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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

«Pas facile de partir dans la vie»: quand l'inflation tue l'envie d'avoir des enfants

Les jeunes familles sont particulièrement touchées par l’inflation et la crise du logement qui sévissent au Québec.

Illustration Adobe Stock
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Hélène Schaff

2023-08-06T04:00:00Z
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Durant quelques jours, Le Journal vous présentera des portraits de jeunes qui s’apprêtent à se lancer dans la vie. Inflation, crise du logement, endettement: de nombreux jeunes québécois s’inquiètent pour leur avenir.


Entre l’inflation alimentaire et le coût du logement, plusieurs jeunes familles québécoises ont bien du mal à boucler les fins de mois et certaines pourraient même repousser ou renoncer à mettre au monde un enfant. 

• À lire aussi: Un CELI bien garni à 22 ans grâce aux enseignements de ses parents

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«En tant que famille, on veut juste donner les meilleures choses, mais les fruits et légumes, c’est rendu plus achetable», s’exclame Fred-Oliver Gagné-Tremblay, papa de deux petits garçons.

Fred-Oliver Gagné-Tremblay
Fred-Oliver Gagné-Tremblay Photo tirée de Facebook

Malgré un loyer à 400$ et de nombreux achats de seconde main, le jeune facteur de Québec et son conjoint ont de plus en plus de mal à payer les factures.

Le jeune homme s’estime pourtant chanceux. Il bénéficie d’un loyer très modéré pour un quatre et demi dans l'immeuble de ses beaux-parents. 

Il aimerait bien sûr acheter une maison... Mais ce sera pour plus tard, «quand l’immobilier sera moins fou».

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Malgré les allocations familiales, les coûts liés aux enfants sont élevés – environ 13 000$ par année d’après la dernière étude canadienne Moneysense datant de 2015. 

En conséquence, les jeunes familles sont particulièrement touchées par l’inflation et la crise du logement qui sévissent au Québec.

Quatre familles avec jeunes enfants sur 10 craignent de ne pas pouvoir boucler les fins de mois et payer les factures, d’après un sondage mené à l’été 2022 par l’Observatoire des Tout-petits. 

La donnée grimpe à 6 sur 10 pour les familles locataires. C’est encore pire pour les mères monoparentales et les immigrants.

  • Écoutez le segment économique de Sylvain Larocque diffusé chaque jour en direct 7h50 via QUB radio :

Moins d’enfants en raison des coûts?

Le quart des 15-25 ans déclarent ne pas vouloir d’enfant, d’après le sondage Jeunesse 2023 de l’Institut Léger. Parmi eux, près de la moitié citent des raisons économiques à ce choix.

Alors est-ce le signe que les jeunes Québécois auront encore moins d’enfants à l’avenir en raison du coût de la vie?

Difficile à prévoir, répondent les experts consultés par Le Journal

Les autres générations ont aussi vécu des crises. Et la volonté d’avoir des enfants ou pas reste plutôt stable. 

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Pour autant, les nouvelles contraintes pourraient amener des ajustements familiaux.

«Au Québec, il y a comme un idéal pour avoir des enfants, souligne Laurence Chartron, professeure à l’INRS. Il faut avoir une certaine stabilité: conjoint, travail. Et souvent, on va s’acheter une maison, c’est un peu l’imaginaire idéal.»

Alors quand la maison ou le loyer sont plus coûteux, que la vie coûte plus cher, la chercheuse reconnaît que cela peut créer une certaine angoisse. 

Et cela pourrait inciter certaines femmes à avoir moins d’enfants qu’elles ne l’auraient voulu.

La fin d’un idéal familial

Autre conséquence possible: un énième recul de l’âge du premier enfant, soulève Dominique Morin, professeur à l’Université Laval. 

Mais c’est surtout la fin d’un modèle, explique le sociologue: celui du lendemain de la Révolution tranquille, de la famille autonome vivant dans une maison unifamiliale.

Les jeunes générations devront revoir leurs aspirations et se réinventer. Ils auront davantage besoin de l’aide parentale pour s’établir dans la vie. 

Quant aux plus âgés, ils devront compter sur les jeunes pour les aider à vieillir à la maison.

Plus de solidarité et de cohabitation intergénérationnelles pourraient bien être les maîtres mots des prochaines années, conclut M. Morin.

En chiffres 

1,58

  • C’est le taux de fécondité par femme en 2021 au Québec. (ISQ) Ce taux était de 1,65 en 1991.

29,5 ans

  • Âge moyen des femmes à la naissance d'un premier enfant en 2021. C’était 27,1 ans en 2001. (ISQ
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