Pourquoi Patrick Huard tenait à faire revivre «Bon cop, bad cop» en série
La série «Bon cop, bad cop» sur Crave, dès 2026
Marjolaine Simard
Patrick Huard reprend les traits de David Bouchard, ce policier attachant que l’on a appris à aimer dans les deux films Bon cop Bad cop. Cette fois, il revient dans une toute nouvelle mouture: une série télé en six épisodes. Il nous raconte cette expérience unique, partagée avec son nouveau partenaire de jeu, Henry Czerny, son fils Nathan, sa conjointe, Anick Jean, et des amis de la réserve autochtone de Gesgapegiag. Une aventure humaine et professionnelle qui l’a déjà profondément marquée.
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Patrick, qu’est-ce qui t’a donné envie de passer du grand écran au petit écran avec ton succès Bon cop Bad cop?
Je voulais faire exploser le concept de base: la formule des deux gars, un Anglo et un Franco. C’était vraiment un concept le fun, mais j’avais l’impression d’avoir bouclé cette boucle. Cette fois, je voulais explorer une autre réalité canadienne: celle des cultures autochtones. Et tant qu’à y être, j’y ai ajouté le choc des générations: d’un côté, les policiers plus âgés, comme mon personnage et celui de Martin Ward, maintenant incarné par Henry Czerny; de l’autre, les plus jeunes, comme Joe Broom, chef de police de la réserve de Gesgapegiag en Gaspésie, joué par Joshua Odjick, et Gabrielle, la fille de mon personnage, interprétée par Sarah-Jeanne Labrosse, qui marche dans ses pas, puisqu’elle est devenue policière.
Qu’est-ce qui t’a donné envie d’aborder la réalité autochtone?
Le personnage de Joe Broom est largement inspiré de mon ami Quentin Condo, qui a été notre consultant sur la série. C’est génial de pouvoir créer un personnage à partir d’un ami. Dans la vraie vie, Quentin s’occupe de cinq garçons et d’une fille, âgés de 13 à 23 ans. On s’en est inspiré pour imaginer Joe Broom: un gars dont la mère s’est remariée et a eu plusieurs enfants. Avec l’aide de ses cousins et cousines, il a décidé de s’occuper d’eux. Résultat: à 28 ans, il a déjà sept enfants à charge à la maison.
On peut dire que Joe est un gars solide, capable d’en prendre...
Oui, il élève une famille tout en assumant son rôle de chef de police dans sa communauté. Il doit composer avec la nouvelle génération et l’ancienne, naviguer entre modernité et traditions. Mais à force d’en porter sur ses épaules, il finit par réaliser que ça commence à faire beaucoup. C’est à ce moment-là qu’il retrouve une ancienne collègue de l’école de police, qui n’est autre que Gabrielle, la fille de David.

C’était comment de tourner dans la réserve autochtone de Gesgapegiag?
La réserve est située tout près de Maria, en Gaspésie, le village natal de ma blonde, Anick Jean. On y a tourné pendant deux semaines. Des enfants et des aînés de la communauté ont joué dans la série, et on a même eu des scènes où près de cent personnes de Gesgapegiag étaient présentes. On a ri, on a pleuré... on a tout vécu. Ç'a été une expérience exceptionnelle. Parfois, dans un projet, il y a des moments où tu te dis: «Ça, je ne l’ai jamais vécu.» Alors tu savoures chaque seconde, parce que tu sais que tu ne revivras peut-être jamais quelque chose d’aussi spécial, d'aussi différent, intense et enrichissant à tous les niveaux.
Tu as aussi tenu à ce que la nouvelle patronne de David soit une femme...
Oui, je voulais absolument que sa boss soit une femme. Elle s’appelle Kim Dupuis et c’est Christine Beaulieu qui joue ce rôle. Aussi, je me suis dit que ce serait intéressant que son partenaire, Martin Ward, en ait marre du métier de policier et qu’il ait envie d’amener son expertise ailleurs, dans le milieu politique. Je me suis demandé: «Qu’est-ce que ça donnerait de réunir toutes ces idées-là ensemble?» Et je réalise que ça fonctionne vraiment bien. Parce qu’au fond, la véritable essence de Bon cop, bad cop, c’est le relationnel. Ce sont des personnes qui, sur papier, ne devraient pas s’entendre, qui sont un peu dysfonctionnelles, mais qui finissent par trouver une façon de travailler ensemble. Ce qui, finalement, est un peu l’histoire de nos vies.

De plus, David est aussi sur le point de devenir grand-père...
Oui, on explore beaucoup sa relation avec sa fille Gabrielle, qui attend un enfant. C’est une grosse étape, devenir grand-père. On découvre aussi que David vit une certaine solitude. Il réalise qu’il a vraiment peur d’arrêter de travailler, parce que, s’il ne travaille plus, il n’a plus rien. Son seul véritable ami, c’est Elliot, un jeune homme incarné par mon fils, Nathan Jean-Huard. Et Elliot a seulement 13 ans. Ça en dit long sur la maturité de David. (rires)

Tu as donc tourné avec ton fils...
Oui, et c’était vraiment très drôle de jouer ensemble à l’écran. Cette série, c’est vraiment une histoire de famille. Ma blonde réalise aussi un épisode et assure la trame sonore de la série. Anick, c’est ma partenaire dans tout, dans la vie comme au travail. Sans elle, on ne serait pas allés au bout de ce projet.
Les idées pour la série sont donc venues d'une vision commune...
Exactement! Et Quentin, qui a inspiré le personnage de Joe Broom, est un ami d’Anick depuis qu’elle a 18 ans. C'est devenu un de mes amis aussi. Tout est dans tout. Par exemple, Joshua Odjick, qui joue dans la série, a sa mère qui y joue aussi. Ils ont partagé des scènes assez intenses ensemble. La blonde de son fils fait même elle aussi partie de la distribution. C’est vraiment une grande histoire de famille, devant comme derrière la caméra.

On constate que tu arbores une belle cicatrice sur la joue. Ton personnage se fait brasser pas mal...
Ah oui! David se fait maganer de toutes les façons possibles: physiquement, émotionnellement, mentalement... il passe au cash! En écrivant les scènes avec mes coauteurs, je ne réalisais pas à quel point. Mais là, je peux vous dire qu’il est tout le temps en train de manger une volée. Ça ne va pas bien! (rires) Résultat: beaucoup de maquillage et beaucoup de cascades.

On sait que Colm Feore a dû être remplacé. Ton nouveau partenaire de jeu est Henry Czerny. As-tu été un peu triste de perdre ton collègue?
Je ne suis pas nostalgique, je regarde toujours en avant. Donc je me suis dit: «Let’s go! Let’s move on.» Henry est arrivé comme un sauveur. Il m’a tout de suite fait confiance, et ça m’a vraiment touché. Je savais que c’était la bonne personne. On s’était parlé sur FaceTime, mais quand on s’est rencontrés en personne, je me suis dit: «My God, ça va marcher, cette affaire-là!» Ç'a tout de suite cliqué. Le tango qu’on danse ensemble est vraiment différent de la dynamique que j'avais avec Colm. Henry a un excellent timing comique et c’est un acteur très physique, comme moi. Ça crée quelque chose de vraiment drôle. J’ai hâte que les gens voient ça!