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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Accusé d’avoir violé deux sœurs: un Montréalais acquitté durant sa cavale

Le juge n’a pas été convaincu hors de tout doute raisonnable que les deux femmes n’étaient pas consentantes

Photo Agence QMI, Mario Beauregard
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Photo portrait de Michael Nguyen

Michael Nguyen

2023-11-07T20:30:00Z
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Même s’il a fui le pays en plein pendant les procédures judiciaires, un Montréalais qui était accusé d’avoir violé deux sœurs intoxiquées lors de fêtes arrosées a finalement été acquitté par un juge qui ne pouvait exclure le fait que les relations étaient consentantes.

• À lire aussi: Agressions sexuelles sur deux sœurs: un «très rare» procès sans l’accusé, qui a fui le pays

«Malgré une méprise courante [...], le simple fait d’être intoxiqué ne rend pas forcément une personne inapte à consentir à des relations sexuelles», a expliqué le juge Dennis Galiatsatos, lundi, au palais de justice de Montréal.

Fait extrêmement rare, l’accusé, Yacine Douiri, 37 ans, n’était pas présent pour accueillir ce verdict. Et pour cause, le procès s’était déroulé sans lui, étant donné qu’il avait pris la poudre d’escampette en France avec un passeport qu’il avait caché aux autorités.

«Le tribunal considère la fuite de Douiri [...] comme une preuve de conscience coupable», a dit le juge.

Sauf que cela ne suffisait pas à le condamner, encore fallait-il que les plaignantes soient crues hors de tout doute raisonnable. Et dans ce cas-ci, ça n’a pas été le cas.

Doute raisonnable

C’est que selon la preuve de la Couronne, Douiri s’en serait pris aux deux sœurs à quelques mois d’intervalles en 2021, lors de fêtes où se mélangeaient alcool et cocaïne. Les deux sœurs s’étaient éventuellement confié l’une à l’autre, et avaient porté plainte à la police, menant à la mise en accusation de Douiri. Sauf que des contradictions dans leurs témoignages ont jeté un doute sur leur fiabilité, a noté le juge dans une décision exhaustive et nuancée de 47 pages.

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Mais cet élément seul ne suffisait pas pour prononcer l’acquittement, a rappelé le juge. Car en plus de cela, dans le cas d’une des plaignantes, il n’était pas clair si elle n’était réellement «pas capable de consentir» en raison de son intoxication, ou si sa baisse d’inhibition l’avait menée à faire «des mauvais choix qu’elle a amèrement regrettés par la suite». 

Dans le cas de la deuxième plaignante, des témoignages de ses amis avaient également jeté un doute sur l’état d’intoxication. D’autres détails importants relatés par ces témoins, mais omis par la plaignante, ont également miné la crédibilité de la jeune femme. 

Après que le juge eut soupesé et analysé chaque élément de preuve, un doute sur la culpabilité de Douiri est demeuré, si bien qu’il a été acquitté.

Cas particulier

Mais ce cas particulier ne doit pas laisser croire qu’une femme intoxiquée ne sera jamais crue en cas de viol, a prévenu le juge en ajoutant que «tragiquement, les cas impliquant les agressions sexuelles de victimes intoxiquées se comptent par centaines».

«De toute évidence, en raison de leur état de vulnérabilité accrue, ces victimes méritent une protection engagée de la part du système judiciaire», a-t-il souligné en ajoutant que «chaque cas est un cas d’espèce».

Douiri, de son côté, pourra revenir au pays s’il le souhaite, étant donné son acquittement. Il est toutefois toujours accusé de non-respect des conditions, mais même s’il est reconnu coupable, la sentence est souvent minime pour ce genre de crime.

La procureure de la Couronne, Me Sandra Tremblay, a pour sa part souligné le courage des deux sœurs qui ont témoigné à la cour.

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