Un ancien participant de la téléréalité «Les Traîtres» soupçonné de s’être accaparé illégalement de centaines de milliers de dollars

Jean-François Cloutier
L’ancien agent de renseignement Michel Juneau-Katsuya, qui a participé à la téléréalité Les Traîtres animée par Karine Vanasse, est dans la ligne de mire de l’Autorité des marchés financiers (AMF), qui le soupçonne de s’être accaparé illégalement des centaines de milliers de dollars auprès de petits épargnants et d’avoir fait de l’entrave en intimidant un témoin.
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Par son passé d’enquêteur à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et de directeur de bureau au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), Michel Juneau-Katsuya est devenu un expert bien connu dans le monde des médias. En 2024, il a même participé au jeu de téléréalité Les Traîtres, de Karine Vanasse, sur Noovo.
Il doit maintenant se défendre contre le chien de garde québécois des marchés financiers, selon des documents obtenus par notre Bureau d’enquête. L’AMF allègue non seulement qu’il aurait sollicité illégalement 283 000 $ auprès de 14 personnes, mais qu’il aurait aussi fourni des informations fausses ou trompeuses à des investisseurs.

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Application de sécurité
Les fonds recueillis devaient servir à une société du nom de Protect-Yu Security & Technologies inc., selon les allégations de la poursuite initiée l’an dernier. L’entreprise devait commercialiser une application permettant de coordonner les mesures d’urgence dans des lieux publics lors de crises, mais le projet s’est avéré un échec.
Une dizaine de pénitenciers marocains figuraient parmi les clients potentiels. Le Cégep Gérald-Godin, à Montréal, avait été mis dans le coup et devait servir de vitrine technologique.
Le projet de Juneau-Katusya a fini par être déserté par les promoteurs, selon l'AMF, et aurait englouti plus de 650 000$ en fonds publics, notamment d'Investissement Québec.
L’AMF soutient qu’un ex-policier, qui intervient régulièrement dans plusieurs médias (mais qui n’est pas nommé dans les procédures), compte parmi les gens qui ont perdu de l’argent dans cette affaire.
D’anciens cadets de la base de Valcartier que Juneau-Katsuya avait connus dans les années 1970 auraient aussi fait partie des personnes sollicitées.
Fausses informations
Afin de dorer la pilule, Juneau-Katsuya aurait notamment assuré qu’il ne tirait pas de salaire dans ce projet, ce qui était faux, selon l’AMF. Lui et une autre personne poursuivie, Pierre G. Fillion, auraient perçu au moins 25 000$ de l’entreprise.
Des remboursements de dépenses additionnels de plus de 75 000$ sont aussi jugés problématiques, tout comme l’acquittement de soldes de cartes de crédit de plus de 88 000$. «Les salaires étaient erronés», estime l’AMF.
Les documents judiciaires révèlent par ailleurs non seulement que l’entreprise a fait faillite, mais que Michel Juneau-Katusya s’est lui-même personnellement déclaré insolvable en 2021.
Légitime, selon lui
L’AMF réclame à Juneau-Katusya des pénalités totalisant 150 000$, dont 30 000$ pour avoir transmis des informations inexactes et 70 000$ pour des placements sans prospectus.
Michel Juneau-Katsuya n’a pas encore produit de défense dans ce dossier. L’AMF le cite toutefois, lui qui affirme n’avoir violé aucune loi et que l’argent reçu d’investisseurs était du «love money» légitime, c’est-à-dire de l’argent provenant de personnes très proches comme des membres de la famille et des amis.
Les allégations selon lesquelles il aurait vendu des actions sous de faux prétextes et de fausses représentations sont dénuées de tout fondement, estime-t-il dans une communication citée dans la procédure.
Il aurait tenté d’intimider un investisseur
Michel Juneau-Katsuya aurait rédigé un courriel jugé menaçant à un investisseur alors qu’il le soupçonnait – à tort - de collaborer avec l’AMF dans ce dossier.
«Tu t’attaque (sic) à un agent de renseignement de métier. Ça va bientôt être ta fête... et ça c’est une promesse. J’ai fait affaire dans ma carrière avec de grands criminels, des terroristes, des seigneurs de guerre et autres pourris mais je peux te garantir que tous ces voyous ont démontré plus d’intégrité et de sens de l’honneur que toi», lui écrit-il notamment dans un courriel cité dans le recours.
Juneau-Katsuya reproche à cet investisseur d’être allé, lui et «deux clowns dans [s]on réseau, aux policiers» et à l’AMF, entre autres.
«Vous êtes des pourris et des vauriens. [...] J’ai de la peine pour vos familles, car ils vont voir bientôt ce fait au grand jour et publiquement», lâche-t-il.
L’ancien agent assure ensuite à cet investisseur et à ceux qu’il soupçonne de collaborer avec lui que le «cirque va bientôt passer dans [leur] voisinage».
Ces propos «représentent une tentative d’intimider [l’investisseur] au motif que ce dernier collaborait à l’enquête de l’Autorité», estime l’AMF qui réclame une pénalité de 50 000$ en lien avec ceux-ci.