Négos du secteur public suspendues: «Objectivement, ces gens-là sont épuisés»
TVA Nouvelles
La suspension des négociations du secteur public pour Noël durant une période de 48 heures n’est pas une surprise pour l’analyste politique Emmanuelle Latraverse.
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En entrevue au TVA Nouvelles, celle qui anime les émissions La Joute et Le Bilan estime que les négociateurs, tant du côté du gouvernement que des syndicats, avaient besoin d’une pause.
«Objectivement, ces gens-là sont épuisés, dit-elle. Ça fait 59 jours que ça dure. Ils n’ont pas dormi depuis des jours, la pression est à son comble et on est dans le dernier droit. À un moment donné, éterniser ça pour rien, ça devient futile. C’est probablement plus productif d’aller se reposer 48 heures et de finir de le dernier droit.»
Au retour de cette pause, Mme Latraverse ne s’attend pas à des progrès à la table centrale tant que
«C’est sûr que le nœud de l’affaire c’est la table centrale. Ce sont les salaires, les bénéfices sociaux, etc. Mais le gouvernement a toujours dit qu’il ne règlerait pas cet enjeu-là tant qu’il n’avait pas réglé ce qu’on appelle le sectoriel, sa fameuse flexibilité.»
«La promesse d’une entente financière c’est le seul levier que le gouvernement a, continue-t-elle. Mais en coulisses, plusieurs s’attendent à ce qu’on réussisse à franchir ce dernier cap, sous toute réserve, dans les prochains jours.»
La FAE sous pression
Alors que 90% des syndiqués représentés par le Front commun sont parvenus à une hypothèse d’entente sectorielle, la pression est à son comble à la table sectorielle de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui est en grève générale illimitée, qui n’a pas été en mesure d’en faire autant.
«Plus les jours passent, plus les membres de la FAE remettent ouvertement en question la stratégie de leur syndicat, avance Emmanuelle Latraverse. Ils ont l’impression d’avoir été un peu utilisés comme chair à canon.»
«C’est d’autant plus cruel en ce moment avec ce grand déblocage pour les membres de la FAE de leur présidente [...] il n’y a pas d’immenses gains à aller chercher, continue-t-elle. Donc on éternise les négociations pourquoi? C’est la question que vont se poser tous ces professeurs en grève. Moi, peu importe l’issu de cette négo-là, je pense qu’il va falloir s’attendre à voir le leadership de Mélanie Hubert remis en question.»
Les membres devront se prononcer
Lorsqu’une entente de principe sera conclue tant au niveau sectoriel qu’à la table centrale, il faudra ensuite que les membres des syndicats approuvent ces propositions de règlement.
«[Les syndicats] ont tellement motivé leurs membres, ils les ont tellement crinqués, que là finalement il y a toujours des compromis dans les négociations, explique l’analyste politique. Donc là il va falloir essayer de les convaincre qu’on n’a pas négocié à rabais, même si on n’est pas allé au bout des menaces et des moyens de pression.»
«Moi je pense que le gouvernement en est très conscient et c’est la raison pour laquelle le gouvernement, lui qui a tout commenté sur la place publique depuis des semaines, est tellement discipliné en ce moment, renchérit-elle. Personne ne se pète les bretelles, personne ne veut donner l’impression que les compromis syndicaux ont été trop gros, parce que là le cauchemar recommencerait.»
Les syndiqués se prononceront au retour des Fêtes, en janvier.
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