«L’homme qui aimait trop»: Patrice Godin dans la peau d’un polyamoureux


Guillaume Picard
Près de 30 ans après sa sortie de l’École nationale de théâtre, Patrice Godin vit les plus beaux moments de sa carrière de comédien.
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Ces dernières années, il a plongé dans différents univers, élargissant son terrain de jeu pour son plus grand plaisir.
Des séries plus vitaminées comme Blue Moon sont venues combler l’athlète en lui, mais il a aussi eu à défendre, avec toute l’expérience acquise, des personnages plus complexes, comme le policier psychopathe Yanick Dubeau dans District 31 et maintenant Marc-Alexandre Moisan dans la nouvelle série des auteurs Anne Boyer et Michel D’Astous, L’homme qui aimait trop, qui sera diffusée sur Noovo à compter du mardi 11 janvier, à 20h.
Dans le cadre de cette autre collaboration avec Duo Productions – après Mon fils, en 2019 –, Patrice Godin incarne un représentant commercial qui a deux familles, l’une à Mont-Royal, sur l’île de Montréal, et l’autre à Magog, en Estrie. Chacune ignore l’existence de l’autre. Le quinquagénaire est incapable de faire un choix entre Josée (Hélène Florent) et Geneviève (Fanny Mallette), entretenant deux vies avec tout le stress que cela engendre.

Non satisfait d’avoir deux téléphones cellulaires à gérer, Marc-Alexandre succombe même aux charmes de Nadira (Nadia Kounda), qui devient sa maîtresse au début de la série. Cette dernière est établie depuis peu à Bromont, entre les deux autres résidences du protagoniste.
Tout éclate quand Marc-Alexandre est victime d’un grave accident de la route, provoquant alors la rencontre des femmes de sa vie à l’hôpital, avec tout l’émoi que l’on devine.
Patrice Godin n’a pas jugé son personnage, pour éviter de teinter son jeu, qui se déploie sur huit épisodes. Il parle d’un homme qui «n’est pas capable de remplir le cratère qu’il a en lui, malgré toute la vie et toutes les femmes qui l’entourent».
«Ce n’est pas quelqu’un qui est méchant, malicieux, qui fait ça pour faire mal, pour faire souffrir. Au contraire. Marc-Alexandre est égoïste, car c’est son bien-être avant tout, mais, à un moment donné, il va être confronté à ça et il va devoir se regarder en face. Mon travail n’était pas de le rendre aimable, mais de le rendre vrai, de le rendre sincère dans ce qu’il est», a raconté le comédien, en entrevue avec l’Agence QMI.
Pour se préparer à devenir Marc-Alexandre, il a entre autres rencontré des polyamoureux.
«Souvent, dans le polyamour officiel, tout se sait, les autres partenaires le savent, il n’y a donc pas de cachette. Avoir une maîtresse et ne pas le dire, ce n’est pas du polyamour.» Justement, son personnage est amoureux de deux femmes, mais celles-ci ne sont pas au fait de la situation.
Patrice Godin, qui se met à l’écriture d’un nouveau roman ce mois-ci, ne voudrait pas être à la place de Marc-Alexandre. «C’est beaucoup de stress, c’est une gestion de tout contrôler ça, de tout cacher, ça doit être lourd à porter. Quand tu es jeune, ça peut t’arriver de faire des affaires de même, maintenant non, on fait des choix.»
De belles retrouvailles
Patrice Godin parle de «belles retrouvailles» avec le réalisateur Yves Christian Fournier, qui l’avait dirigé dans Blue Moon, un tournage «très intense et très dur». «Yves Christian est très minutieux, il sait où il s’en va. Je me suis vraiment laissé guider par lui. Quand il me disait: “Pat, fais-en moins, va là”, je l’écoutais à fond et je suis vraiment content du résultat.»
District 31: la page est tournée
Yanick Dubeau a fini de sévir dans District 31, même si, à la fin de la saison 5, au printemps 2021, il avait effectué une brève apparition en passant devant un Bruno Gagné (Michel Charette) stupéfait. On a appris en septembre, au début de la sixième mouture, que le personnage de policier psychopathe défendu par Patrice Godin est mort après avoir subi une grave fracture du crâne.
«J’en suis revenu, mais le clin d’œil à la fin de la cinquième saison, même moi, j’ai été surpris de ça. J’étais en tournage de L’homme qui aimait trop quand District a recommencé. Je pense que Luc [Dionne] a choisi de ne pas se casser la tête et de régler ça, de passer à autre chose. C’est correct, c’est lui l’auteur. C’est sûr que j’ai été déçu, comme beaucoup de gens m’ont dit avoir été déçus, mais, moi, c’est sûr qu’à la fin de l’an 3, et même dans l’an 4, où je n’étais pas beaucoup là, pour moi, c’était fini. Même que je ne comprenais pas pourquoi il n’avait pas réglé ça», a dit Patrice Godin.
La troisième saison, qui a marqué son arrivée dans District 31 à titre de sergent-enquêteur – avant qu’on apprenne qu’il enfermait des femmes dans son sous-sol –, «est l’un des beaux souvenirs de tournage dans ma vie», a-t-il mentionné.
«Je trouve ça “plate” de ne pas avoir pu continuer, mais, en même temps il n’y avait pas grand-chose à faire, dans ce cadre-là: ce n’est pas une série qui se passe en prison avec un psychopathe. Ça fait plusieurs projets que je fais avec Fabienne [Larouche], alors, si elle m’appelle pour une autre chose, ça va me faire plaisir.»
Patrice Godin a aussi bouclé le tournage, au début décembre, d’Une autre histoire, aux côtés de Marina Orsini, dont il incarnait l’amoureux Émilien.
«Pour l’instant, je n’ai pas de tournage de prévu. J’ai tourné cet automne, en Gaspésie, les nouveaux épisodes de Rencontres au sommet, qui seront diffusés dès le 6 avril sur Évasion. Puis, pour le reste, outre l’écriture d’un nouveau roman et un projet de documentaire, on verra ce que me réserve 2022.»