Menacée d'éviction: «Je me bats depuis deux ans et demi pour ne pas me retrouver à la rue»
Le Tribunal administratif du logement a rejeté la première demande d'éviction de son propriétaire


Clara Loiseau
Une locataire enracinée dans son quartier depuis 10 ans craint de se retrouver à la rue alors qu’iel se bat pour la deuxième fois contre son propriétaire qui tente de l’évincer.
«Ça joue sur ma santé physique et mentale. Je me bats depuis deux ans et demi pour ne pas me retrouver à la rue! Ce n’est pas pour rien que je suis encore ici, je ne peux aller nulle part ailleurs vu le prix des logements», laisse tomber Rosie Roy, une personne qui se considère comme non-binaire qui vit depuis 10 ans dans son 4 1/2 qui lui coûte 660 $ par mois.
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Autour de chez iel, aucun appartement similaire n’est disponible en dessous de 1400 $ par mois, soit plus du double de ce qu’iel paie actuellement.
En décembre 2022, Rosie Roy a ouvert un dossier contre son propriétaire au Tribunal administratif du logement (TAL). C’est que celui-ci souhaite fusionner les deux appartements de l’immeuble pour en faire une maison unifamiliale. Le permis a été accordé par la Ville de Montréal et les travaux ont débuté.
«Je me doutais et je me préparais à ce qu’il essaie de m’évincer une nouvelle fois», confie Rosie Roy.
Demandes d’évictions
C’est que cette locataire en est à sa seconde demande d’éviction par son propriétaire qui a acheté son immeuble en décembre 2020.
Quelques jours seulement après son achat, son nouveau locateur lui indique qu’il souhaite qu’iel quitte son logement.
Plus tard, il notifie l'artiste qu’il souhaite faire des rénovations majeures, lui expliquant en plus qu’il ne renouvellera pas son bail, ce qui n’est pas autorisé par la loi. Au Québec, si un propriétaire veut entreprendre de grands travaux, il se doit de rendre le logement à la fin des travaux à son locataire, au même prix et aux mêmes conditions que le bail initial.
Rosie Roy a finalement reçu par la suite un avis d’augmentation de loyer, un nouveau bail et finalement, officiellement, un avis de reprise de logement.
Combat au TAL
Iel a donc décidé de le contester au TAL qui a rejeté la demande du locateur.
«Les locateurs n’ont pas convaincu la [juge] qu’ils reprenaient le logement pour réellement l’habiter et qu’ils avaient un besoin urgent de se loger. Ils n’ont pas n’ont plus démontré la faisabilité du projet», peut-on lire dans la décision.
Lors de l’audience, le propriétaire de Rosie Roy a expliqué vouloir reprendre son logement afin d’y vivre «trois-quatre jours par semaine» pour surveiller sa fille de 16 ans qui habiterait celui du dessous.
«L’appartement en bas est de la même grandeur que le mien, ils pourraient très bien y habiter à deux», ajoute la locataire.
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