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L'article provient de Le Journal de Québec
Justice et faits divers

Procès de Carl Girouard: les tests du spécialiste mis en doute

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Photo portrait de Nicolas Saillant

Nicolas Saillant

2022-05-03T16:50:05Z
2022-05-03T21:26:28Z
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La validité des deux tests utilisés par l’expert de la Couronne, qui l’ont amené à déterminer que Carl Girouard n’était pas en délire psychotique au moment de son parcours meurtrier, a été mise en doute par la défense.

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Quelques semaines avant le procès, le Dr William Pothier, l’expert neuropsychologue présenté par la Couronne, a fait passer deux tests psychométriques à l’assaillant de l’Halloween. Le premier test regroupait 667 questions qui se répondent par vrai ou faux, alors que dans le deuxième, le patient devait interpréter des images.  

Fort du résultat de ces tests, l’expert a établi que l’accusé ne souffre pas de schizophrénie et n’était pas en délire psychotique lors des événements comme l’a avancé le psychiatre Gilles Chamberland pour le compte de la défense. Carl Girouard a plutôt un trouble de la personnalité narcissique avec traits antisociaux, selon le Dr Pothier.  

«Fameux tests»

Lors du contre-interrogatoire, l’avocat de la défense, Me Pierre Gagnon, a tenté de mettre en doute la validité des deux tests en question. «Vos fameux tests», a lâché Me Gagnon en abordant le sujet.  

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Faisant référence au moment où les tests ont été effectués par le Dr Pothier, en mars 2022, l’avocat a demandé si les réponses pouvaient différer. «Même si [l’accusé] n’est plu psychotique, est-ce qu’on peut déterminer qu’il l’a été dans le passé?» a demandé Me Gagnon. 

«Je connais bien la validité et la fidélité de mes tests», a notamment répondu l’expert. Il reste que le Dr Pothier avait beaucoup de difficulté à répondre clairement aux questions.  

À tel point que même le juge Richard Grenier a réagi. «J’ai l’impression que l’un parle cantonais et l’autre parle mandarin, ils ne se comprennent pas», a-t-il dit. 

Distorsion cognitive

Plus tôt dans la journée, le Dr Pothier avait exposé son rapport selon lequel l’accusé ne souffre pas de maladie mentale, mais plutôt d’un trait de la personnalité narcissique. Si l’idée de tuer des gens avait été «une croyance inébranlable» issue d’un délire psychotique, Carl Girouard n’aurait jamais eu des moments de doute pendant son périple meurtrier, estime l’expert de la Couronne.  

Carl Girouard avait comme ambition de tuer des gens pour montrer sa supériorité. La «notoriété, le besoin d’être reconnu et de servir d’exemple sont des idées typiquement liées au narcissisme», a expliqué le neuropsychologue. 

Or, alors qu’il s’apprêtait à faire deux morts et blesser cinq personnes, Carl Girouard a eu des moments de doutes et il a hésité à passer à l’action. Ainsi, le Dr Pothier croit que la pensée de l’homme de 26 ans «va se restructurer» pendant qu’il s’attaque à ses victimes.  

«Une idée délirante ne va pas se restructurer comme ça, quand on lui présente des faits». L’idée de commettre des meurtres pour montrer sa supériorité proviendrait d’une «distorsion cognitive» et non d’une croyance inébranlable issue d’un délire.   

Les «erreurs de jugement» de l’accusé lui sont donc apparues quand les «faits» se sont présentés, c’est-à-dire de tuer et d’attaquer des gens.  

Le contre-interrogatoire du neuropsychiatre va se poursuive mercredi matin, après quoi le dernier témoin de ce procès, le psychiatre Sylvain Faucher, sera entendu pour la Couronne. 

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