Débat du Parti libéral du Canada: Mark Carney encore hésitant, même en anglais

Guillaume St-Pierre – analyse
La courbe d’apprentissage de la politique s’avère abrupte pour Mark Carney, qui n’a pas trébuché ni brillé dans un débat dans lequel il a été essentiellement épargné.
Son manque d’expérience politique s’est surtout révélé par son ton plus hésitant. Il est aussi visiblement moins à l’aise dans l’oeil de la caméra que les deux ex-ministres avec qui il partageait la scène, Chrystia Freeland et Karina Gould.
Il a, par la force des choses, souffert de cette comparaison.
Une chose semble claire : ce ne sera pas facile pour lui en face à face en campagne électorale contre un Poilievre expérimenté et pugnace.
Un débat ne fait pas une élection, mais un CV ne fait pas non plus un politicien.
Moment Carney
Le Parti libéral veut avoir son moment Mark Carney et les candidats à la direction du parti semblent l’avoir compris, eux qui l’ont épargné de critiques frontales dans le dernier des débats, cette fois en anglais.
Comme lundi en français, Mark Carney, Chrystia Freeland, Karina Gould et Frank Baylis ont évité les confrontations directes, malgré quelques flèches rendues possibles grâce à des échanges plus fluides dans leur langue maternelle.
M.Carney étant loin devant, refuser de débattre de front revient essentiellement à lui concéder la victoire.
Dans le contexte d’une campagne électorale imminente, pourquoi offrir des munitions à Pierre Poilievre et risquer de saboter une remontée dans les sondages?
Pas un tapis rouge
Il y a eu tout de même quelques piques, surtout de la part de Karina Gould à l’endroit de Mark Carney.
Quels secteurs de l’économie M. Carney serait prêt à sacrifier dans une négociation avec Trump? Pourquoi ne pas investir davantage plus rapidement dans la Défense nationale?
Des questions somme toute polies de la part de la candidate fièrement campée à gauche et qui refuse de jeter par-dessus bord les politiques de Justin Trudeau contrairement aux autres.
M. Carney a tout de même connu ses meilleurs moments sur les sujets qui comptent pour lui, c’est-à-dire les finances publiques et l’économie.
Le PLC doit dépenser intelligemment et selon ses moyens pour continuer de prendre soin des plus vulnérables. Bref, il ne suffit pas de dépenser toujours plus afin d’atteindre la prospérité économique, a-t-il lancé, une pointe évidente au legs fiscal de Justin Trudeau.
La stratégie libérale d’éviter un débat houleux se défend, surtout que le parti renoue avec son désir de gagner quitte à trahir l’héritage des trois derniers mandats Trudeau.
C’est le retour d’un PLC pragmatique et moins idéologue, qui n’a aucune gêne à repiquer au NPD et aux conservateurs.