Management, je n'ai évidemment plus de rôle à jouer puisque j'ai démissionné en janvier», s’est-il défendu.
Pourtant, un communiqué publié par Brookfield daté du 31 octobre (alors que M. Carney était président) fait part de l’intention de la firme de relocaliser son siège social à New York, «la ville de Donald Trump», soulignent les conservateurs.
Ce n’est pas tout : les conservateurs ont mis la main sur une lettre, signée par Mark Carney, envoyée aux actionnaires de Brookfield les enjoignant à voter en faveur de la restructuration institutionnelle liée à la relocalisation.
La lettre a été envoyée le 1er décembre, soit «quelques jours après que Donald Trump a fait des menaces de tarifs envers le Canada», a déclaré le conservateur Pierre Paul-Hus, en point de presse mercredi.
«Dans la lettre, c’est clair, ça spécifie que ça va être encore plus rentable, ça va être plus payant pour tout le monde», a-t-il pesté. «Donc, Mark Carney fait exactement le contraire de ce qu’il faut faire actuellement.»
Dans la lettre, il est spécifié que le vote des actionnaires aurait lieu le 27 janvier, soit après le départ de M. Carney pour la chefferie du Parti libéral du Canada.
La valeur boursière de Brookfield a augmenté de 25 % dans les six derniers mois à la Bourse de Toronto.
Dans une déclaration écrite, l'équipe de Mark Carney a répondu que Brookfield est effectivement «toujours cotée à la bourse de Toronto» et que sa société-mère «conserve son siège social à Toronto».
«Les changements apportés sont de nature technique, et Brookfield a affirmé que ses opérations canadiennes n’étaient pas affectées», indique-t-on.
Appelé à commenter, l'allié de M. Carney, le ministre François-Philippe Champagne, a esquivé les questions à ce sujet, mercredi.
De son côté, la campagne de Chrystia Freeland a subtilement republié, sans mentionner M. Carney, un article du «Financial Post» daté de 2016 qui relatait son travail pour rapatrier à Toronto une entreprise technologique installée aux États-Unis.
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