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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Visages de notre histoire: portrait de Joseph-François Lafitau

Photo © Archives de la Ville de Montréal, fonds Jacques Viger, BM099-1_1-228
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Centre des Mémoires Montréalaises

2021-08-22T04:00:00Z
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Missionnaire jésuite

Né à Bordeaux en 1681, Joseph-François Lafitau est le fils de Jean Lafitau, banquier et marchand de vin, et Catherine Berchenbos. Grandissant dans une famille aisée, le jeune homme profite d’une bibliothèque bien garnie. Il baigne aussi dans l’atmosphère multiculturelle de sa ville natale, un port où les contacts avec le Nouveau Monde sont nombreux. Il devient jésuite après une longue formation qui lui donne les bases nécessaires pour écrire ses futures études sur les peuples autochtones du Canada. Une fois ordonné, Joseph-François Lafitau demande à son supérieur d’être envoyé en Nouvelle-France, ce qu’il pourra faire en 1712. Après un bref séjour à Québec, il part pour servir pendant six ans à la mission du Sault–Saint-Louis (Kahnawake), près de Montréal. Ses réflexions se nourrissent de cette expérience de vie avec les Autochtones, des échanges avec d’autres missionnaires et de la consultation des archives laissées par ses prédécesseurs. 

RÉALISATIONS 

La découverte du ginseng nord-américain 

Photo © Wikimedia Commons. Illustration tirée du mémoire de Joseph François Lafitau sur le ginseng, 1718.
Photo © Wikimedia Commons. Illustration tirée du mémoire de Joseph François Lafitau sur le ginseng, 1718.

Pour approfondir sa connaissance, Joseph-François Lafitau fait appel régulièrement aux savoirs autochtones, notamment sur la botanique. Sachant qu’il est possible que le ginseng pousse au Canada, il demande l’aide des Kanien’kehá:ka (Mohawks) pour trouver la racine médicale dans la région montréalaise. Après trois mois, c’est par hasard qu’il découvre un plant à côté d’une maison en construction. Il l’amène aussitôt à une femme herboriste de la mission. Elle reconnaît immédiatement la plante, nommée Tekaren’tó:ken, à cause de ses racines rappelant les jambes d’un homme. Si les Autochtones l’utilisent pour calmer les fièvres, le ginseng est très apprécié en Chine pour son effet tonique sur la santé. Peu après la publication de Joseph-François Lafitau sur le sujet en 1718, la racine devient le second produit d’exportation de la colonie après la fourrure. En plus de ses écrits sur le ginseng, le missionnaire laisse plus d’une dizaine d’œuvres, dont les plus importantes concernent les peuples autochtones. 

HÉRITAGE 

Des observations inédites sur les Autochtones 

Photo © Archives de la Ville de Montréal, fonds Jacques Viger, œuvre de James Duncan, BM099-1_1-254
Photo © Archives de la Ville de Montréal, fonds Jacques Viger, œuvre de James Duncan, BM099-1_1-254

Anthropologue avant l’heure, Joseph-François Lafitau s’intéresse aux cultures autochtones, cherchant à les décrire et à les comprendre. Dans son ouvrage datant de 1723, il relate des observations sur les Kanien’kehá:ka qui sont inédites. Remarquant l’autorité naturelle des femmes de Sault–Saint-Louis, il est le premier à évoquer l’impact des mères de clan sur les décisions prises par la communauté et leurs façons de diriger la maison-longue. Il note une foule d’informations pertinentes telle que l’utilisation de l’écorce de bouleau pour la fabrication des canots par les Anichinabek (Algonquins), qui se révèle plus résistante que l’écorce d’orme utilisée par les Kanien’kehá:ka. Il relève aussi leurs conceptions de la guerre de capture ou de deuil. Comparant les écrits d’anciens missionnaires avec des observations de terrain, Joseph-François Lafitau remarque la constance ou encore l’évolution des mœurs. Ses études comparatives constituent encore aujourd’hui une source importante pour les ethnologues et les historiens autochtones.

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