Maxence Parrot doublement médaillé


François-David Rouleau
À 15 ans, en «ridant» sur les montagnes du Québec, Max Parrot rêvait en grand. Ses objectifs? Il voulait voyager, gagner du «cash», ne plus aller à l’école et surtout, faire du snowboard. Bref, la vie rêvée de n’importe quel ado ayant les pieds fixés à une planche durant tout l’hiver.
Douze ans plus tard, voilà qu’il a gagné la panoplie complète des couleurs des médailles olympiques. L’or chinois en slopestyle, l’argent sud-coréen une fois de plus en slopestyle et le bronze chinois au Big Air. Une collection qu’il n’aurait jamais cru possible, car il rêvait différemment de son destin.
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«Je n’avais même pas l’objectif de gagner une compétition. Je voulais vivre de mon sport», a lâché le sympathique planchiste après son incroyable performance au Big Air Shougang de Pékin, mardi.
Enveloppé dans un drapeau canadien, il avait peine à croire ce qu’il venait de vivre. Bien qu’il visait l’or à nouveau, il était tellement satisfait du bronze.
«Quand on y pense, en quelques années seulement, j’ai participé à des grandes compétitions. J’ai voyagé. Partout sur la planète, j’ai fait des manœuvres qui n’avaient jamais été réussies auparavant. Je suis allé aux Olympiques. J’ai gagné l’argent à Pyeongchang. J’ai continué à foncer. Je suis revenu aux OIympiques en gagnant l’or et le bronze», a énuméré l’athlète de 27 ans.
«J’ai tellement dépassé tous mes rêves que je ne sais même plus quoi en penser.»
Normal, il ne rêvait pas à ce scénario il y a 12 ans. Mais il est extrêmement heureux.
Une inspiration
En plus des breloques gagnées à travers le monde, il inspire la jeunesse. Dont celui qui l’a surpassé en finale du grand saut, mardi. Inconnu il y a tout juste deux ans, Yiming Su a survolé la compétition. Le Québécois était son idole tout au long de sa progression vers la plus haute marche du podium olympique.
Il devra dorénavant maintenir sa cadence, car le jeune homme de 17 ans accomplit des prouesses franchement spectaculaires.
Dans un niveau de compétition jamais vu, Parrot a joué de ruse en modifiant sa stratégie après avoir échoué son premier saut. Il a oublié l’or et visé l’argent ou le bronze.
Sous une pression énorme, il a opté pour une manœuvre moins spectaculaire qui pouvait lui mériter de précieux points afin de monter sur le podium. Il a fait le bon calcul, même s’il l’aura fait stresser jusqu’à la toute dernière seconde.
«Je vais repartir de la Chine avec deux médailles. C’est incroyable. Je ne pensais jamais vivre ça dans ma vie. Je suis tellement fier de moi.»
Médailles d’équipe
Il peut l’être, en effet. Cet exploit vient à peine deux ans après avoir vaincu un lymphome de Hodgkin qui l’a éloigné de sa passion, des pistes, des modules et des sauts durant plus de six mois. Son amour envers son sport l’a gardé motivé.
Derrière ces deux médailles pékinoises se cache une vaste équipe qui l’a supporté dans les meilleurs comme dans les pires moments de la maladie. Ses parents, sa famille, ses amis, le personnel soignant et tous les spécialistes qui l’ont épaulé durant sa dure épreuve méritent aussi ces deux pièces métalliques auréolées des anneaux olympiques.
«Seul, il est impossible d’accomplir des exploits grandioses dans la vie n’est possible dans la vie. Ma bataille contre le cancer, je n’aurais pas pu la mener seul, a-t-il rappelé en les remerciant du fond du coeur. Il y a une énorme et parfaite équipe derrière moi. Réussir à se préparer et à accomplir de si grosses manœuvres sous des moments aussi intenses, c’est impossible de le faire seul. On va faire exploser le bouchon de champagne pour célébrer tout ça.»
S’il avait à revenir en arrière, Parrot ne changerait la moindre petite seconde de sa vie. Elle définit qui il l’est, aujourd’hui.
«C’est mon parcours de vie. J’ai traversé des moments que je ne croyais jamais vivre. J’ai grandi. Tu peux t’apitoyer sur ton sort en disant que tu mérites mieux ou apprendre de ces leçons et tenter de grandir. C’est le choix que j’ai fait. J’ai décidé de grandir.»
Toutes ces victoires et ces défaites l’ont façonné, fièrement, à devenir un champion olympique à vie.
-Blessé lors des qualifications la veille, le Québécois Sébastien Toutant n’avait pas accédé à la finale du Big Air.