Il faut 32 252$ pour vivre dignement


Julien McEvoy
Pour éviter la pauvreté quand on vit seul à Montréal en 2023, il faut gagner 32 252$ après impôts, soit 2676$ ou 9% de plus qu’en 2022.
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Il en faut un peu moins si on vit à Saguenay (27 047$) ou un peu plus si on vit à Sept-Îles (37 822$), selon la 9e édition du revenu viable de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).
«Ça coûte toujours plus cher être pauvre, et ça coûte aussi plus cher sortir de la pauvreté», déplore Eve-Lyne Couturier, chercheuse à l’IRIS et co-autrice de l’étude.
Le revenu viable permet un niveau de vie digne, décrit l’IRIS. Il permet de faire des choix et de répondre à des imprévus. Si la laveuse brise demain matin, ceux qui gagnent ce revenu n’auront pas à se demander comment ils vont faire pour la réparer.
C’est aussi un revenu qui permet certaines douceurs. «On ne parle pas de voyages luxueux, mais de prendre une semaine de vacances en camping», illustre la chercheuse.
L’IRIS calcule le revenu viable de trois types de ménages dans sept municipalités québécoises. Un couple avec deux enfants en CPE à Sept-Îles devra ainsi avoir un revenu disponible de 76 918$ pour vivre dignement, contre 73 585$ à Gatineau.
Sept-Îles est la plus chère des sept villes étudiées puisqu’il est impossible d’y vivre sans voiture. «Si le gouvernement veut nous donner plus d’espace pour atteindre un revenu viable, il pourrait soutenir le développement du transport en commun à Sept-Îles», donne Mme Couturier comme exemple.
Car il n’existe que deux façons d’aider les ménages à atteindre un revenu viable: leur donner le revenu nécessaire (salaires, transferts, subventions) ou réduire leurs coûts.
À Gatineau, par exemple, le loyer moyen d’un appartement de quatre pièces a bondi de 23% entre 2022 et 2023. «SI on réussissait à mieux contrôler les loyers, on réussirait à augmenter le revenu viable», assure la co-autrice de l’étude.
L’inflation
L’inflation est la grande responsable du bond de 9% du revenu viable en 2023, car elle a été plus forte dans l’alimentation, le logement et le transport.
Ces trois postes de dépenses représentent 60% des dépenses des ménages les moins fortunés, contre seulement 40% pour les ménages les plus fortunés.
Il faut donc dépenser plus pour les besoins de base, ce qui en laisse moins pour les petites douceurs.
Plus large que 2023
Le cœur de l’étude réside dans l’analyse des mesures de soutien au revenu, comme la fameuse PCU de 2020.
Grâce à cette aide temporaire, et aux autres aides offertes au début de la pandémie, le nombre de personnes ne pouvant pas couvrir leurs besoins de base a été réduit de moitié, écrit l’IRIS, de 8,9% de la population à 4,8%.
«On a réussi à réduire la pauvreté et à agrandir la classe moyenne sans affecter les plus riches», soutient Eve-Lyne Couturier.
Ce qui nous amène à la récente baisse d’impôts du gouvernement Legault, «qui va améliorer les revenus disponibles des personnes au sommet de l’échelle».
Selon l’IRIS, au regard de l’impact de la PCU, il y aurait eu moyen de protéger le pouvoir d’achat de ceux au bas de l’échelle au lieu de baisser les impôts des mieux nantis.
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