Pier-Yves Lavergne, héros dans l’ombre chez les Alouettes


Benoît Rioux
Pier-Yves Lavergne est de nature plutôt discrète. À plusieurs reprises au cours de l’entrevue, l’homme originaire de la région de l’Outaouais tient à s’assurer qu’on le présentera comme un élément parmi tant d’autres venant expliquer les récents succès des Alouettes.
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Adjoint au directeur général, Lavergne donne inévitablement beaucoup de crédit à son supérieur immédiat, Danny Maciocia. Il vante ensuite le travail de plusieurs collègues, dont Jean-Marc Edmé, directeur exécutif du personnel des joueurs, et Marcel Desjardins, assistant spécial dans le département des opérations football.
Un fait demeure : Lavergne fait certainement partie des plus grands héros dans l’ombre chez les Alouettes.
«"Héros dans l’ombre", ça le décrit parfaitement, avec la manière dont il se comporte et le rôle qu’il occupe», vient approuver Maciocia.
Au quotidien, il y a d’abord toute la gestion entourant la masse salariale de l’équipe, puis, durant les matchs, le Québécois de 35 ans s’occupe du respect du ratio de joueurs canadiens sur le terrain. Avec toutes les règles présentes dans la Ligue canadienne de football, il faut carrément être un génie pour y parvenir.
Dénicher le talent
Naturellement, ses tâches de recruteur ont ce je-ne-sais-quoi de plus mystique. Il fait ainsi partie de ces prospecteurs qui découvrent des pépites d’or devant servir aux Alouettes. Il visite notamment les camps de la NFL au mois d’août et il assiste aux bowls universitaires aux États-Unis, principalement en janvier, afin de dénicher de bons joueurs américains, mais aussi quelques Canadiens disponibles pour le repêchage.
«En plus de l’évaluation du talent, tu as trois composantes supplémentaires, selon moi, pour qu’un joueur ait du succès dans la LCF, expose Lavergne. Il faut que le joueur embrasse la réalité de la Ligue canadienne, il faut que les entraîneurs soient prêts à travailler avec l’athlète et il faut, évidemment, que le joueur demeure en santé. Sur ce dernier point, il y a aussi un élément chance.»
En plus des voyages, Lavergne passe des heures et des heures à regarder des vidéos et à effectuer des rapports. Il parle aux agents et suit également les transactions dans la NFL pour voir si certains joueurs visés vont être libérés.
Le receveur de passes Austin Mack et le demi défensif Kabion Ento ne sont que quelques-uns de ces joueurs américains que Lavergne a dénichés au cours des dernières années.

«La beauté avec ça, c’est que je peux voir un joueur en janvier tandis que Jean-Marc peut voir ce même joueur au mois d’août, par exemple, de préciser Lavergne. Nous sommes toujours en symbiose et c’est un travail collectif.»
«On va manquer plus souvent qu’on va réussir à faire des bons coups parce que ça reste difficile pour un joueur de s’établir dans la LCF, avec les règles, le ratio et tout le reste», conclut humblement Lavergne à propos du recrutement.
Du succès au repêchage
Le département des opérations football se réunit également pour préparer chaque année le tableau des espoirs à surveiller en vue du repêchage de la LCF, réservé aux joueurs canadiens.
Depuis l’arrivée de Lavergne avec les Alouettes en 2022, le club montréalais a notamment repêché Tyrell Richards, Tyson Philpot, Lwal Uguak, Geoffrey Cantin-Arku et, en avril dernier, le prometteur joueur de ligne offensive Tiger Shanks.
- Avant de se retrouver dans les bureaux, Pier-Yves Lavergne a joué au football en portant les couleurs des Gee-Gees de l’Université d’Ottawa, de 2010 à 2012. Il en a profité pour obtenir un baccalauréat en communication et une mineure en administration des affaires. Il a ensuite joué avec les Carabins de l’Université de Montréal en 2013 et en 2014 tout en réalisant une maîtrise en gestion.
Futur DG dans la LCF?
Autant le directeur général Danny Maciocia adore bénéficier des compétences de Pier-Yves Lavergne à ses côtés, autant il convient que son acolyte ferait un excellent DG dans la Ligue canadienne de football.
«Il ferait du très bon boulot, d’après moi», dit Maciocia en riant.
De son côté, Lavergne se tient loin des vagues et se considère honnêtement comme très heureux présentement avec les Alouettes. Il n’accepterait pas un tel défi sans que les conditions gagnantes soient réunies pour lui. Lavergne est bien dans le nid et vante à nouveau ses collègues actuels.
«Un jour, il aura l’opportunité d’être directeur général, mais il réalise déjà que tout le succès obtenu est rattaché à l’ensemble de l’équipe, estime Maciocia. C’est tellement important de s’entourer avec du bon monde.»
Une longue relation
Lavergne fait justement partie de ces personnes de qualité entourant Maciocia. Ce dernier est d’ailleurs celui qui avait recommandé le Québécois à Marcel Desjardins, alors directeur général du Rouge et Noir d’Ottawa, en 2016. Avant de se joindre aux Alouettes en 2022, Lavergne avait effectivement œuvré pendant six ans avec le Rouge et Noir.
«Pier-Yves, je le connais depuis longtemps alors que j’étais son entraîneur avec les Carabins de l’Université de Montréal, précise Maciocia. Il a fait partie de l’équipe de la conquête de 2014 de la coupe Vanier. Tu voyais déjà à ce moment qu’il avait une bonne tête de football.»

«Quand il est revenu, à Montréal, avec les Alouettes, tu pouvais voir une transformation majeure, grâce à l’expérience vécue à Ottawa», poursuit le DG des Alouettes.
Rarement à court de mots, Maciocia a du mal à décrire à quel point Lavergne est important pour lui, notamment pour la gestion de la masse salariale.
«C’est mon bras droit, vient-il illustrer. Non seulement il est capable de bien évaluer des joueurs, mais il sait comment assembler une formation compétitive.»