Abus sexuels il y a 40 ans: un ex-coach vedette de patinage artistique envoyé en prison

Un ex-entraîneur vedette de patinage artistique coupable d’abus sexuels sur un ado devra purger un an de prison, a ordonné une juge, en soulignant que le soutien du milieu à l’endroit de l’accusé démontre le travail à faire pour protéger les enfants.

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«Bien que les témoignages entendus en appui à l’accusé lui soient apparus sincères, ils illustrent bien dans quelle mesure la violence sexuelle faite aux enfants peut être invisible aux yeux de la société», a commenté la juge Josée Bélanger ce lundi, au palais de justice de Montréal.

Juste après, Richard Gauthier se faisait passer les menottes, sous le regard de plusieurs de ses proches visiblement déçus de la tournure des événements. Car bien que l’accusé de 61 ans ait été déclaré coupable d’agression sexuelle et de grossière indécence sur l'un de ses élèves dans les années 80, plusieurs figures importantes du patinage artistique lui avaient apporté un soutien quasi inconditionnel. 

Minimisation

C’était le cas de l’ex-président de Patinage Canada et actuel vice-président de l’Union internationale de patinage, Benoît Lavoie, l’ancien champion canadien de patinage en couple Craig Buntin, ou encore l’ex-patineur Mervin Tran. Au total, Gauthier avait déposé 23 lettres d’appréciation, espérant s’en sortir avec de la prison à domicile ou de l’incarcération de fin de semaine.

«Sans aucun doute, ces gens minimisent [les crimes commis], a commenté la victime à la sortie de la salle d’audience. Ça prouve la difficulté de dénoncer, ça prouve que les organismes ne sont pas capables de se gérer [face aux abus sexuels dans le sport].»

C’est que Gauthier était considéré comme l'un des meilleurs entraîneurs de patinage artistique au Canada, ce qui lui avait valu d’être intronisé au Temple de la renommée. Or, au début de sa carrière, il a abusé d’un jeune adolescent sous son aile. 

«Ces gestes sont posés dans un contexte d’abus de confiance et d’autorité à l’égard d’une victime qui est dans une situation de vulnérabilité», a noté la juge.

Et comme l’ado admirait Gauthier, il avait gardé le silence pendant des années.

«[Gauthier] a souligné qu’il a été chanceux d’avoir eu 40 années de belle carrière. Moi, je n’ai pas eu cette chance, ça fait 40 ans que je souffre de ce qu’il m’a fait subir», avait dit la victime, ajoutant ce lundi que porter plainte a été «la meilleure décision».

Dénoncer

Visiblement ému, l’ado devenu adulte s’est dit «vraiment heureux» de tout le processus judiciaire, tout en encourageant les victimes à dénoncer.

La procureure de la Couronne, M^e Christine Desjarlais, a abondé dans le même sens.

«On veut entendre la voix des victimes, c’est important, a-t-elle dit. On ne veut pas qu’elles restent invisibles.»

M^e Desjarlais s’est d’ailleurs dite «très satisfaite» de la sentence, même si elle réclamait 18 mois de prison plutôt que 12. Elle a toutefois rappelé que la juge avait écarté l’option de la prison à domicile.

«Cela banaliserait la gravité des infractions d’ordre sexuel envers les enfants», a dit la juge, qui a ajouté à la peine de prison une probation de deux ans. 

Gauthier a toutefois réussi à ne pas être inscrit au registre des délinquants sexuels.