Chefferie du PLC: un débat en anglais plus fluide dont Trump est (encore) la vedette

Raphaël Pirro
En anglais cette fois, les quatre candidats à la succession de Justin Trudeau ont repris les échanges entourant la posture que devrait adopter le Canada en réponse à la menace «existentielle» que représentent aujourd’hui les États-Unis de Donald Trump.
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Le mur de la langue étant tombé, les anglophones que sont Chrystia Freeland, Mark Carney, Karina Gould et Frank Baylis ont offert, mardi soir, ce qui ressemble un peu plus à un débat que la discussion très consensuelle d’hier.
Gould sur l’offensive
Tandis que Chrystia Freeland a concentré ses attaques sur le président Trump, Karina Gould, une vedette montante du parti, s’est permis quelques flèches contre le meneur incontesté de la course jusqu’ici, Mark Carney.
Mme Gould, par exemple, a demandé à M. Carney quel secteur il serait prêt à «sacrifier» dans d’éventuelles négociations avec M. Trump, ce à quoi il a répondu qu’il ne faut «jamais dévoiler» ses cartes lors de négociations.
Elle a aussi remis en question ses intentions de renforcer l’armée, lui qui a promis d’atteindre la cible de dépenses de 2% du PIB en 2030. M. Carney a répondu que son objectif était d’atteindre la cible «d’ici» 2030.
Comme hier, Mme Freeland s’est présentée comme la candidate anti-Trump. Elle a réitéré sa promesse de mettre sur pied un sommet international constitué d’alliés qui pourraient faire un «front commun» pour résister à la domination américaine.
«Évidemment, on ne peut pas le changer [Donald Trump], mais on peut être plus intelligents que lui», a-t-elle dit.
L’héritage Trudeau en question
Vers la fin du débat, la modératrice a invité les candidats à dire de quelle manière ils se différenciaient de Justin Trudeau, dont le règne tire à sa fin.
La question a provoqué quelques moments révélateurs. Mark Carney a critiqué le bilan économique du premier ministre sortant et déclaré qu’il serait un premier ministre impliqué directement avec la gestion des choses.
Or, attaquer le bilan de Justin Trudeau, c’est aussi attaqué celui de Chrystia Freeland, qui a été ministre des Finances et vice-première ministre pendant des années.
Mme Freeland a évité de mordre à l’hameçon : elle s’est concentrée sur Donald Trump et la menace qu’il représente.
De son côté, Karina Gould est la seule qui a clairement défendu le bilan de son parti. Pour gagner les prochaines élections, a-t-elle dit, il faudra demeurer de «fiers libéraux» et éviter de devenir une pâle copie des conservateurs.
Les candidats
Chrystia Freeland: après une carrière fructueuse en journalisme, elle est repêchée par Justin Trudeau en 2014. À travers les années, le premier ministre lui confie les dossiers les plus importants incluant les Affaires étrangères lors des négociations avec les États-Unis de Donald Trump.
Mark Carney: l’expert en finances passe plus d’une décennie chez Goldman Sachs avant d’être fait gouverneur de la Banque du Canada par le gouvernement de Stephen Harper. Il occupe par la suite le même poste au Royaume-Uni et devient éventuellement un expert en finance climatique.
Karina Gould: vedette montante des libéraux fédéraux, cette élue de 37 ans a été la plus jeune femme à devenir ministre dans l’histoire du Canada. Elle occupait le poste de leader parlementaire depuis l’été 2023 avant de se lancer dans la course en janvier dernier.
Frank Baylis: cet homme d’affaires milliardaire a été député du PLC dans l’ouest de l’île de Montréal lors du premier mandat des libéraux de Justin Trudeau, de 2015 à 2019. Né à Montréal, il a grandi à Toronto et a fait ses études à Waterloo.