Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

La fillette de Granby vivait dans un régime de terreur

Elle avait avoué aux policiers qu’elle ne pouvait parler de ce qui se passait à la maison

Partager
Photo portrait de Antoine Lacroix

Antoine Lacroix

2021-12-16T05:00:00Z
Partager

Un véritable régime de terreur et la loi du silence régnaient dans la maison où la fillette de Granby a trouvé la mort dans des conditions horribles, suggèrent diverses informations dévoilées lors du processus judiciaire.

• À lire aussi: Le père plaide coupable: l'oncle de la fillette de Granby en colère

• À lire aussi: Fillette de Granby: il avait enroulé sa propre fille de ruban adhésif

« Ce qui se passe à la maison reste à la maison », a répété à plusieurs reprises la petite enfant à un policier de Granby, cinq mois avant sa mort, survenue en avril 2019.

Chétive mais articulée pour son âge, l’enfant refusait de dévoiler aux autorités ce qui se passait au domicile familial.

La vidéo de l’entrevue a été présentée à la cour lors de l’enquête sur remise en liberté du père de l’enfant, en juin 2019.

Il est possible de publier ces informations maintenant comme ce dernier ne subira pas son procès, car il a plaidé coupable à des accusations de séquestration, ce lundi.

Dans sa décision de juin 2019 où il empêchait le père de recouvrer sa liberté, le juge Serge Champoux a été sans équivoque pour décrire la preuve qui lui a été présentée.

Publicité
  • Écoutez la chronique judiciaire de l’ex-juge Nicole Gibeault sur QUB radio

« Au péril de leur vie »

« Il semble [que les enfants] aient clairement et sans ambiguïté compris qu’il soit dans leur meilleur intérêt de limiter, voire de taire, au péril de leur vie, ce qui se déroulait dans cette maison », a écrit le magistrat. 

C’est qu’il a aussi pris connaissance du témoignage du petit frère de la fillette, où il révélait à un policier « qu’il lui est déjà arrivé d’être “scotché” ou encore attaché dans son lit avec une ceinture tout comme il lui arrive de subir des douches froides quand il n’écoute pas les consignes ». 

Ces informations n’avaient d’ailleurs jamais été révélées au jury dans le cadre du procès de la belle-mère, alors que cette portion avait été caviardée.

Le juge Mario Gervais, cette fois-ci en Chambre de la jeunesse, avait affirmé au sujet du petit garçon dans une décision, qu’ « à 5 ans, il est déjà un écorché de la vie ».    

  • Écoutez Benoît Dutrizac et Mario Dumont sur QUB radio:    

Publicité

Privée de nourriture

Autre fait à noter, la fillette « avait verbalisé subir de la violence et des mauvais traitements à la maison, tant de la part de son père, l’accusé, que de [la belle-mère] », a indiqué le juge Champoux dans son jugement.

« Des ecchymoses ont été notées à différents endroits sur sa personne », a-t-il noté.

« En février 2018, [la victime] verbalise qu’elle ne voulait pas rentrer à la maison, vu les punitions qu’elle y reçoit telles que des châtiments corporels, séquestration dans sa chambre, privation de nourriture, obligation de porter des couches », ajoute le magistrat. 

  • Écoutez l'entrevue du sénateur Pierre-Hugues Boisvenu avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio:  

En novembre 2018, la fillette aurait dit « qu’elle ne doit rien dire à la DPJ, que les intervenants sont des menteurs et qu’ils veulent la retirer de sa famille ». 

« C’est 5 mois avant qu’elle meure », rappelle le juge, décrivant « une constellation d’éléments extrêmement préoccupants ».  

« [Le petit frère] explique que lui et [la fillette de Granby] dorment par terre. En effet, les photos de sa chambre montrent que celle-ci est aménagée, ou plutôt “désaménagée” comme celle de sa sœur, c’est-à-dire qu’il n’a pas de lit pour dormir, a un pot de chambre pour ses besoins et n’a aucune couverture non plus. »

– Le juge Serge Champoux, dans une décision de juin 2019

À voir aussi      

Publicité
Publicité