P-A Méthot: «Être père est le plus gros rôle de ma vie»
Un nouveau spectacle et une comédie musicale
Daniel Daignault
P-A Méthot est de retour en piste! Après plus de deux ans sans être allé à la rencontre de son public, ce qui n’est pas rien, il a commencé à présenter un nouveau spectacle, son troisième en carrière, intitulé Pardon?!, et il avoue avec enthousiasme qu’il est bien heureux de se retrouver sur scène. «Je réalise à quel point ça m’a manqué», dit-il. Et c’est sans compter qu’il jouera pour la première fois de sa vie dans une comédie musicale l’été prochain.
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Ce retour s’est fait, pour l’humoriste, à la suite de quelques bouleversements dans sa carrière, notamment lorsqu’il a annoncé qu’il allait quitter son poste d’animateur au FM93, en juin dernier.
«Je te dirais que ç'a été une année de grosses déceptions pour tout ce qui touche les projets télé. Il y a eu Cœur de trucker qui s’est fini, la brasserie (l’émission Brasserie chez P-A) qui a été renouvelée, mais qui ne s’est pas faite. Je faisais de la radio, et je me suis dit qu’il fallait que je fasse du ménage et que je reparte en show. Et là, tout est tombé en même temps, puis Peter Pan est arrivé.»
Peter Pan, c’est bien sûr la comédie musicale du même nom, pour laquelle P-A s’est vu offrir de défendre le rôle du capitaine Crochet l’été prochain, à compter du 6 août, lors des représentations qui auront lieu à Québec. Ce personnage, on le sait, sera joué par Benoît Brière dans la production présentée à Montréal à compter du 12 décembre. On y reviendra.
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«Je me refais les dents, et je dirais que je suis à l’entraînement, dit-il en parlant de ce nouveau spectacle qu’il présente. Veux, veux pas, deux ans et demi d’arrêt pour un gars comme moi qui faisait tout le temps au-dessus de 100 shows par année depuis plus de 25 ans, arrêter complètement a fait que je me suis aperçu rapidement que j’avais perdu un peu des skills et que j’étais un peu plus angoissé. Ce n’était pas le trac, c’était vraiment plus comme de l’angoisse quand j’ai recommencé à faire ce nouveau spectacle, poursuit P-A. Mais quand le feu a pris, quand tout est tombé en place, ç'a été quelque chose! J’ai vraiment réalisé que c’est ça que j’aimais faire dans la vie. Je suis allé faire un show en Abitibi, pour une Fondation, et quand je suis revenu, j’ai dit à ma blonde que ça faisait longtemps que je n’avais pas tripé comme ça. Je pense que le feu que je sentais moins quand j’ai décidé d’arrêter est revenu en tempête!»

Un nouveau spectacle, mais le plaisir sera-t-il présent?
Dans sa grande franchise, P-A avoue qu’il avait des craintes quant au fait de remonter sur scène et que le plaisir ne soit pas présent. «Mets-en! La vérité, c’est que quand j’ai commencé à faire de la radio, je n’avais pas de plan. J’aime y aller au feeling, parce que si j’ai des plans et que je suis déçu, je suis malheureux. Moi, il faut que je fasse des affaires que j’aime. J’aimais vraiment beaucoup faire de la radio, mais mon ADN, c’est vraiment la scène. Je me demandais quand même si j’allais être capable de puncher, d’être aussi bon, si le public allait être là, mais comme je n’avais jamais prévu de revenir avec un autre spectacle, ç'a bien été, comme quand on dit que, si on a arrêté de faire du bicycle ou du patin, ça ne se perd pas quand on recommence. C’est ce qui est arrivé dans mon cas, et c’était la première fois que j’avais ce feeling-là. C’est correct l’angoisse et la dépression, ça fait des bons artistes», lance-t-il en riant.
Difficile de trouver un artiste à part entière aussi franc, aussi sincère dans ses propos. P-A se livre sans détour, et ça donne bien sûr de bonnes confidences. «Tu sais, ce qui me manquait le plus, finalement, c’était le contact direct avec le public. Faire de la radio, c’est une forme de prestation. Je faisais de l’animation, mais des spectacles, c’est ce que j’ai fait toute ma vie, Je ne pensais pas que j’avais perdu la touche, mais j’étais craintif de la perdre. J’ai trouvé ça bizarre de penser que je m’inquiétais de ne plus être bon. Et ça, ça voulait dire que j’y tiens en tabarouette. Au fond de moi, je savais que j’allais revenir; je me suis menti à moi-même! Je reviens dans mes pantoufles et je suis juste heureux de ça.»
En définitive, P-A a fait de la radio durant deux ans et demi, n’a pas présenté un seul spectacle durant cette période (sauf des participations à des festivals et à des événements corporatifs), et a donc passé beaucoup de temps à la maison. «Je suis un gars résilient, et j’ai aimé ça; je n’ai pas eu besoin de me résilier. J’avais pris une décision, je l’ai assumée, et on avait vraiment du fun, Pascale Picard, Paul-Raphael Charron, Major Tom et moi, et les cotes d’écoute étaient bonnes, tout allait bien. Et puis, j’étais à la maison tous les soirs, avec ma blonde, ma fille et mon chien. On avait nos fins de semaine ensemble, nos congés l’été, c’était super, c’était parfait. Quand je suis heureux, ça a des résultats sur ma vie de tous les jours et sur ma vie publique», ajoute-t-il.
J’ai demandé à P-A comment sa blonde avait réagi quand il lui a annoncé qu’il voulait faire un nouveau spectacle. «Elle a fait: "Party!", dit-il en riant. Et elle m’a dit qu’elle se demandait combien de temps ça allait prendre pour que je recommence. Elle était surprise que je passe autant de temps sans faire de spectacles. On est ensemble depuis 19 ans, ça fait qu’on se connaît très bien. Elle savait que ce n’était qu’une question de temps. On m’a simplifié la patente à Cogeco pour mon départ, ils ont été vraiment sharp avec moi.»
Beaucoup plus de temps auprès de sa fille adolescente
Du coup, P-A a passé beaucoup plus de temps avec sa fille, son adolescente de qui il parle avec beaucoup d’amour et de fierté. «J’ai une fille simple, Dan, dit-il. Elle est beaucoup plus raisonnable que son père, vraiment. Elle aime l’école, elle passe sa ceinture noire au karaté, elle fait encore du hip-hop au Studio Party Time et elle a de bons amis. On est pas mal fiers d’elle, mais on se dit aussi, de façon réaliste, que ce n'est pas nous, ma blonde et moi, qui avons fait tout ça. C’est la vie qui a fait qu’elle est comme ça, qu’elle a ce caractère-là. Ma blonde et moi, on n’a pas le karma du parent traditionnel. On tripe, on a du fun, et elle est comme ça elle aussi. Elle aime le plaisir, elle aime le monde, et on est bien contents.»
P-A ne cache pas que d’avoir passé autant de temps à la maison ces dernières années, à ne pas être sur la route pour se produire sur scène, a contribué à le rapprocher de sa fille. «Oui, c’est vrai, mais je ne peux pas reprendre les moments où j’aurais pu apprendre d’elle. J’ai commencé à apprendre plus d’elle durant cette période, et elle avait déjà tout son bagage, parce qu'avant, j’étais un petit peu moins là. J'ai vu qu'elle faisait des affaires que je ne savais pas qu'elle faisait, des trucs comme ça, mais ç'a été génial et un bel apprentissage pour moi. Sa mère était au courant de tout, et moi, j’ai appris plein de choses d’un coup, c’était le fun. Ma fille n’était pas habituée non plus à me voir tous les matins avant de partir à l’école, et ça a mélangé un peu son quotidien. Surtout, on avait une super relation, une belle communication elle et moi, et maintenant, elle me pose plus de questions, elle hésite moins. Souvent, elle vient me voir pour me parler de toutes sortes de choses. Elle a de l’aplomb, elle se tient drette, elle est fière. C’est bien, bien le fun. Si ça n’avait pas bien été à la maison, quand j’étais parti 50 soirs par année, je n’aurais pas été capable de toffer ça», ajoute P-A.
Lorsque je lui demande s’il juge qu’il est devenu un meilleur père pour sa fille Zoé, âgée de 14 ans, en étant plus présent à la maison, il répond: «Je pense que je suis le père que je suis; je ne suis pas devenu un meilleur père. Il faut que je deale avec plein de choses, et être père, c’est mon plus gros rôle dans la vie. En réalité, ce n’est pas un rôle, c’est moi, avec mes émotions, mes décisions, et des fois, il faut que tu mettes ton pied à terre, que tu fasses un peu de discipline. Tu veux qu’elle grandisse bien, mais en même temps, tu ne veux pas l’obliger à avoir les mêmes passions que toi; elle doit développer les siennes. Quand j’ai commencé à être plus présent, elle avait déjà commencé tout ce processus-là et, sans être devenu un meilleur père, je dirais qu’il était temps que je fasse une mise à jour. Elle était due, je l’ai faite comme il faut, et on est deux larrons en foire, on a du fun.»
Au sujet de la passion de sa fille pour la danse, l’humoriste confie avec fierté: «Ça fait 10 ans qu’elle danse, elle avait dansé à mon En direct de l’univers, rappelle-t-il. C’est quand même un très bon niveau, elle tripe et elle adore ça, on écoute toutes les émissions de danse. Elle aime faire des choses avec du monde, et elle a aussi un côté plus individuel, et ça, ça me ressemble. Les humoristes, c’est ça: tu es tout seul, mais tu es aussi avec les autres», confie-t-il. Songe-t-elle à faire carrière dans ce domaine? «Je ne sais pas, elle se passionne aussi pour la science, elle aime beaucoup les mathématiques, c’est nouveau. Elle a plein de projets, je trouve ça le fun. Je ne sais pas ce qu’elle va faire, elle ne le sait pas encore vraiment elle-même, mais il y a une chose que je sais: elle aime beaucoup aider les gens, elle a du sang-froid», ajoute-t-et il.
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Un cadeau inespéré
Comme un plaisir ne vient jamais seul, voilà qu’en plus de retrouver la scène, on lui a proposé de jouer le rôle du capitaine Crochet dans la comédie musicale Peter Pan, l’été prochain. Ce fut une très belle surprise pour lui.
«Je suis tellement content! Ce projet-là, je ne l’ai pas vu venir, mais ça faisait longtemps que je disais à la boîte de production Entourage que j’aimais les comédies musicales. Je suis allé en voir à Montréal, à New York, à Toronto, j’ai vu le Fantôme de l’Opéra trois fois, j’ai tout vu et j’ai toujours tripé là-dessus depuis que je suis tout petit. J’écoutais Oliver Twist avec maman, j’ai vu Annie, Un violon sur le toit, j’ai été élevé avec les comédies musicales. Je suis avec la gang d'Entourage depuis 2011, et ils savent depuis ce temps-là que j’aime ça et que ça m’intéresserait de jouer dans une production. Quand ils ont annoncé les dates de Peter Pan pour Montréal, puis pour Québec l’été prochain, Benoît (Brière) savait qu’il ne pourrait pas jouer à Québec parce qu’il ne sera pas disponible à ce moment-là. Ils ont commencé à penser à faire passer des auditions, puis il y a quelqu’un chez Entourage qui a lancé à un moment: «P-A?» Ils savaient que je chante, que je danse depuis des années, et tout ça a fait que ça pouvait être possible. «Je n’ai pas eu d’audition à faire, le rôle m’est tombé dans les mains et, à 52 ans, l’été prochain, je vais réaliser mon rêve de faire une comédie musicale.»
Quand on dit que les choses tombent parfois parfaitement en place... P-A avait beau cultiver cet amour pour les comédies musicales depuis toujours, il n’avait jamais imaginé qu’il enfilerait le costume du capitaine Crochet.
«C’est quand même incroyable, parce que je n’ai pas fait de démarches pour ça, je n’ai appelé personne. Quand mon gérant m’a téléphoné pour m'en parler, je n’en revenais pas. Il m’a demandé si j’étais prêt à faire les répétitions, à apprendre les chorégraphies, les chansons, et je lui ai dit: «Écoute, tu me donnes un cadeau comme ça, je ne gaspillerai pas ma shot, ne t’inquiète pas! Pour moi, c’est un gros sac à bonbons de pouvoir faire ça. J’ai déjà eu l’occasion d’aller assister aux répétitions, pour observer, voir comment Benoît se déplace, ce qu’il fait, pour apprendre un petit peu à l’avance. C’est vraiment cool, je fitte dans le costume et, honnêtement, je me trouve beau!», termine-t-il en riant.