Sortie littéraire: Stéphane Dompierre explore la complexité du lien beau-père/enfant dans «Beau-père»


Frédérique De Simone
Dans son nouveau roman Beau-père, Stéphane Dompierre aborde un sujet rarement traité en littérature, qui peut sembler effrayant au premier abord, mais qui est pourtant très commun dans la société.
Fidèle à son style, l’auteur propose encore une fois une œuvre unique reprenant les codes de l’horreur sous la forme d’un thriller à l’humour noir qui ne manque pas de rythme, truffé de références à la culture populaire.
Son protagoniste, Jimmy, doit faire face à des phénomènes étranges, tandis qu’il hérite subitement de la garde de l’enfant de sa blonde, dont il ignorait tout de l’existence. L’absence du père soulève, quant à elle, moult questionnements.

«Si on pense aux films de zombies, quand les zombies débarquent, t'as pas le temps de lire des livres d'instruction sur comment te débarrasser des zombies. C'est le manque d'adaptation, souvent, qui crée l'horreur dans ce genre-là. La vie de beau-père, c'est exactement la même chose», a indiqué Stéphane Dompierre en entrevue à l’Agence QMI.
«Si on compare la vie d'un père à celle d'un beau-père, le père a le temps de se préparer à la situation. Il peut lire des livres, il peut peinturer la chambre du bébé, tandis que le beau-père, lui, arrive et il y a un enfant devant lui, qui est déjà formé, qui a déjà son caractère. Il faut qu'il s'adapte à une situation nouvelle et qu'il développe de l'amour pour cette personne», a poursuivi le romancier et directeur littéraire de la collection La Shop chez Québec Amérique.
Avec ce nouvel ouvrage, l’auteur illustre avec finesse les différentes étapes par lesquelles passent les beaux-parents, notamment à travers le lien d’amitié qui se tisse entre le protagoniste et la petite Lisbeth, 10 ans, au fil des pages.
«Curieusement, c'est un sujet très peu utilisé en littérature. Pour avoir vécu la vie de beau-père, je trouvais que c'était intéressant d'en parler et justement de la faire vivre. C'est une relation importante qui existe», a-t-il dit.
De Daniel à Jimmy
Pour Stéphane Dompierre, le personnage de Jimmy dans Beau-père est un peu une version évoluée du personnage de Daniel dans son tout premier ouvrage, Un petit pas pour l’homme, évoquant un lien «presque cosmique» entre les deux œuvres.
«Il y a un petit clin d'œil à mon premier roman, où j'abordais toutes les phases du célibat. [Beau-père], c'est un peu toutes les phases d'une vie de beau-père que ce personnage-là vit en quelques jours. Au début, il y a l'accueil dans ton environnement, et donc ton environnement qui se transforme, mais aussi la perte de contrôle et de repères», a-t-il expliqué à l'Agence QMI.

«Mon personnage dans Un petit pas pour l'homme, c'était un gars dans la trentaine, un peu nono, qui se retrouvait célibataire. Donc, il vivait une nouvelle situation qu'il n'avait pas envisagée encore. Tandis que dans Beau-père, c'est un personnage qui a à peu près le même âge, mais c'est un gars de 30 ans, 20 ans plus tard», a poursuivi l’auteur.
«C’est un personnage un peu plus lucide, un peu plus allumé. Pour moi, c'est un peu un commentaire aussi... J'ai l'impression que les jeunes d'aujourd'hui ont plus de connaissances qu'on en avait il y a 20 ans, 30 ans. Je pense notamment au féminisme ou à la masculinité toxique», a-t-il dit, admettant qu'il trouvait intéressant de ramener un personnage comme Daniel dans un nouveau contexte, plus évolué.