Souveraineté du Québec: des sacrifices pour plusieurs années, prévient Legault

François Legault met en garde les citoyens: la souveraineté du Québec serait viable financièrement, mais impliquerait des «sacrifices» pour plusieurs années.  

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Au lendemain du dévoilement de la mise à jour du budget de l’an 1 d’un Québec indépendant par le Parti Québécois, des ministres fédéraux ont brandi le spectre de profondes divisions et chicanes de famille avec le retour du débat sur la souveraineté. À l'Assemblée nationale, le premier ministre québécois a répété qu’un référendum sur la souveraineté n’est pas une priorité pour la majorité de la population. 

«Un Québec indépendant, ce serait viable. Mais il faut dire la vérité aux Québécois. Il faut leur dire qu’il y aurait des sacrifices à faire pour un certain nombre d’années», a-t-il prévenu, en pesant ses mots. 

En utilisant la même méthode de calcul que François Legault en 2005, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon estime que la souveraineté se ferait essentiellement «à coût nul» dès 2027, en tablant notamment sur une cagnotte de plus de 80 G$ récupérée d’Ottawa. Le PQ avance que la péréquation serait entre autres compensée par des économies de 8,8 G$ découlant de la fin des chevauchements de ministères entre le Québec et le Canada. 

«Quand M. St-Pierre Plamondon nous dit qu’il veut faire 8,8 G$ par année de compressions, bien il doit expliquer aux Québécois ce que ça veut dire!» a renchéri le premier ministre, dans une brève mêlée de presse dans les corridors du parlement. 

Lorsqu’il avait piloté l’exercice il y a 18 ans, du temps où il était péquiste, François Legault évaluait plutôt les chevauchements entre Québec et Ottawa à 1,9 G$ par an. 

Une chute du niveau de vie des Québécois?

Le chef péquiste ne prévoit pas de perturbations après l’accession du Québec à la souveraineté. Il anticipe même un bond économique. Sans parler de l'avènement de 200 ambassades et leurs diplomates dans la Capitale nationale. 

Un optimisme que ne partagent pas les ministres caquistes des Finances et de l’Économie. «C’est très naïf de penser ça!» a réagi Pierre Fitzgibbon. 

Au lendemain d’un référendum gagnant, il y aurait inévitablement une «période d’incertitude» et de «turbulences» qui serait «difficile», a insisté le grand argentier du gouvernement, Eric Girard. Selon lui, non seulement le Québec aurait un niveau d'endettement élevé, mais sa cote de crédit fixée par les agences de notation serait probablement affectée. 

Et si un Québec indépendant avait sa propre monnaie, comme le souhaite le leader souverainiste, la situation pourrait être encore plus problématique. «Initialement, si la monnaie n'a pas la même valeur que le dollar canadien, puis que dans les premières années il y a de la turbulence, puis qu'il y a de la dépréciation, ça, c'est une chute du niveau de vie des Québécois», a laissé tomber le ministre des Finances. 

Le PLQ en «jouissance»

François Legault refuse que le Québec revive un débat stérile entre souverainistes et fédéralistes, comme ce fut le cas pendant 50 ans. Un débat qui sert les intérêts des rouges. «Le Parti libéral rêve de ça! J'écoutais le chef de l'opposition officielle [Marc Tanguay] ce matin, il avait l'air en jouissance totale de revenir sur ce vieux débat-là!» a lancé le premier ministre, provoquant des éclats de rire dans le Salon bleu. 

Plus tôt en journée, le chef intérimaire libéral avait affirmé haut et fort que le PLQ est le seul parti clairement fédéraliste. Plus encore, Marc Tanguay a invité le premier ministre, un ancien indépendantiste, à ranger son costume de «Capitaine Canada», n'étant aucunement crédible pour défendre la fédération canadienne face au projet péquiste.