Le budget de l’an 1 du PQ reçu avec dédain par les ministres fédéraux
Raphaël Pirro
Les ministres du gouvernement de Justin Trudeau n’ont pas fait grand cas du budget de l’an 1 du Parti Québécois (PQ), accueilli le plus souvent avec dédain et ridicule chez les libéraux fédéraux.
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Après avoir esquissé des sourires moqueurs en conférence de presse, la vice-première ministre, Chrystia Freeland, et le ministre de l’Innovation, François-Philippe Champagne, ont mis l’accent sur les bonnes relations d’Ottawa avec le Québec et les tracas du quotidien des Québécois, comme la hausse du coût de la vie.
« Pour le reste, honnêtement, je pense que les Québécois et les Québécoises comprennent qu’on a d’autres choses à faire présentement que de penser à des budgets fantaisistes d’un an 1 présenté par un parti d’opposition à Québec », a lancé M. Champagne.
Les conservateurs se saisissent du dossier
Le fameux budget de l’an 1 a rebondi lors de la période de questions de la Chambre des communes grâce à un acteur improbable : Pierre Poilievre, le chef conservateur.
Si le « séparatisme » était « une cause morte il n’y a pas si longtemps », elle effectue aujourd’hui un grand retour pour « des raisons économiques », les libéraux n’étant pas responsables financièrement, a-t-il balancé en ouverture d’exercice.
« C’est quelque chose que le Parti [Québécois] n’aurait jamais osé faire pendant les années conservatrices [de Stephen Harper] parce que les taxes étaient basses, la dette était basse, les impôts étaient bas, l’inflation était basse, la croissance était forte », a lancé M. Poilievre au premier ministre.
Justin Trudeau a ramené sur le devant de la scène les investissements du gouvernement fédéral et agité le spectre des « vieilles chicanes ».
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Le retour du référendum de 1995
Sur le même sujet, un peu plus tôt en journée, le lieutenant du Québec et ministre des Transports, Pablo Rodriguez, s’est demandé « pourquoi on se replongerait là-dedans ».
« Moi, je me souviens très bien du référendum de 1995, des divisions que ça a créées, a lancé le lieutenant du Québec. Des membres de famille qui ne se parlent plus, des amis qui ne se parlent plus aussi. C’est mon cas d’ailleurs, j’ai des amis... on s’aime bien, mais ça crée tellement de division. »
Le chef du Bloc Québécois s’est amusé des propos de Pierre Poilievre et salué l’« excellent travail » du PQ.
« Lorsque la seule voix forte et intransigeante contre l’existence d’un budget de l’an 1, c'est le Parti libéral du Québec et le Parti libéral du Canada, c’est la preuve que les souverainistes sont à la bonne place », a indiqué Yves-François Blanchet.
Pas de changement pour l’environnement
L’argument d’un Québec indépendant plus vert a été attaqué par Steven Guilbeault, qui a avancé que la souveraineté ne changerait en rien le portrait global de production et de consommation de pétrole.
« On consomme du pétrole au Québec. On en consomme 350 000 barils par jour. Ça changerait quoi dans un Québec souverain ? On importerait du pétrole comme on importe du pétrole aujourd’hui », a déclaré le ministre de l’Environnement et des Changements climatiques.
M. Guilbeault a soulevé que le Parti Québécois de Pauline Marois souhaitait, à l’époque, mener des activités de forage sur l’île d’Anticosti.
Un rapport d’impôt unique... à Ottawa
Par rapport à la cure d’amincissement à la fonction publique que forcerait le rapport d’impôt unique, la ministre du Revenu national, Marie-Claude Bibeau, a proposé que le Canada s’en charge.
« S’ils le veulent unique, ça va nous faire plaisir de le faire pour eux comme pour les autres provinces. [...] On le fait pour toutes les autres provinces, ce serait une super économie pour le Québec », a-t-elle déclaré, sourire aux lèvres.
« Indépendamment de nos allégeances politiques, les gens sont préoccupés par leur propre budget à eux », a proposé, dans la même veine, la ministre responsable de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, Soraya Martinez Ferrada.