Visages de notre histoire: portrait de Rose-Alma Ouellette, dite «La Poune»

Centre des Mémoires Montréalaises
Jeune et frivole
Née le 25 août 1903, Rose-Alma Ouellette est la fille de François Ouellette, barbier, et de Joséphine Lasanté. La vie est dure dans le faubourg à m’lasse où la mortalité infantile frappe sans pitié. Sur 21 enfants, seulement quatre filles survivent jusqu’à l’âge adulte, dont « le petit diable » de la famille, Rose Ouellette. Très tôt, les petites perdent leur père, qui décède la veille de Noël 1912. Plaçant temporairement ses filles, Joséphine Lasanté commence à travailler à l’entretien ménager au Monument-National où elle fait la rencontre de Joseph Beaudoin avec lequel elle se remarie. Lors de sa scolarité, le caractère frivole de la jeune Rose Ouellette l’amène à être expulsée de la plupart des écoles qu’elle fréquente. À 13 ans, elle commence à travailler à une manufacture de chaussure, où elle sort son accordéon à l’heure du midi pour distraire ses collègues d’usine. Bientôt, son talent pour le spectacle l’amène à poursuivre une carrière haute en couleur.
RÉALISATIONS
La reine du burlesque québécois

C’est en 1915 que Rose Ouellette participe à son premier concours au Ouimetoscope, où elle gagne l’ovation du public et le premier prix de... 5 $ ! La mode est alors au burlesque sans effeuillage. Les chansons et les monologues comiques ainsi que les sketches improvisés sont au rendez-vous. Véritable étoile montante, Rose Ouellette est surnommée d’abord « Casserole », puis « la Poune » par Olivier Guimond (père). Dès 1928, l’artiste enregistre ses premières chansons chez RCA Victor tout en débutant sa carrière de directrice au Théâtre Cartier dans Saint-Henri. En 1936, elle prend la tête du Théâtre National. De nombreux artistes l’accompagnent dans ses spectacles, dont la talentueuse Alys Robi. En 1953, la Poune quitte le Théâtre National pour partir en tournée avec Jean Grimaldi. Tout en apparaissant à la télévision et au cinéma, Rose Ouellette continue d’enregistrer des disques. Elle joue également aux côtés de Gilles Latulippe au Théâtre des Variétés jusqu’à sa retraite à 90 ans.
HÉRITAGE
« Le siècle de la Poune »

Avec son petit chapeau blanc, ses sketches comiques et ses chansons entraînantes comme C’est d’la faute à poupa, la Poune laisse un souvenir marquant dans la mémoire populaire québécoise. Première directrice de deux théâtres en Amérique du Nord, Rose Ouellette est une pionnière. Bien peu de femmes dirigent alors leur propre troupe. Au rythme de deux représentations par jour au Théâtre National, elle donne plus de 10 000 spectacles. Comme directrice, elle coordonne chaque répétition, ainsi que les costumes, les décors et la musique, comme la programmation change chaque semaine. Ce dur travail est couronné de succès. Ses spectacles sont appréciés de tous, même par Valery Giscard d’Estaing qui vient la voir à la fin des années 1940. Récipiendaire du prix hommage de l’ADISQ en 1983 et chevalière de l’Ordre national du Québec en 1990, la grande dame de la comédie québécoise a une rue nommée en sa mémoire dans l’arrondissement
Rosemont–Petite-Patrie depuis 1998.