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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Crise du logement: les agrandissements menacent les locataires

Des organismes demandent à ce que cette pratique soit mieux encadrée, surtout dans certains arrondissements montréalais

Joël Lemay / Agence QMI
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Photo portrait de Clara Loiseau

Clara Loiseau

2023-05-05T20:00:00Z
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De plus en plus de propriétaires se tournent vers l’argument de vouloir «agrandir le logement» pour évincer des locataires qui paient des loyers très bas.

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«Il faut baliser les agrandissements [de logement] parce que des propriétaires vont fusionner les logements, et avec la crise [actuelle] il est très facile de louer de grands appartements», réclame Gaétan Roberge, organisateur communautaire au Comité Logement Ville-Marie.

Dans son quartier, de plus en plus de locataires sont aux prises avec des demandes d’évictions de la part de leur propriétaire pour des travaux d’agrandissement, assure-t-il.

«En 2020, on avait seulement cinq cas. En 2021 j’en ai eu onze et là, l’année n’est même pas finie que je suis déjà à 13 dossiers. On voit que la tendance à la hausse se maintient», s’inquiète-t-il.

Et selon lui, ces chiffres ne sont que la pointe de l’iceberg puisqu’il y a encore beaucoup de locataires qui ne contactent pas l’organisme pour se défendre.

Plus de règlements

Pour ce dernier, il est impératif que l’arrondissement Ville-Marie se penche sur la question afin de mieux protéger les locataires menacés par ce genre de pratiques. Surtout que plusieurs arrondissements, comme le Plateau – Mont-Royal, le Sud-Ouest ou même Rosemont – La Petite-Patrie, ont déjà réglementé les agrandissements.

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«L’arrondissement [Rosemont – La Petite-Patrie] a adopté des règlements au niveau de l’émission de permis qui ont grandement resserré les possibilités pour un propriétaire d’évincer des locataires», explique Arnaud Duplessis-Lalonde, organisateur communautaire au Comité Logement Rosemont, qui affirme ne presque plus traiter de ce genre de dossier depuis la mise en place du règlement.

Mais là encore, les locateurs ont trouvé de nouveaux moyens pour mettre dehors leurs locataires.

«Ils ont trouvé d’autres tactiques. On a vu une hausse des rénovictions qui ne sont pas forcément légales et des reprises de possessions», déplore-t-il.

Des dossiers qui montent

Selon les données du TAL, en seulement cinq ans, le nombre de reprises de logement a presque triplé, passant de 898 dossiers en 2017-2018 à 2540 dossiers en 2021-2022, soit une hausse de 282%.

Le nombre d’oppositions à des évictions pour subdivision, agrandissement ou changement d’affectation est également en hausse. Pour l’année 2017-2018, 156 dossiers ont été ouverts pour des oppositions, alors qu’on en compte 415 pour l’année 2022-2023, celle-ci n’est cependant pas une année complète.

La plus forte augmentation a été entre les années 2018-2019 et 2019-2020, où l’on est passé de 187 dossiers à 432, soit une hausse de 231%.

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