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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

«On est tombé de notre chaise» -la grand-mère de la fillette de Granby

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TVA Nouvelles

2021-12-16T17:39:44Z
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Après l’oncle, la grand-mère paternelle de la fillette de Granby s’indigne du plaidoyer de culpabilité du père pour séquestration. L’arrêt conditionnel des procédures sur l'accusation de négligence criminelle causant la mort perturbe cette famille déjà endeuillée et éprouvée.

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«On est tombé en bas de notre chaise!», a-t-elle raconté à Dumont, jeudi matin, à LCN.

La grand-mère, qui n’a pu assister au procès de son fils, avait eu vent que des requêtes étaient entreprises lundi, mais elle était loin de se douter qu'il s’en tirerait ainsi. 

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«Dans toute sa vie, il n’a jamais avoué une faute, banale soit-elle. Pris sur le fait, il a toujours dit que ce n’était pas lui. C’est la première fois qu’il avoue une culpabilité.»

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Déçue, la dame aurait aimé que le procès de son fils soit mené sur tous les chefs d’accusation et qu’il «fasse face à la justice». 

«Quand on a eu (le verdict) de culpabilité de la belle-mère, on était aux anges. C’était un cadeau de Noël. Là on vient d’avoir pas qu’un pot, mais une chaudière d’eau froide.»

Pour cette mère de quatre enfants, il n’était pas question de défendre l’homme sous prétexte qu’il est son fils. Elle ne s’en cache pas. C’est la justice qui doit prévaloir.

«J’ai toujours été pour la justice. Va dans le droit chemin et tu seras récompensé, a-t-elle expliqué. La petite ne reviendra jamais en vie, écope de ta peine et après on tournera la page. Mais là, je ne suis même pas capable de tourner la page. Elle est bloquée là.»

Une seule crise : pour une couche

La grand-mère avait la garde de la fillette lorsque celle-ci n’avait que 3 ans. Elle connaissait bien l’enfant et son tempérament. Lorsqu’elle l’avait sous sa tutelle, elle n’était pas maigre comme dans les derniers jours de sa vie. 

«J’avais une autre petite-fille du même âge et elle était grassette à côté, lorsqu’on regarde les photos», assure-t-elle.

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Quant au comportement, l’enfant ne possédait aucun comportement problématique et n’était pas propice aux crises, d’après les dires de la grand-mère.

«Jamais! Elle m’a fait une seule crise dans toute sa vie, c’était en revenant d’une visite chez son père. Ça faisait un an qu’elle était propre, elle avait une couche. J’ai dit ‘voyons, qu’est-ce que tu fais avec une couche? T’es propre, c’est quoi l’histoire?’. 

«Elle m’a fait une crise et elle a dit ‘papa m’interdit de mettre des bobettes, il faut que je mette des couches’. Elle m’a fait une grosse crise épouvantable.

«C’est la seule crise qu’elle m’a faite en 44 mois. Une histoire de couche.»

Joël Lemay / Agence QMI
Joël Lemay / Agence QMI

Hôpital : méconnaissable

Lorsque la grand-mère a aperçu le petit corps amaigri et inanimé à l’hôpital, elle était méconnaissable. La grand-mère était sous le choc.

«Je savais qu’elle maigrissait. Sa mère me fournissait des photos à l’occasion. À un moment donné, c’est lui qui lui coupait les cheveux comme ‘Aurore, l’enfant martyre’. On mettait les deux photos ensemble et ça se ressemblait en mot à dit.» 

Elle était maigre. Elle avait des marques sur le corps. C’était grave. J’avais fait des plaintes, la mère et moi. On n’a pas arrêté de faire des plaintes à la DPJ et (à la police).»

La grand-mère dit qu’elle aurait pris la fillette à charge étant donné la sévérité apparente de ses conditions de vie.

«En mai 2018, j’avais écrit une lettre à tous les avocats, à la DPJ, aux juges pour dire que j’étais prête à la reprendre plutôt que de la laisser là. Juge Bernardino a dit ‘ce n’est pas la meilleure solution’, mais c’est la seule que je vois. Excuse-moi, là, mais je t’en avais donné une solution.»

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Pour la grand-mère de la fillette, il ne faisait aucun doute qu’elle endurait des sévices et qu’elle était maltraitée.

«La belle mère avait été arrêtée pour voies de fait graves sur la petite. Elle subissait son procès en mai 2018 et j’ai dit ‘ramenez-moi la!’. Mais non. Ils ont décidé que non.»

Maltraitance

De plus, pendant qu’elle sonnait l’alarme, la DPJ rapportait des progrès notables dans l’évolution de son fils en ce qui a trait à son rôle de père et que son cheminement devenait exemplaire.

«À la DPJ, ils ne m’écoutaient pas. Ils me disaient ‘c’est un bon papa’. La juge, comme les avocats et la travailleuse de la DPJ.» 

«Je leur ai dit, ‘si j’avais le moindre doute qu’elle était en sécurité, je voudrais qu’il reprenne sa fille. Je ne peux pas être heureuse pour lui’.

Pour la grand-mère, les gestes que le père a posés et la négligence de l’homme ont été balayés sous la moquette.

CAPTURE D'ÉCRAN / TVA NOUVELLES / AGENCE QMI
CAPTURE D'ÉCRAN / TVA NOUVELLES / AGENCE QMI

«Elle, pendant quatre ans, elle a vécu l’horreur, déplore-t-elle. Elle n’avait pas le droit de parler. Même avec des visites à sa mère, elle disait qu’elle n’avait pas le droit de parler.»

Selon la grand-mère, quand la fillette rencontrait sa mère, des rapports étaient faits chaque visite. Je les ai tous vus, la mère me les apportait. Je l’aidais dans les démarches. Je peux vous dire une chose, c’était très incriminant. On voyait à quel point elle était maltraitée.

«Je ne pensais qu’elle serait maigre comme ça. Il n’y avait plus de chair. C’était comme un squelette avec des os.

«On a sonné toutes les alarmes»

Ce récit reflète une certaine hantise chez la grand-mère. Non pas parce qu’elle n’a pas tenté d’aider sa petite-fille, mais bien parce que ses efforts ont été en vain.

«J’ai tout fait. Tout ce que j’ai pu. On a même contacté la GRC et la gouverneure générale et ils nous ont répondu à un moment donné ‘arrêtez de nous achaler avec des niaiseries pareilles’. C’est la dernière réponse qu’on a eue. On a sonné toutes les alarmes. 

«J’ai tout donné en mon pouvoir, je ne pouvais faire plus.» 

Autre point qui révolte la famille, c’est que pendant que les enfants de l’âge de la fillette allaient à l’école, l’enfant était séquestrée dans sa chambre.

Le père interdisait même l’accès aux bulletins scolaires. Ce n’est que plus tard, trop tard, que les proches ont «su qu’elle était vraiment excellente à l’école, malgré tous les retards qu’elle a eus».

«C’est ce qui nous fâche le plus avec tous les intervenants de la DPJ et même l’école, la petite a arrêté d’y aller le 19 mars. Ce n’est pas normal qu’un enfant de 7 ans n’aille plus à l’école à partir de (cette date).»

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