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L'article provient de Salut Bonjour

Privée de parole depuis dix ans à cause de la SLA, elle retrouve sa voix grâce à l’intelligence artificielle

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Photo portrait de Hugo Duchaine

Hugo Duchaine

2025-11-24T14:55:00Z
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Il y a près de 10 ans, la voix de Chantal Lanthier s'est éteinte à cause de la SLA. Depuis tout récemment, l'intelligence artificielle a permis à Chantal et sa famille de l'entendre à nouveau.

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Revoyez la chronique complète dans la vidéo en tête de cet article.

«Je suis parti à pleurer», confie Jocelyn Théorêt à propos de la première fois où il a réentendu la voix de sa conjointe, Chantal Lanthier, atteinte de sclérose latérale amyotrophique (SLA), il y a un mois.

«La mâchoire m’est tombée. Ça faisait tellement longtemps [...] C’était pareil, tellement elle, ce n’est pas juste une machine qui lit, ce sont les intonations, les pauses; tout est là», se réjouit l’homme de 74 ans.

Pour Chantal Lanthier, âgée de 59 ans, le logiciel qui lui redonne la parole lui permet aussi de «retrouver sa dignité».

«Ça me donne l’impression de me reconnecter à moi-même. C’est tellement réaliste que mon cerveau croit vraiment que c’est moi [...] De pouvoir converser à nouveau en tant qu’être humain change ma vie», dicte-t-elle au logiciel, qui le répète au son de sa voix.

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«Tout le monde pleurait»

Ils ont récemment causé la surprise au sein de leurs amis lors d’un dîner. Jocelyn Théorêt leur a annoncé que sa conjointe voulait livrer un discours... et sa voix d’antan a résonné autour de la table pour la première fois depuis 2016.

«Tout le monde pleurait, c’était fou», dit-il.

Ensemble depuis plus de 30 ans, le couple de Sainte-Thérèse s’est rencontré alors qu’ils étaient tous les deux des agents correctionnels dans l’ancienne prison de Laval. Leur vie a basculé en 2013, quand Chantal Lanthier a obtenu un diagnostic de SLA.

Dans un scaphandre

Aussi appelée la maladie de Lou-Gehrig, la SLA s’attaque aux cellules nerveuses qui régissent les muscles. Le cerveau perd la capacité d’envoyer des messages aux muscles, qui ensuite s’atrophient.

«Tu deviens prisonnier de ton corps, comme si tu vivais dans un scaphandre», explique M. Théôrêt.

Chantal Lanthier, qui est atteinte de la SLA, avec et son conjoint Jocelyn Théorêt à Sainte-Thérèse.
Chantal Lanthier, qui est atteinte de la SLA, avec et son conjoint Jocelyn Théorêt à Sainte-Thérèse. Photo Agence QMI, JOËL LEMAY

En seulement quelques années, Chantal Lanthier a perdu l’usage de ses jambes, la privant des sorties à moto qu’elle adorait. Puis, elle a perdu la parole, la forçant à communiquer avec des sons et ses yeux.

Jusqu’à une visite de routine cet automne au Neuro, l’Institut-hôpital neurologique de Montréal, où le couple s’est fait offrir d’essayer un logiciel d’intelligence artificielle pouvant cloner sa voix à l’aide de vieux enregistrements.

«Tout ce qu’elle écrit, la voix le dit [...] Et c’est avec sa voix, ce n’est pas une voix artificielle que je ne connais pas», explique Jocelyn Théorêt.

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Photo Agence QMI, JOËL LEMAY
Photo Agence QMI, JOËL LEMAY

Pour le couple, c’est une preuve «que l’IA n’a pas que des défauts».

Le plus précieux pour Chantal Lanthier reste d’avoir retrouvé la possibilité de dire «je t’aime» et «merci» aussi souvent qu’elle le souhaite.

10 secondes pour cloner une voix

Un enregistrement de seulement 10 secondes suffit à recréer la voix d’une personne avec l’intelligence artificielle.

«C’est un clone de voix qui peut dire de nouvelles choses, créer de nouveaux messages», explique l’orthophoniste au Neuro du Centre universitaire de santé McGill à Montréal Yasmine Kheloufi.

La technologie a rapidement fait des bonds de géant et elle se met désormais au service des malades ayant perdu la voix.

Yasmine Kheloufi est orthophoniste au Neuro à Montréal.
Yasmine Kheloufi est orthophoniste au Neuro à Montréal. PHOTO FOURNIE PAR LE NEURO

Mme Kheloufi souligne que depuis plusieurs années, des personnes atteintes de sclérose latérale amyotrophique (SLA) pouvaient enregistrer d’avance certaines phrases communes avant de perdre la parole.

Mais la voix demeurait artificielle ou robotique, dit-elle. C’était aussi coûteux et ça représentait un exercice laborieux pour les malades, qui devaient aussi absorber le choc du diagnostic.

Gratuit

Grâce à un programme de la Fondation Scott Morgan et de l’entreprise ElevenLabs offert à des malades du monde entier, déjà cinq patients du Neuro ont eu accès au clonage gratuitement.

«Ça aide les gens à retrouver une partie de leur identité que leur enlève la SLA», souligne Mme Kheloufi.

Seulement 10 secondes peuvent suffire pour reproduire l’accent ou les intonations d’une personne.

Pour Chantal Lanthier, le logiciel disposait de 39 minutes de son, enregistrées lors de divers discours qu’elle avait livrés pour sensibiliser les gens à sa maladie avant de perdre la parole.

Yasmine Kheloufi se réjouit que le programme soit bientôt élargi à d’autres maladies, comme celle du Parkinson, ou aux personnes ayant subi des opérations à la gorge ou au cou.

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