[PHOTOS] Maurice Richard contre un «goon» des Rangers: un combat historique qui a marqué sa carrière

Luc Laliberté
Nous apprenions récemment la désignation de Maurice Richard comme personnage historique du Québec. Lorsqu’on pense à Richard, on se souvient généralement de ses 50 buts en 50 matchs, de ses cinq buts dans un match après un déménagement ou de l’émeute de mars 1955.
Un autre fait d’armes peut être ajouté à cette liste et il contribue à la notoriété du joueur des Canadiens. Étonnamment, cette fois, ce n’est pas son extraordinaire talent de buteur qui est mis en évidence.
L’exploit est survenu en sol américain le 17 décembre 1944, sur la glace du mythique Madison Square Garden. L’homme au regard de feu se démarqua par ses aptitudes pugilistiques.

• À lire aussi: Maurice Richard désigné personnage historique du Québec
• À lire aussi: 25e anniversaire du décès de Maurice Richard: son souvenir demeure bien vivant
• À lire aussi: Le Rocket a sauvé la LNH

Un contexte particulier
La couverture médiatique du match reflète bien le contexte de l’époque et les caractéristiques des deux joueurs.
Richard, c’est le Canadien français déterminé qui représente bien ces «porteurs d’eau» dans une société dominée par l’élite anglophone.
À force de talent et de combativité, ce «Flying Frenchman» fait alors face à un anglophone de New York qui, moins talentueux que son opposant, s’est hissé chez les Rangers grâce à ses poings.


L’homme le plus méchant du hockey
Originaire du Minnesota, Bob Dill est un athlète globalement assez doué. Non seulement va-t-il se démarquer par sa rudesse, mais il va aussi participer au match des étoiles de l’Eastern Hockey League en 1942-1943.
Le surnom de «Killer» lui est accolé après qu’il a fracturé le nez de l’arbitre Gordon Parsons, geste pour lequel Dill a été suspendu indéfiniment de l’American Hockey League.
C’est en 1944 qu’il est rappelé par les Rangers. Celui qu’on appelait également «l’homme le plus méchant du hockey» devait assurer une présence intimidante.

Pas un, mais deux combats
Si ce n’est pas la première fois que les deux joueurs s’affrontent, l’intensité grimpe d’un cran le 17 décembre 1944.
Selon la légende, le talentueux et pacifique Rocket passe le K.O. à son rival à deux reprises, chaque fois à l’aide d’un seul coup de poing. La première fois sur la surface de jeu, l’autre au banc des punitions (les joueurs n’y étaient pas séparés à l’époque).

Comme bien des récits de légendes, celui-ci a besoin de quelques nuances et les journaux et témoins de l’époque offrent parfois des visions complémentaires ou contradictoires.
Si Maurice Richard sort indiscutablement vainqueur des deux combats, certains le considèrent comme l’instigateur, alors que d’autres rappellent que Dill l’a couché lors d’une première escarmouche.
Dill lui-même, et plus tard son fils, ont souligné que, si le jouer des Rangers a bel et bien été ébranlé, il n’a pas été mis K.O.


On pourrait également ajouter que, si le Rocket n’est pas un bagarreur, le recours au qualificatif «pacifique» entre en contradiction avec son style teigneux et des gestes violents qui ont ponctué sa carrière.
Au-delà de ce débat entourant les faits, ces deux bagarres vont sonner le glas de la carrière de Dill dans la Ligue nationale et contribuer à la légende naissante du Montréalais.
