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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Visages de notre histoire: portrait de Gaby Bernier

Photo Mlle Gabie Bernier, Montréal, 1926, Wm. Notman & Son,1926, 20e siècleII-275536, Musée McCord
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Centre des Mémoires Montréalaises

2021-08-08T04:00:00Z
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La Coco Chanel montréalaise

Née le 12 juin 1901, Gabrielle Fabiola Bernier grandit dans la résidence familiale du 1626, avenue Bourgogne à Chambly, en compagnie de ses parents, sa sœur Éva et son frère Donio. Employé au barrage hydroélectrique de Chambly de la Montreal Light, Heat & Power, Elzéar Bernier meurt électrocuté en 1909. Engagée dans une poursuite judiciaire coûteuse pour obtenir réparation pour le décès accidentel de son mari, Séneville Bernier quitte Chambly avec ses enfants et reprend sa profession d’infirmière à Montréal pour subvenir aux besoins de la famille. Après avoir fréquenté le couvent de la Congrégation Notre-Dame à Chambly, les deux sœurs continuent leurs études au pensionnat Sainte-Catherine à Montréal. Si Gabrielle devient assez habile au piano pour donner des leçons, c’est vers la couture qu’elle s’oriente à la fin de ses études. Cette passion pour la mode qu’elle entretient depuis l’enfance la mènera à un destin peu conventionnel pour son époque, à l’image de Coco Chanel. 

RÉALISATIONS 

Devenir une créatrice de haute couture 

Photo 26 mars 1936, Archives de la Ville de Montréal VM94-Z173-1
Photo 26 mars 1936, Archives de la Ville de Montréal VM94-Z173-1

Avant de devenir une grande créatrice de mode, Gabrielle Bernier, dite Gaby, est recrutée vers 19 ans par les renommés tailleurs Saint-Pierre et Oliver. Craignant de finir comme les « vieilles filles » qu’elle côtoie dans l’atelier des maîtres tailleurs, elle quitte l’endroit après quelques semaines pour travailler comme « première » au salon Madame de Pompadour d’Edna Jamieson, spécialisé dans le prêt-à-porter haut de gamme. Avec sa sœur Éva, Gaby apprend tout de la confection extravagante des robes portées fièrement par les « flappers » montréalaises, ornées de mille et une perles et paillettes. En 1927, la jeune femme ouvre sa première boutique sur la rue Sherbrooke Ouest. Si le salon connaît plusieurs adresses au fil des années, il reste toujours aux environs de l’Hôtel Ritz-Carlton, où elle organise son premier défilé solo en 1938. De fil en aiguille, la talentueuse Gaby Bernier conçoit des créations originales pour la haute société, mais aussi pour des pièces de théâtre et bals costumés. 

HÉRITAGE 

Les innovations d’une grande couturière

Photo Pantailleur, Gaby Bernier, vers 1942, Don de L. H. Hart. © Musée McCord M966.37.103.1-2
Photo Pantailleur, Gaby Bernier, vers 1942, Don de L. H. Hart. © Musée McCord M966.37.103.1-2

Malgré la Crise des années 1930 et la Deuxième Guerre mondiale, Gaby Bernier innove et se démarque dans le monde de la haute couture. Elle est la première à Montréal à lancer l’une des grandes sensations des années 1930 : le tailleur-pantalon pour femme ! En plus d’offrir des créations exclusives s’inspirant des grands défilés de Paris et de New York, son salon propose une sélection novatrice de prêt-à-porter et d’accessoires dès 1936. La créatrice de mode dessine également des modèles pour de grands manufacturiers de tissus comme Celanese ou Wabasso. À son décès, en 1976, elle lègue plus d’une centaine de créations, dont certaines sont aujourd’hui conservées au musée McCord. En plus d’un pavillon au collège Marie-Victorin et d’une rue à Chambly nommés en son honneur, la trajectoire exceptionnelle de créatrice de mode inspire la romancière Pauline Gil à écrire une trilogie bien connue du public. Qui sait, la vie de Gaby Bernier sera peut-être même portée prochainement au petit écran. À suivre...

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