Présumé viol collectif à Granby: la victime décrit courageusement sa nuit d’horreur
Trois hommes subissent actuellement un procès pour agression sexuelle


Laurent Lavoie
Une femme de 32 ans qui aurait été violée par trois amis lors d’une soirée de fête en juin 2020 à Granby a courageusement témoigné devant le tribunal de l’état choc entraîné par sa nuit d’horreur.
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«J’étais désorientée, a témoigné la victime, avec à ses côtés un chien de soutien. J’étais comme un enfant sans ses parents perdu à l’aéroport.»
«Ça n’aurait jamais dû se passer de cette façon, qu’on me touche sans me demander ma permission», a insisté celle dont l’identité est protégée par la cour.
Dans la salle d’audience du palais de justice de Granby, un imposant paravent prévenait tout contact visuel entre la victime et James Suarez-Cabrera, Naeem Rasouli et Nilson Lozano-Lozada, qui sont accusés d’agression sexuelle dans cette affaire.
Le procès des hommes âgés de 35 à 42 ans débute cette semaine devant un jury composé de 10 hommes et quatre femmes.
Mardi, la victime s'est replongée avec aplomb dans le déroulement de la soirée du 6 juin 2020.

Perte de contrôle
Après quelques consommations lors d’une fête chez une amie, «j’étais toujours en état, tout était correct», a-t-elle décrit lors de l’interrogatoire de la Couronne.
C’est au retour d’une visite au dépanneur, durant laquelle elle a fait une chute, que «ça s’est dégradé, comme rapide».
La trentenaire s’est plus tard retrouvée dans un véhicule, et a repris connaissance chez Naeem Rasouli.
Les trois accusés auraient tous profité de l’état d’intoxication de la jeune femme, sur un divan-lit dans le sous-sol.
À différents moments, Nilson Lozano-Lozada aurait commis des attouchements et l’aurait pénétrée.
«Je ne comprenais pas, je n’étais pas bien, a dit celle qui n’aurait pas consommé de drogue, du moins de son plein gré, ce soir-là. Je ne savais pas qu’est-ce que je faisais là.»
James Suarez-Cabrera aurait été le deuxième à agresser la jeune femme, qui était alors «perturbée». «Il a fini ce qu’il avait à faire, et il est parti», a-t-elle illustré.

Comme un objet
Prétextant les rapports avec les deux autres hommes, Naeem Rasouli aurait aussi commencé à toucher aux parties intimes de la victime, qui refusait ses avances.
«Je me sentais comme un objet.»
Dans les heures qui ont suivi le calvaire, la plaignante a été bouleversée par un cocktail d’émotions.
«Je me disais que c’était de ma faute, que si je n’y étais pas allée, ce ne serait pas arrivé. [...] Aujourd’hui, ce n’est pas la même perception, après trois ans et demi [...]», a-t-elle fait savoir.
Mes Valérie Simard-Croteau et Karyne Goulet plaident pour le ministère public. Mes Anne Tétreault, Julie Lepage, Robert Jodoin représentent les accusés.
Le procès, qui se déroule tout le mois, reprend demain à Granby.
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