Portrait de lecteur: Ken Scott est toujours à la recherche de bons romans


Karine Vilder
Ma Mère, Dieu et Sylvie Vartan, le nouveau long métrage de Ken Scott, est maintenant en salle. On en a profité pour découvrir les coups de cœur littéraires du scénariste et réalisateur.
Le film Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan a été tiré du livre éponyme de Roland Perez. Quel autre livre rêveriez-vous un jour de scénariser et de réaliser?
Le roman jeunesse La valise d’Hana, de Karen Levine. C’est une histoire vraie qui se déroule au Japon, au Canada au début des années 2000, et en Tchécoslovaquie pendant la Deuxième Guerre mondiale. C’est une histoire qui parle de tolérance, de compassion et de respect, mais aussi des dangers de la désinformation et de la propagande. Avec tout ce qui se passe dans le monde depuis un certain temps, j’aimerais un jour avoir la chance de mettre ce livre en images.

Ceci étant dit, je suis toujours à la recherche de bons romans à adapter au cinéma. D’ailleurs, chaque fois que je rentre dans une librairie, je m’amuse à demander aux libraires – qui sont souvent évidemment d’avides lecteurs très informés – quel livre ils rêveraient de voir sur grand écran. Je suis toujours étonné des propositions. Pour tout dire, il n’y a pas encore eu une suggestion de la part d’un libraire qui m’a fait découvrir la pépite que j’aurais envie d’adapter, mais je garde l’espoir que ça arrivera un jour.
Vous avez quelques livres fétiches?
Oui, j’en ai quelques-uns, comme Correspondance avec des écrivains 1948-1984, de François Truffaut. Avec ces échanges épistolaires, on est plongé dans les coulisses de la création d’un des plus grands maîtres du septième art. Cette collection de lettres nous plonge au cœur des relations que Truffaut entretenait avec des auteurs prodigieux et des figures renommées de l’édition. On découvre son amour intense des tournages, mais aussi ses remises en question et les parts d’ombre de cet artiste qui a marqué une génération.

Il y a aussi Faire un film, de Sidney Lumet. C’est à la fois les mémoires du grand réalisateur Sidney Lumet et un survol de toutes les étapes de création d’un film. C’est une classe de maître incroyable.

Et puis The Big Goodbye: Chinatown et les dernières années d’Hollywood, de Sam Wasson. C’est l’histoire sulfureuse de la création du film mythique Chinatown.

Je termine avec Conversations avec Billy Wilder, de Cameron Crowe. Avec l’humour qu’on lui connaît, Billy Wilder se livre au réalisateur et scénariste Cameron Crowe. Comme dans ses merveilleux films, Wilder réussit à nous faire réfléchir, rire, et finalement, à nous émouvoir. Pour moi, Billy Wilder est le maître incontesté des comédies élégantes. Il est tout simplement le meilleur.
Et quel a été votre plus récent coup de cœur?
Un gentleman à Moscou, d’Amor Towles. En 1920, un ex-aristocrate se voit condamné par un tribunal à vivre en résidence surveillée dans un luxueux hôtel de Moscou. Il est intéressant de lire comment cet homme autrefois extrêmement riche et privilégié perd absolument tout, se voit emprisonné dans une cage dorée et obligé de trouver de nouvelles sources de bonheur.

Vous vous rappelez le tout premier roman que vous avez adoré?
Je me souviens que, très jeune, j’étais passionné par une série de romans qui se déroulaient dans le monde des courses automobiles. Malheureusement, je ne me rappelle pas le titre. Je vais donc me servir de mon appel à tous!
Est-ce qu’un roman vous a déjà très fortement ébranlé?
La vie devant soi, de Romain Gary. Avec ce jeune orphelin qui n’a pas de date de naissance et cette femme en fin de vie, Romain Gary m’a bouleversé en nous racontant cette histoire singulière du point de vue de Momo, le narrateur, en naviguant avec fluidité entre le tragique et le comique. J’adore toujours ces romans qui réussissent à aborder des thématiques graves avec humour.

Vous pouvez maintenant nous parler d’un livre qui a beaucoup compté dans votre vie?
Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan, de Roland Perez. J’ai lu le roman en février 2021, et aujourd’hui, avec la sortie de mon film qui porte le même titre, on peut dire que je viens tout juste de le déposer. J’ai vécu trois ans avec ce roman dans les mains, entouré d’Esther, de Roland et de toute la famille Perez. C’est un roman qui m’a beaucoup fait réfléchir aux mères et à tout ce qu’elles font pour leurs enfants.

Que comptez-vous lire dès que vous en aurez l’occasion?
Le maître des illusions, de Donna Tartt. Depuis 1992, plusieurs cinéastes financés par de grands studios américains ont tenté d’adapter ce roman pour le cinéma. Malgré leur casting pressenti toujours spectaculaire, les projets d’adaptation ont systématiquement déraillé. Je suis donc curieux de lire le roman qui a été un énorme succès afin de comprendre pourquoi il est inadaptable au cinéma.

Avec quel roman souhaitez-vous terminer cet entretien?
Je lis en ce moment La mer, de Yoko Ogawa, un recueil de sept nouvelles très courtes. Je vous le conseille si vous aimez les histoires oniriques qui font voyager.
